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Une entreprise expérimente la semaine de travail de 32 heures 


Les chauffeurs de bus ne sont pas concernés par ce nouveau concept de travail, car l’entreprise sous-traite le transport à des sociétés locales. (photo Flibco.com)

Depuis juillet, la société de transport à la demande Flibco.com a mis en place pour ses salariés du Luxembourg la semaine de quatre jours de travail, sans modifier les horaires journaliers. Une première pour le pays.

La réduction du temps de travail, un débat qui agite depuis de nombreuses années le Luxembourg. C’est dans ce contexte qu’une société grand-ducale, spécialisée dans le transport de passagers vers les aéroports européens, a décidé depuis juillet d’introduire pour la première fois la semaine de quatre jours en 32 heures de travail hebdomadaires.

Concrètement, les 15 salariés de cette société travaillent un jour de moins par semaine, mais conservent les mêmes niveaux de salaire et jours de congé. Le nombre d’heures de travail (8 heures par jour) reste inchangé.

Ce projet, Flibco.com l’avait depuis un petit moment dans ses tiroirs. «Nous avons fait au cours de ces cinq dernières années beaucoup d’innovations et d’améliorations en interne pour rendre le travail le plus efficace possible. Maintenant que nous avons atteint un certain niveau, nous voulions faire quelque chose pour nos salariés», explique Tobias Stüber, PDG de la société de transport. «C’est un mode de travail moderne qui est expérimenté dans certains pays, comme au Royaume-Uni», ajoute le dirigeant.

Moins de travail et plus d’efficacité

L’objectif de ce dispositif est clair : améliorer l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Une étude publiée il y a quelques mois par l’International Work-Life Balance Research Institute faisait déjà état des effets positifs de la réduction du temps de travail.

Les experts de ce rapport observaient «des niveaux de satisfaction plus élevés chez leurs employés et de meilleures performances économiques». Des conclusions qu’a regardées de près Tobias Stüber.

«En travaillant moins, les salariés ont plus de temps libre pour eux. Ce sont eux qui choisissent le jour où ils ne travaillent pas. Ils reviennent plus efficaces et avec plus de créativité. Je ne suis pas sûr qu’un employé travaille à 100 % de son efficacité tout au long de la semaine. Finalement, c’est une relation gagnant-gagnant pour l’entreprise et pour les salariés.»

Aujourd’hui, la génération Z a d’autres objectifs. Pour les millennials et tous les autres, le travail c’était tout

Moins de travail et plus de loisirs. La crise sanitaire a considérablement changé nos habitudes de vie. Pour Tobias Stüber, le covid n’a pas eu d’incidence sur la mise en place de cette nouvelle réglementation.

«Nous avons toujours eu cet état d’esprit. Mais je pense que c’est aussi une question de génération. Aujourd’hui, la génération Z a d’autres objectifs. Pour les millennials et tous les autres, le travail c’était tout. Il définissait leur caractère, leur personnalité (…). Je ne suis pas là pour dire si c’était bien ou non. Le monde a changé et il faut savoir s’adapter.»

Un essai bientôt élargi ?

Au Luxembourg, la durée légale de travail est de 40 heures par semaine. Un chiffre nettement supérieur à ses voisins européens, comme la France (35 heures), la Belgique (38 heures) ou l’Allemagne (37,7 heures).

Dans un débat toujours houleux entre le gouvernement et les partenaires sociaux, peu de sociétés luxembourgeoises ont tenté de réduire le temps de travail. «C’est quelque chose qui repose sur de nombreux critères dépendant de l’entreprise.»

Justement, comment cette entreprise qui emploie 59 personnes au Luxembourg, en Belgique et en Italie a-t-elle fait? «C’est un accord que nous avons signé en interne. Les salariés ont reçu un avenant à leur contrat. Nous avons travaillé avec des avocats pour que tout soit correctement lié à la loi et pour avoir les connaissances juridiques nécessaires.»

En réduisant la semaine de travail, la société Flibco.com se revendique comme pionnière au Luxembourg. «C’est vrai que nous sommes vraiment les premiers à le faire. Aujourd’hui, il n’y a aucune autre entreprise qui garantisse une vraie semaine de 32 heures, avec la même flexibilité et sans augmenter les volumes horaires journaliers», assure le directeur général. Après presque un mois de mise en place, des premiers retours ? «Ils sont tous très positifs et l’efficacité est très bonne.»

En phase de test pendant un an, ce nouveau concept de travail concerne uniquement les 15 salariés du siège social, basés à Differdange et travaillant dans les domaines du marketing, du service client ou de l’administration. «Même si nous sommes une société de transport, nous sous-traitons le transport à des entreprises locales, donc nous n’avons pas de chauffeurs sous contrat chez nous», précise le dirigeant.

Si l’essai est concluant, il sera étendu en 2024 aux autres salariés de l’entreprise présents en Belgique et en Italie.