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Une banderole pour dénoncer du harcèlement à l’Université du Luxembourg


Masqués pour protéger leur identité, ces professeurs et étudiants souhaitent alerter les pouvoirs publics. (Photo : DR)

Alors que l’Université figurait à l’ordre du jour des députés ce mardi en commission, cinq personnes ont déployé une banderole dénonçant du harcèlement au sein de l’institution.

L’action a été furtive : à peine quelques minutes sous les yeux écarquillés de quelques passants et touristes. Peu après 14 heures, hier, un groupe de cinq personnes, portant un masque et des gants, a déboulé sur les pavés du Marché-aux-Herbes, avant de déployer, dans le plus grand silence, deux larges banderoles au pied de la Chambre des députés.

Sur l’une, on pouvait lire en anglais «Oui à l’excellence académique. Non au harcèlement», et sur l’autre, «Oui au logement étudiant. Non à l’autocratie».

Des messages peints en lettres noires, adressés à la fois aux responsables politiques et à l’administration de l’Université du Luxembourg, alors qu’au même moment, les députés membres de la commission parlementaire de l’Éducation nationale, de l’Enfance, de la Jeunesse, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, assistaient à la présentation des rapports d’évaluation externes de l’Université (volet recherche).

Effectuées tous les quatre ans dans le cadre de la convention pluriannuelle avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ces analyses sont dirigées par des organismes d’audit étrangers indépendants qui récoltent des données à travers l’autoévaluation de chaque département, des centres interdisciplinaires et du rectorat, et lors de visites sur site, auprès du personnel, des responsables et des partenaires.

«Une situation alarmante»

Cependant, si les conclusions des experts sont globalement favorables, le groupe anonyme qui a fait irruption hier estime que celles-ci sont largement incomplètes et ne disent rien de ce qui se passerait réellement en coulisses : lors des entretiens, de nombreuses personnes auraient en effet préféré taire certains problèmes.

Et pour cause : selon le tract distribué sur place par les individus masqués, c’est un véritable climat de terreur qui aurait empêché les victimes et témoins de harcèlement, de pressions et d’intimidations, d’en faire part aux auditeurs.

«Nous sommes là pour exprimer notre désaccord face à cette situation alarmante», écrivent-ils, rapportant que l’Université traiterait mal ses employés et étudiants ces dernières années, et lancerait systématiquement des représailles contre quiconque oserait protester ou faire part de ses préoccupations.

Démissions, mutations, plaintes

«De nombreux membres du personnel ont démissionné, demandé des mutations, ou même déposé des plaintes pour abus de pouvoir et harcèlement», explique ainsi l’une des personnes du groupe, avec laquelle nous avons pu échanger sous le sceau de l’anonymat.

«La direction de l’Université met en œuvre des pratiques abusives, avec un lourd impact sur les personnes en position de faiblesse, comme les étudiants, doctorants et post-doctorants, mais des professeurs titulaires sont aussi concernés.»

Des professeurs «écœurés»

L’homme finit par confier que, derrière ces masques, se cachent en fait des professeurs et des étudiants, «écœurés par ces agissements», dont le but est avant tout d’«alerter le grand public et le pouvoir politique».

Une première au Grand-Duché concernant la seule université publique du pays, fondée en 2003, qui compte aujourd’hui près de 8 500 étudiants et 2 600 membres du personnel, dont 300 professeurs.

Ils réclament une enquête sérieuse

«Ce qu’on espère, c’est que notre présence ici aujourd’hui encourage les victimes à parler, et déclenche une réaction conséquente de la ministre et des députés. On veut qu’une enquête sérieuse soit menée sur ces faits, qui ont été documentés pour la plupart», conclut-il.

Alors que les cours ont repris depuis lundi sur le campus de Belval, cette protestation sur la place publique sera sans doute au cœur des conversations lors de la cérémonie annuelle organisée pour la rentrée académique qui aura lieu demain soir, en présence du recteur, Jens Kreisel, de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Stéphanie Obertin, et des nombreux partenaires de l’Uni.

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