Vendredi a été officiellement lancé le nouveau Centre pour l’éducation à la citoyenneté. Sa mission consistera à contribuer à la formation de «citoyens actifs et responsables».
Avec l’avènement des réseaux sociaux, de plus en plus de gens pensent que la vérité absolue se trouve sur Facebook ou Twitter. En même temps, de nombreux lycéens ont du mal à appréhender le système politique et sociétal du Grand-Duché alors qu’ils sont censés voter pour la première fois au moment de décrocher leur diplôme de fin d’études secondaires.
Au vu de ce constat inquiétant, qui prouve que l’esprit critique est en train de se perdre progressivement dans la société de nos jours, le gouvernement de Xavier Bettel a décidé de réagir. Dans le programme gouvernemental a été inscrit la création d’un Centre pour l’éducation à la citoyenneté, qui est une réalité depuis vendredi.
«Dans ce monde, dominé par des conflits et d’importants enjeux sur le plan économique et social, le débat politique possède un rôle clé. Il nous faut faire preuve de réflexion pour faire face à la montée de l’extrémisme, des tendances extrémistes ou du populisme», lance le chef du gouvernement, qui est également ministre des Communications et des Médias.
«L’hétérogénéité de notre société constitue un défi, mais doit également être considérée comme richesse pour notre pays. L’éducation est la colonne vertébrale pour pouvoir faire la part des choses entre la vérité et les fausses affirmations ou mensonges», poursuit Xavier Bettel.
Un budget de 410 000 euros
Pour illustrer ses propos, le Premier ministre a cité l’exemple du petit Aylan, ce réfugié retrouvé mort sur les plages turques en 2015. «Rapidement on a évoqué une mise en scène pour sensibiliser les gens à la problématique des réfugiés, alors qu’il n’en était rien. Je trouve cela dégoûtant», n’hésite pas à dire Xavier Bettel.
Le nouveau Centre pour l’éducation à la citoyenneté hérite maintenant de la mission de rectifier progressivement le tir. «L’objectif est de contribuer à former des citoyens actifs et responsables. La démocratie doit s’apprendre. Il faut s’impliquer, se faire sa propre opinion et être prêt à la confronter à d’autres arguments», indique le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch.
Le «Zentrum fir politesch Bildung» sera géré par une fondation afin de garantir son indépendance. «L’éducation ne doit pas seulement être étatique. Ici on inclut de nombreux autres mouvements de la société civile dans une mission qui sera longue», annonce le président de la fondation, Nico Meisch, qui ne possède d’ailleurs aucun lien de parenté avec le ministre Claude Meisch.
Le développement d’un réseau, en collaboration avec ses homologues allemands, une référence dans l’éducation à la citoyenneté, figurera parmi les priorités avant d’enchaîner sur des projets plus concrets, visant des jeunes, mais aussi des moins jeunes. «Des projets seront certainement réalisés avec le concours des enseignants et les éducateurs. L’éducation à la citoyenneté est cependant un véritable processus de longue haleine», met en garde le directeur du nouveau Centre, Marc Schoentgen.
Dans un premier temps, une enveloppe budgétaire de 410 000 euros est mise à disposition par le gouvernement. «Il reviendra au conseil d’administration de décider des priorités», insiste Claude Meisch. La mission est cependant claire : partir à la reconquête de l’esprit critique dans une société qui en a plus besoin que jamais.
David Marques