Ricardo est-il «un tueur en série de chats», comme le prétend sa belle-sœur ? Les chats qui lui sont confiés ne survivraient pas longtemps ou se blesseraient mystérieusement.
Si les chats savaient parler, l’affaire qui a occupé la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi aurait sans doute été plus rapidement évacuée.
La victime était un chaton, Maisy. Ses anciens propriétaires sont accusés de mauvais traitements à son encontre, mais ils nient énergiquement lui avoir fait du mal, ainsi qu’à d’autres chats qui leur avaient été confiés.
Cela aurait notamment été le cas de Shelby, blessée «en tombant d’un arbre devant des témoins» et finalement décédée à la suite «d’une bactérie contractée lors d’une opération chez un vétérinaire», selon les résultats d’une autopsie pratiquée par un confrère.
Avant elle, il y a eu un chaton décédé après que Ricardo l’a lavé avec du shampooing contre les hémorroïdes. Puis Maisy. Le chaton a été trouvé avec une fracture du tibia et du péroné droits, un œdème au crâne et un traumatisme du larynx.
Selon deux experts vétérinaires, ses blessures sont à attribuer à une agression volontaire de la part d’un humain. Shelby et Maisy avaient la même fracture de la patte «due à un étau». Ricardo assure ne «jamais avoir touché un chat». Sara non plus.
Le président aimerait comprendre cette «hécatombe de chats». «Pourquoi les chats dont vous avez la garde meurent-ils les uns après les autres ?» Sara commence par accuser sa sœur d’avoir lancé des accusations auprès d’un vétérinaire dont «elle est proche».
Sa sœur assure avoir vu Ricardo taper un chat. Ensuite, Sara accuse les nombreux vétérinaires à qui elle a confié ses chats de collusion corporatiste, puis Maisy elle-même qui «avait des problèmes de comportement» parce qu’elle lui a été confiée trop jeune avant qu’elle n’ait pu être sevrée correctement. Enfin, elle insinue que son fils de 3 ans a pu serrer le chaton de manière «un peu trop brutale».
Sara, elle, se présente comme une amie des animaux qui s’est toujours bien occupée de ses chats. Elle assure également qu’elle ne vivrait pas avec son époux s’il maltraitait les animaux. «C’est un problème de famille, ma sœur a utilisé notre malchance avec les animaux» pour régler une vielle rancœur, assure-t-elle.
Finalement, à bout de solutions, Sara a abandonné Maisy auprès du vétérinaire. «Il était hors de question que je la ramène chez moi. Ça n’a pas marché. Elle a eu un suivi médical. Elle, au moins, elle n’est pas morte chez moi comme Shelby.»
Problème d’imputabilité
Une chatte ne retrouverait pas ses petits dans cette histoire un brin compliquée. Alertée par le sort du chaton, l’association de protection des animaux Give Us A Voice a déposé plainte contre le couple.
Six chats seraient décédés dans des circonstances troubles et Maisy a été victime de cruauté animale. Cependant, selon le parquet, «il y a un problème d’imputabilité des coups». «Nous ne savons pas qui a donné les coups» à l’origine des blessures de Maisy. Le procureur ne peut accuser le couple sans preuves. Il a donc plaidé en faveur de l’acquittement des deux prévenus.
L’avocate du couple a, elle aussi, plaidé en faveur de leur acquittement ou d’une suspension du prononcé. Elle a évoqué également des tensions familiales à l’origine de ce «dossier complexe». «La famille déteste Ricardo», précise l’avocate.
Ce qui aurait amené une des sœurs de Sara à les incriminer «en montant le bourrichon» à un vétérinaire. Les premiers vétérinaires consultés par la jeune femme n’ont, selon elle, «jamais constaté d’actes de maltraitance».
«Un auteur de maltraitances animales les cacherait au lieu de les faire soigner», argumente l’avocate, avant de démontrer que Maisy «a été adoptée beaucoup trop tôt» et que l’asile pour animaux aurait manipulé sa date de naissance sur le certificat d’adoption.
Le président la coupe : «Deux chats présentent les mêmes blessures dues à une prise en étau. Il serait temps que vos mandants passent aux aveux ! Six ou sept chats sont morts. Vos mandants ne sont pas capables de donner des explications à cette hécatombe de chats.»
Le couple continue de clamer son innocence. Ricardo n’est pas un «serial killer de chats» tel que l’a laissé entendre le président pour détendre l’atmosphère et Sara pense qu’un vétérinaire couvre l’autre. Ils seront fixés sur leur sort le 20 novembre prochain.