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Une commission spéciale Caritas


Le Premier ministre, Luc Frieden, a dû essuyer hier un nouveau flot de critiques de la part de l’opposition dans l’affaire Caritas.  (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

Le LSAP la souhaitait et l’a obtenue avec l’unanimité des voix. Une commission spéciale Caritas va permettre aux députés de mieux cerner le problème et d’obtenir des réponses encore en suspens.

De cette heure d’actualité consacrée à l’affaire Caritas, il ne fallait pas s’attendre à des nouvelles révélations. En revanche, le flot de critiques de la part des partis de l’opposition n’a pas épargné le Premier ministre, Luc Frieden. Il s’est d’ailleurs dit blessé par certaines d’entre elles. Cette séance a surtout permis de mettre en place une commission spéciale, déjà saisie de plusieurs motions et résolutions.

Sa gestion du dossier a été mise en cause d’abord par la députée Djuna Bernard, dont la sensibilité politique, déi gréng, est à l’origine de cette heure d’actualité. Elle disposait de dix minutes pour faire le tour du sujet et les a consacrées à décrire différents scénarios que le gouvernement aurait pu imaginer au lieu de laisser Caritas sombrer dans le néant.

La députée, elle-même professionnelle dans le secteur social, reproche surtout à Luc Frieden d’avoir martelé, lors des trois commissions parlementaires réunies depuis le début du scandale, que «la Caritas, ce n’est pas l’État». Djuna Bernard rappelle que l’ONG a fait un excellent travail pendant des décennies pour le compte de l’État en accompagnant les plus démunis, parmi eux les réfugiés, et elle constate aujourd’hui que le Premier ministre place «toute sa confiance» dans une nouvelle organisation pensée par PwC, «sans expérience». La députée ne digère pas l’abandon des activités internationales de Caritas qui étaient censées être reprises par une deuxième entité.

«Une grande responsabilité dont personne d’autre ne voulait»

Marc Spautz (CSV), se dit surpris par le ton de Djuna Bernard et lui rappelle que c’est l’ancien directeur, Marc Crochet, qui a demandé de ne plus faire de dons à l’ONG au risque de voir cet argent partir directement vers les banques créancières. Il pointe surtout du doigt le rôle de l’archevêché et sa responsabilité dans le naufrage de sa propre ONG.

Carole Hartmann (DP) tient à préciser que deux mois après l’annonce du scandale, un nouvel acteur reprend les activités avec la quasi-totalité des salariés. «C’est une grande responsabilité dont personne d’autre ne voulait», observe-t-elle. Dans la foulée, Taina Bofferding (LSAP) s’interroge sur le manque de dialogue entre Caritas, l’archevêché et le gouvernement. «Nous n’avons pas beaucoup entendu parler de l’archevêché, justement, or Caritas c’est l’Église et ces gens agissent comme s’ils n’étaient pas concernés. Le patrimoine de Caritas revient quand même à la Fondation Sainte-Irmine et à l’archevêché», rappelle Taina Bofferding. Elle critique encore la manière dont s’est opéré le transfert de personnel.

Une critique reprise par Marc Baum (déi Lénk), de loin le plus virulent dans ses critiques à l’encontre du Premier ministre, lui reprochant de n’avoir aucune notion en matière de politique sociale et d’avoir agi le «cœur froid». Marc Baum, qui qualifie à l’envi Luc Frieden de CEO, lui lance qu’avec un tel management il aurait été renvoyé de n’importe quelle entreprise privée. Le député vise surtout la manière dont le personnel a été traité, hors des clous, selon lui, pour intégrer cette nouvelle organisation, HUT, composée d’un «cercle d’amis du CSV et du DP».

Des fondations «louables»

Luc Frieden trouve ces paroles blessantes, insiste sur le gros travail réalisé par tous les ministres concernés pour trouver une solution rapide en réponse à la faillite de Caritas causée par un détournement monstrueux de 61 millions d’euros. Il trouve «louable» que des fondations privées prennent le relais et se préoccupent de venir en aide aux plus pauvres de ce pays.

De son côté, Sven Clement, qui évoque «un des plus gros scandales» qu’ait connu le pays, alerte sur les répercussions qu’il peut avoir sur les autres ONG qui vont souffrir d’une perte de confiance des donateurs.

Enfin, Fred Keup, de l’ADR, estime que la justice pourrait mieux communiquer sur les avancées de l’enquête. «Dans les autres pays, le parquet aurait déjà organisé une conférence de presse», observe-t-il. Il s’interroge surtout sur le rôle des banques dans cette affaire qui ont avancé avec une facilité déconcertante 30 millions d’euros à l’ONG qui conteste ces lignes de crédits. «Qui va payer PwC pour son travail?», demande-t-il encore.

La commission spéciale qui a été décidée hier à l’unanimité sur une résolution du LSAP, va pouvoir inviter des interlocuteurs qui en apprendront plus aux députés. Du moins, c’est ce qu’ils espèrent.

Un commentaire

  1. Andlibertyforall

    Comme d’habitude, tout le monde renvoie la patate chaude et pleure sur le lait renversé, notamment sur la piteuse transition des contrats de travail… un peu plus d’implication et de compassion n’auraient pas fait de mal en effet! Quant à la gouvernance d’une telle organisation financière d’une société caritative brassant de la sorte des millions pr finir de les perdre, bravo, ça vaut en effet tous les scandales de détournement qui ont eu lieu dans tous les pays… on n’en revient toujours pas! Pourvu que les résultats de l’enquête et les conséquences judiciaires soient exemplaires!

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