Ancien habitant de Bonnevoie, Lucien Clavier a créé une application qui estime sur cinq jours l’intensité des nuisances sonores et la fréquence des vols depuis l’aéroport du Findel.
Le ciel des voisins de l’aéroport du Findel étant chargé d’avions et du bruit sourd de leurs moteurs, pourquoi ne pas concevoir des prévisions météorologiques version nuisances sonores ? C’est le pari que s’est lancé Lucien Clavier, 35 ans, en élaborant depuis quelques mois son application «Skynoise Luxembourg».
Bien que désormais installé à Berlin, ce data scientist a vécu à Bonnevoie pendant six années. Six années durant lesquelles il a lui aussi vécu dans l’inconfort. «C’est-à-dire que si tu ouvres la fenêtre et que tu as quelqu’un chez toi, tu es obligé de t’arrêter de parler toutes les trois minutes parce qu’il y a un avion qui passe», se rappelle-t-il encore
C’est à partir d’un constat en 2018, lors d’une visite chez une amie qui venait d’emménager à Clausen, que germe l’idée de «Skynoise Luxembourg».
«Lors de la visite avec l’agent immobilier, il lui avait dit qu’il se libérerait le samedi pour qu’elle n’ait pas besoin de sortir du boulot et le samedi après-midi c’était super calme avec peu d’avions.» Mais très vite, la nouvelle arrivante déchante en découvrant la vie du quartier en semaine et le bruit des avions qui décollent et atterrissent au Findel.
«Je me suis demandé pourquoi personne n’avait de solution pour cela, même si on a l’impression que les agents immobiliers, eux, connaissent les astuces», s’interroge alors Lucien Clavier.
En quête de financement
Finalement, c’est à Berlin, loin du Findel mais avec ses nuisances toujours en tête, que le passionné de data démarre son application. Cette dernière, actuellement en version bêta, permet de faire des prédictions sur les nuisances sonores et la fréquence des vols pour les cinq jours suivants.
«On ne sait pas exactement quel sera le bruit, mais on a un certain nombre d’informations à la fois dans le passé et en temps réel. Et à partir de cela, j’ai une d’intelligence artificielle qui regarde les données en temps réel et qui dit : « Sur ce que j’ai appris du passé, je peux prédire qu’à Bonnevoie à telle heure, il y aura tel bruit en termes de décibels« .»
Afin de faire ce calcul savant, l’intelligence artificielle se base sur la programmation des vols mais aussi les conditions météorologiques qui influencent la réverbération du son : la vitesse et la direction du vent, l’humidité et la température.
À partir de ces données, l’application attribue une note sur dix à la nuisance. «0 ça correspond à peu près 50 décibels et 10, c’est à peu près 75 décibels. Quand c’est 10, tu dois arrêter ce que tu fais et 0, c’est que tu ne vas presque pas l’entendre», détaille le concepteur qui a tout de même été aidé par un ami pour la partie software ainsi que par des testeurs, dont un membre du collectif Findel+.
Il est cependant seul pour le développement et la mise en place d’une structure juridique, ainsi que pour la campagne de financement qu’il mène sur la plateforme Kickstarter. Sur les 3 200 euros qu’il souhaite récolter afin de financer le coût de lancement, il a récolté près de 800 euros.
«Pas taper sur les compagnies aériennes»
Bien qu’il pense à intégrer des publicités pour supporter ses frais, Lucien Clavier ne voit pas l’application comme un moyen de rémunération. «Si simplement elle s’autorémunère sans me donner de revenus, ce sera quand même un succès.» Disponible, à ce jour, pour onze quartiers exposés aux nuisances, l’application a pour but de «voir comment est-ce que l’on vit avec ce bruit ?».
Il vise donc les habitants desdits quartiers afin de leur offrir de la transparence mais aussi leur permettre d’organiser leurs journées en fonction du bruit annoncé, que ce soit pour aérer son domicile ou se balader. Pas rancunier envers les agents immobiliers qui ont pu tromper son amie, Lucien Clavier les vise également comme potentiels utilisateurs afin d’agencer leurs visites. Par contre, le data scientist n’oublie pas les futurs locataires qui «pourront voir si la visite a lieu en heure creuse ou non».
Disponible fin septembre sur Android et Apple Store, «Skynoise Luxembourg» pourrait encore être amélioré d’ici là afin de remplacer la note sur dix par une mesure en décibels et la sélection des quartiers par une carte et une géolocalisation. En attendant, son créateur lance un appel aux financements et aux sponsors afin que son application se pérennise. «Mon but, ce n’est pas de taper sur les compagnies aériennes et de leur interdire de voler», tient-il à préciser.
Plus d’informations sur le projet juste ici.
J’étais sur la terasse de mes parents maintenant, autrefois un endroit très tranquille. À droite j’ai écouté de la musique de l’école de musique, à gauche les voitures sur le parking du Lidl, en haut les avions, et dans le lointain un match de football et les tuners avec les échappements tondeuses. J’aime bien le Luxembourg