Samedi et dimanche, les Rotondes ont bougé au rythme du PICelectroNIC, rendez-vous culturel multidisciplinaire qui a régalé petits et grands.
Se déhancher sur une série de concerts aussi furieux que décalés, passer son permis de «bobby car», activer des installations artistiques ou profiter d’une petite «sieste musicale»? Au PICelectroNIC, tout cela et bien plus était possible !
Organisé depuis 2009 par les équipes du centre culturel de Bonnevoie, le festival familial a remis le couvert pour une 13ᵉ édition en ce début de printemps, où des animations et ateliers grands classiques de l’évènement s’inséraient dans une programmation bien plus copieuse – et, à l’image du lieu, pas tout à fait comme les autres.
Des Rotondes aux airs de terrain de jeu : de quoi faire le bonheur des «headbanging kids» et de leurs «grooving parents», tel que le veut la formule qui définit le festival.
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S’il y a bien un endroit qui n’a jamais désempli durant ces deux jours de fête, c’est la Plateforme de la Rotonde 1, rebaptisée pour l’occasion «Garage» : «C’est ici qu’on vient se « pimper« , comme on le ferait pour une voiture !», entend-on plaisanter à l’entrée.
Sauf qu’ici, la démarche est autrement plus écologique. Parmi les nombreux ateliers, tous pris d’assaut et suivis avec autant d’excitation que de sérieux, un atelier tampons, un salon de tatouage, un atelier de couture au titre on ne peut plus juste, «Pimp My Doudou», ou encore un coin bricolage : garçons et filles y apprennent l’art du «do it yourself» en fabriquant des décorations pour leurs vélos ou trottinettes – avec, il faut le dire, un goût prononcé pour les franges.
Des enfants rendus parfaits
Et puisque samedi et hier ont offert quelques belles éclaircies au-dessus des Rotondes, la fête s’y faisait aussi en plein air, au son du disco-funk de DJ Vroum Prout (le nom a sans doute quelque chose à voir avec son casque de moto converti en boule à facettes).
Le temps d’une de ses chansons, mixées à partir d’une malle remplie de 45 tours, c’est à peu près celui qu’il fallait aux plus petits pour passer leur permis de «bobby car» dans un circuit dédié.
Plus loin, un conteneur converti en une étrange machine, le Cirqmatique Super3000, attire encore les foules. Normal : elle rend les enfants parfaits! L’enthousiasme de ces derniers arrange donc bien leurs parents.
Assis chacun dans une caisse, une sœur et un frère entrent dans l’appareil manipulé par des experts; quelques minutes plus tard, ils ressortent de l’autre côté, elle avec une grande natte, de jolies pinces à cheveux et «des tatouages de princesse», son petit frère avec un bandage sur la tête et des cicatrices qui lui donnent un air de bagarreur malheureux.
Ce qui amuse beaucoup les parents, venus en groupe avec des amis, qui avouent, hilares : «C’est nous qui avons eu le plus beau spectacle!»
Xylophone géant
Si l’édition précédente – la première dans sa forme complète depuis la pandémie – marquait un retour «plus flamboyant que jamais» du rendez-vous donné depuis 2009, ce nouveau cru poursuit dans la même veine.
En termes d’âge moyen et de fréquentation, il est certes le plus «petit» des rendez-vous des Rotondes (la fréquentation est estimée autour des 1 500 visiteurs), mais la collaboration toujours plus affûtée entre les différents départements du centre culturel (arts visuels, arts de la scène et musiques actuelles) en fait un grand.
Au hasard des mouvements, on est hypnotisé par l’œuvre de l’artiste japonais Ichi, Tobogan Gakki. Comme partout ailleurs, les enfants font la file pour manœuvrer cette installation géante et verticale conçue à partir d’objets recyclés : un xylophone qui fonctionne sur le principe du circuit de billes.
Activée par l’artiste, l’œuvre faisait aussi partie d’un concert excentrique qui a fasciné les tout petits, juchés sur les épaules de papas entassés par dizaines dans l’étroit espace «Côté Rails» – mais tout aussi enthousiastes.
Toujours en «live», mais dans la grande salle, le rock tropical déchaîné du trio Ourk s’est aussi fendu d’un jeu avec tous ses publics, les invitant à donner un titre à l’une de leurs compositions furieusement dansantes, tandis que dans le Klub, la siffleuse australienne Molly Lewis a encore régalé petits et grands, enchantés par ce drôle d’oiseau.
Techno concrète et concert dessiné
Devenu une habitude, le concert dessiné créé pour l’occasion invitait cette fois l’illustratrice Viktoria Mladenovski à préparer une œuvre en public sur la musique futuriste de Napoleon Gold et Klein.
Dans les différents studios, on pouvait découvrir une sélection de films musicaux expérimentaux, découvrir l’instrument insolite fabriqué par les participants du Museklabo ou encore profiter d’une «sieste musicale», histoire de voyager tout en rechargeant ses batteries, vite dépensées dans le prochain concert.
Car, côté surprise, la techno concrète et décalée de Ouai Stéphane, plutôt réservée à un public de festivals (dont les géants Lollapalooza et Rock en Seine), était présentée pour la première fois devant un public familial.
Une proposition du programmateur musiques actuelles, Marc Hauser, qui avait déjà invité le phénomène en 2022 pour un concert mémorable aux Congés annulés : «Il s’est tout de suite pris au jeu. Ce qu’il joue est une version de son « set« classique réduite à 30 minutes», la durée standard d’un concert au PICelectroNIC.
Il faut dire qu’avec ses instruments faits maison, aussi bien électroniques que fabriqués à partir d’un étendoir à linge ou d’une horloge, la musique de Ouai Stéphane se révèle ici plus ludique que jamais. Ce qui n’a pas empêché son drôle de public de la vivre à fond.