Le ministre de la Culture, Eric Thill, a présenté ce mardi la création du Centre des monuments du Grand-Duché dont l’ambition est d’établir un réseau national de gestion et promotion du patrimoine national.
C’est fait, le Luxembourg possède désormais un acteur public afin de conserver, gérer et valoriser son patrimoine national : le Centre des monuments du Grand-Duché de Luxembourg (CML). Ce dispositif, comparable à celui des Centre des monuments nationaux en France qui gère une centaine de sites, a été présenté mardi par le ministre de la Culture, Eric Thill.
À ce jour, le CML est une ASBL mais dans le futur, elle est vouée à se transformer en établissement public agissant sous la tutelle du ministère.
Pour l’instant, il s’agit encore des balbutiements. Créé en octobre dernier et en activité depuis le mois mars, le centre gère trois sites dans tout le pays : les châteaux de Beaufort et de Larochette ainsi que le site archéologique gallo-romain de Dalheim.
C’est donc à travers ces trois premiers cas que le secteur touristique du pays va pouvoir observer le travail du centre dont l’objectif est «de réunir les sites qui appartiennent à l’État afin d’en faire un ensemble et de les professionnaliser», résume son coordinateur général Marc Gierenz.
En collaboration avec les associations
La naissance du CML signe donc la fin des associations présentes sur place depuis des années ? Non, au contraire. «Nous ne leur ordonnons pas d’arrêter de fonctionner, c’est une collaboration avec les associations», tient à rassurer le coordinateur. «Elles ont fait du super travail mais maintenant, nous avons d’autres moyens en étant en convention avec le ministère de la Culture et donc nous pouvons valoriser davantage.»
Les moyens du centre sont d’abord financiers, avec une enveloppe de 300 000 euros pour l’année 2024 et qui est amenée à augmenter de 100 000 euros par an. De quoi répondre au manque de ressources auxquelles peuvent faire face les associations afin de développer leur site, voire simplement entretenir les lieux.
Puis, avec dix employés et huit guides freelances, le CML peut également combler le manque de moyen humain de plus en plus récurrent selon le ministre de la Culture : «Nous le voyons partout dans notre société, il y a une diminution du nombre de bénévoles, c’est un problème et un vrai challenge pour valoriser le patrimoine».
Afin d’éviter une pénurie de bras tout en conservant l’expertise des associations, le CML a embauché en leur sein : sept membres de l’ASBL «Les Amis des Châteaux de Beaufort» et un membre des «Amis du Château de Larochette» ont été recrutés. À noter que le recrutement n’est cependant pas automatique et ne concerne pas les ASBL composées uniquement de bénévoles.
«Une philosophie commune»
Concrètement, la mission du CML comporte plusieurs volets. Le premier est d’améliorer l’accessibilité des sites au grand public. Pour ce faire, cela passe par exemple par une extension des horaires et de dates d’ouverture car «il y a plusieurs sites qui ne sont pas ouverts de la semaine et c’est un problème», regrette Eric Thill. Pour les châteaux fermés de novembre à mars, Marc Gierenz annonce que «l’idée est d’ouvrir toute l’année».
Afin de professionnaliser la gestion, tout en favorisant l’accueil du public, le CML bénéficiera aussi du soutien de l’Institut national pour le patrimoine architectural (INPA) et de l’Institut national de recherches archéologiques (INRA) dans le but de garantir un entretien et des travaux de qualité.
Forcément, cette recherche d’accessibilité va de pair avec la mission de promotion. Via le CML, le ministre souhaite «mettre les sites en valeur avec des activités culturelles» telles que des concerts, des spectacles ou des expositions dans le but «d’allier le patrimoine et culture moderne».
Le volet pédagogique à destination des écoles est également un axe d’amélioration, avec comme idées la tenue régulière de photo rallye, d’ateliers ou d’animations pour enfant. Du côté tarifaire, une carte de fidélité et des tickets combinant l’entrée, à un prix avantageux, de plusieurs sites seront proposés au public.
Grâce à cette politique, Eric Thill souhaite séduire d’autres associations afin qu’elles rejoignent le réseau : «Nous commençons par trois sites mais, bien sûr, l’idée est d’en augmenter le nombre dans le futur.» Afin de devenir partenaires, les associations doivent d’abord déposer une demande d’adhésion afin «de discuter et examiner les statuts». «Nous avons déjà deux demandes», glisse fièrement Marc Gierenz, qui rêve de faire du CML «une philosophie commune» dans tout le pays.