Un adolescent de 18 ans a ouvert le feu mardi dans une école primaire au Texas, tuant 19 jeunes élèves et deux adultes, un drame qui a replongé l’Amérique dans un cauchemar chronique, Joe Biden exhortant à un sursaut pour réguler les armes à feu.
« Il est temps de transformer la douleur en action », a insisté le président américain, visiblement ému, dans une allocution solennelle à la Maison Blanche.
« Quand, pour l’amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes ? », a lancé M. Biden, se disant « écœuré et fatigué » face à la litanie des fusillades en milieu scolaire. Cette dernière tragédie a fauché la vie d’enfants âgés d’une dizaine d’années tout au plus.
Le tireur a tué ses victimes « d’une façon atroce et insensée » dans la ville d’Uvalde, a déclaré le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott.
Identifié comme Salvador Ramos, il est, lui aussi, décédé dans cette tuerie qui a touché la commune située à environ 130 kilomètres à l’ouest de San Antonio.
Il a été tué par la police, ont indiqué des responsables du département texan de la sécurité publique, ajoutant que deux adultes sont également morts dans l’attaque, dont un enseignant.
Le tireur portait au moins un fusil et une tenue paramilitaire, a précisé le sergent Erick Estrada sur la chaîne CNN.
Salvador Ramos, de nationalité américaine, aurait d’abord visé sa grand-mère, dont l’état de santé restait à préciser, avant de se rendre à l’école en voiture pour y perpétrer son massacre.
Les mobiles de cette attaque, l’une des pires dans une école depuis des années, restent pour l’instant inconnus.
Enfants de moins de 10 ans
La fusillade s’est produite à l’école primaire Robb, qui accueille des enfants âgés de moins de 10 ans à Uvalde.
Plus de 500 enfants, dont près de 90% d’origine hispanique, étudiaient dans l’établissement pendant l’année scolaire 2020-2021, selon des données de l’État.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des enfants évacués en urgence, se donnant la main ou courant par petits groupes vers des bus scolaires jaunes, devant cet établissement aux bâtiments bas et plats, typiques du sud des États-Unis.
La fusillade s’est produite alors que Joe Biden était sur le chemin retour de sa tournée en Asie. Il a pris la parole le soir, dès son arrivée à la Maison Blanche.
« Trop, c’est trop », s’est emportée de son côté la vice-présidente Kamala Harris, appelant à « agir » sur le sujet des violences par armes à feu, un fléau national.
« Nos cœurs continuent d’être brisés », a-t-elle déclaré. « Nous devons trouver le courage d’agir », a-t-elle ajouté à l’adresse du Congrès, impuissant à légiférer malgré les tragédies.
La Maison Blanche a par ailleurs ordonné la mise en berne des drapeaux dans tous les bâtiments publics pour « honorer les victimes » d’Uvalde.
Cette attaque a replongé le pays dans les affres des fusillades en milieu scolaire, qui se répètent fréquemment avec des images choquantes d’élèves traumatisés, obligés de se confiner dans leur classe avant d’être évacués par les forces de l’ordre, et de parents paniqués cherchant désespérément à avoir des nouvelles de leurs enfants.
Débat stérile
Le drame rappelle celui de l’école primaire de Sandy Hook, survenu en 2012 dans le Connecticut, où un déséquilibré âgé de 20 ans avait tué 26 personnes, dont vingt enfants âgés de 6 et 7 ans, avant de se suicider.
Chris Murphy, sénateur démocrate de cet Etat du nord-est des Etats-Unis, a « supplié » mardi ses collègues élus d’agir, assurant que ces tragédies n’étaient pas « inévitables ».
« Cela n’arrive que dans ce pays, et nulle part ailleurs. Dans aucun autre pays, les enfants vont à l’école en pensant qu’ils pourraient se faire tirer dessus ».
L’Amérique avait aussi été particulièrement marquée par une fusillade dans un lycée de Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts, dont une majorité d’adolescents, en 2018.
Cette nouvelle tuerie, d’autant plus choquante que les victimes sont des enfants, ne manquera pas de relancer les critiques sur la prolifération des armes à feu aux États-Unis, un débat qui tourne pratiquement à vide étant donné l’absence d’espoir d’une adoption par le Congrès d’une loi nationale ambitieuse sur la question.
La cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, a dénoncé un acte « monstrueux qui a volé l’avenir de chers enfants ». « Il n’existe pas de mots pouvant décrire la douleur et l’indignation face au massacre de sang froid de petits écoliers et d’un enseignant », a-t-elle écrit dans un communiqué.