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Une exposition sur le contingent militaire luxembourgeois


De gauche à droite, les armes, des portraits et la photo du dernier contingent général. (photo Julie Rasquin)

À partir de ce jeudi 24 avril, le musée Dräi Eechelen ouvre ses portes pour une exposition inédite autour du contingent fédéral luxembourgeois.

À dater d’aujourd’hui, et jusqu’au 22 mars 2026, le musée Dräi Eechelen accueille deux nouvelles expositions. La principale, consacrée au Luxemburger Bundeskontingent, retrace l’histoire du contingent fédéral luxembourgeois, la première véritable armée nationale.

Le musée, situé dans le fort Thüngen, est consacré à l’histoire du Luxembourg du XVe siècle au XXe siècle. C’est donc dans cet ancien édifice du XVIIIe siècle restauré, niché sur les hauteurs du quartier Kirchberg, que se tient cette toute nouvelle exposition. Une installation mise à l’honneur par la direction du musée Dräi Eechelen avec François Reinert, conservateur et cocommissaire de l’exposition, la conservatrice Simone Feis, et Ralph Lange, assistant scientifique. Le public peut ainsi parcourir l’histoire du contingent fédéral luxembourgeois à travers dix chapitres comportant des objets du XIXe siècle.

«Une collection unique du XIXe siècle»

C’est dans l’auditorium, composé d’un sol vitré révélant une maquette de la ville fortifiée, que débutent les visites. «Il s’agit d’une collection unique du XIXe siècle sur le Bundeskontingent, la première armée levée sur le sol luxembourgeois», informe François Reinert, tout en montrant des uniformes de l’époque. Le conservateur du musée met en avant le travail de recherche qui a été effectué en amont. «La collection a été rendue possible grâce aux équipes scientifiques qui ont fait des projets de recherche. Mais aussi avec les prêteurs extérieurs, institutionnels et privés», détaille-t-il.

Pour la direction du musée, l’exposition a pour but de lever le voile sur cette histoire plutôt méconnue du contingent fédéral, par le biais d’objets inédits. Entre autres : des tableaux représentant des officiers ou encore le Roi Grand-Duc, des armes telles que des sabres et des fusils, de nombreux uniformes d’inspiration néerlandaise appartenant aussi à des soldats belges et luxembourgeois.

Quatre objets remarquables ressortent. Le dernier drapeau du bataillon luxembourgeois, donné par Guillaume II. Un tableau représentant Willem III et son rôle dans le contingent. Un mousqueton de cavalerie, devenu l’arme la plus précieuse acquise par le musée. Et, enfin, un uniforme de la famille grand-ducale, qui a appartenu à Adolphe de Nassau.

Absence de tradition militaire

Il est question de 1 600 hommes, des jeunes de 19 ans, sous le commandement d’officiers néerlandais et allemands. La mission du contingent est alors d’épauler les garnisons prussiennes. En plus, à cette période, le Grand-Duché ne possède aucune caserne et la tradition militaire est inexistante. Il faut donc tout inventer. Trois villes du nord-est, le long de la Sûre, vont être désignées comme garnisons pour le contingent. Le pays va ainsi fournir des efforts économiques considérables, l’installation d’une armée nationale coûtant alors un tiers du budget. Fournissant des uniformes, le Luxembourg développe à ce moment précis une industrie textile conséquente au nord.

Un contingent fédéral

L’exposition plonge directement le public dans l’ère postnapoléonienne, en pleine restructuration de l’Europe. Un petit point d’histoire s’impose. Nous sommes en 1815 et le congrès de Vienne a eu lieu. Les Pays-Bas sont reconstitués comme au XVIe siècle. Dès lors, le Luxembourg devient néerlandais. Dorénavant, le pays est sous la gouvernance du Roi Grand-Duc Willem Ier, commandant en chef du royaume des Pays-Bas.

Les recrues luxembourgeoises sont ainsi intégrées dans la milice nationale néerlandaise. Confronté à une époque de bouleversements politiques et de guerres, le Grand-Duché avait pour ambition de se constituer sa propre armée. Donc à partir de 1841, un contingent fédéral luxembourgeois-limbourgeois se crée sous la tutelle du Roi Grand-Duc, pouvant être mobilisé par la Confédération allemande. Après la victoire de la Prusse en 1866, le Luxembourg devient neutre. Le contingent devient alors obsolète. Il se réduit pour être finalement absorbé par le corps des gendarmes volontaires luxembourgeois.

De notre collaborateur Quentin Théophile

«200 ans d’écart séparent ces photos»

Dans le cadre de la Biennale du mois européen de la photographie, le musée Dräi Eechelen a inauguré hier l’exposition «La Cité transparente». Pour cette 10e édition, le réalisateur, producteur et photographe luxembourgeois Yann Tonnar dévoile une série d’images composites inspirées de neuf lithographies publiées au XIXe siècle par les artistes Jean-Baptiste Fresez et Jean-Nicolas Bernard. Les originaux représentaient différents points de vue de Luxembourg.

«J’avais ces vieux facsimilés qui traînaient et les points de vue existaient encore. Donc j’ai décidé d’effectuer une superposition des lithographies avec des photos actuelles que j’ai prises. Il y a 200 ans d’écart qui séparent ces photos», raconte Yann Tonnar. Le titre de l’exposition reflète bien ce passage dans le temps. «Cela fait référence au regard qui traverse l’histoire et les époques, et aussi à la technique de transparence», confie-t-il.

«La Cité transparente» est à visiter du 24 avril au 16 novembre, bien que la direction du musée envisage de faire perdurer l’exposition.