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Un riverain du Findel témoigne : «Je cherche à déménager»


Le collectif Facebook Findel+ dénonce les nuisances dues au non-respect du couvre-feu ainsi que leur impact sur la santé et l’environnement.

Depuis deux ans, le collectif Findel+ déplore sur Facebook les nuisances de l’aéroport. Une situation vouée à empirer selon l’un de ses membres, qui habite à Bonnevoie depuis 30 ans.

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En avril 2023, nous avions interrogé le collectif Findel+, présent sur Facebook, qui scrute les vols depuis le Findel et dénonce les nuisances sonores abusives. Plus d’un an s’est écoulé depuis et le collectif est toujours aussi actif et a même gagné en popularité (276 membres).

Preuve que la situation ne s’est pas améliorée, comme en témoigne Alain*, membre du noyau dur de Findel+ et qui vit à Bonnevoie, au boulevard de la Fraternité, depuis 30 ans.

Comment a évolué le trafic depuis votre arrivée il y a 30 ans ?

Alain : Il y a 30 ans, les avions-cargos étaient une exception, c’était deux fois par semaine. Les choses ont tourné au vinaigre à partir des années 2010, où nous avons senti un gros développement, mais cela restait encore supportable.

Ce qui nous a mis en colère, c’est le développement massif de Cargolux, qui est passé d’une flotte de six à trente avions entre 1995 et 2015. Entre-temps, Luxair s’est aussi développée, même si les avions restent beaucoup moins bruyants. Puis, Cargolux a développé l’amplitude horaire de ses vols.

Le premier avion part vers 6 h et, depuis quelques mois, la tendance est de faire décoller des cargos vers 23 h 30. Là où j’habite, un décollage ou un atterrissage d’un cargo, c’est 80 décibels pendant une à deux minutes. Comme un train qui passe. C’est une pure nuisance.

Nous sommes comme la grenouille que l’on met à la casserole. On commence à l’eau froide et on augmente la chaleur petit à petit. Là, nous sommes cuits.

Qu’en est-il du couvre-feu ?

Normalement, c’est entre 23 h et 6 h, mais il est très élastique pour les compagnies nationales. Déjà, entre 23 h et minuit, il n’y a pas besoin d’une autorisation et, après minuit, il faut en principe une autorisation du ministre chargé des transports.

Mais je pense que Cargolux et Luxair bénéficient d’un traitement de faveur, puisque l’administration de la Navigation aérienne est un organisme de l’État qui est un actionnaire très important de Cargolux et Luxair. Il y a un conflit d’intérêts à la base.

Cargolux, c’est une fierté nationale au détriment de la santé de, selon nos estimations, 85 000 personnes touchées par les nuisances.

Nous ne sommes pas des zadistes

Quelles sont les actions que mène votre collectif ?

Nous essayons d’élargir nos publications aux questions de santé publique, par exemple. Ici, c’est mis sous le tapis, alors qu’en France, une étude a été réalisée auprès des riverains d’Orly et Roissy et ils se sont aperçus qu’il y avait des taux d’hypertension, de dépression ou de maladie cardiovasculaire plus élevés que dans la population moyenne.

On parle aussi des effets sur les enfants et les résultats scolaires, forcément impactés par le sommeil, ainsi que sur l’environnement. Il faut essayer de sortir du côté grincheux et donc on commence à publier des résultats d’études.

Avez-vous pensé à déménager ?

Oui, je cherche à déménager, mais on connaît le marché immobilier et, à part sa proximité avec le Findel, mon appartement n’a que des avantages. Je regarde les annonces immobilières et d’autres sont comme moi. Nous sommes à bout.

Qu’attendez-vous des autorités ?

Déjà, que le couvre-feu soit respecté, que ce soit 23 h pile. Ce serait un début, mais on n’ose pas en rêver. Quand on subit des nuisances, on finit par s’intéresser aux nuisances élargies. On finit par avoir une conscience politique et se dire : pourquoi on fait cela ?

Pour livrer des vêtements de chez Shein ou Zara ? Ils ne peuvent pas attendre ? Nous avons une conscience environnementale entre des gens aux opinions politiques très diverses. C’est pour dire que nous ne sommes pas des zadistes.

Mais les prévisions mondiales pour l’aviation civile sont monstrueuses. On prévoit de doubler le trafic, donc cela ne me rend pas optimiste. Ils feront du greenwashing avec de soi-disant carburants verts, mais cela relâchera toujours du CO2 et des particules fines. Et il y aura toujours du bruit.

* Le prénom a été changé

Trois ASBL unissent leur voix et leur colère

Le 14 mai, trois ASBL ont conjointement écrit une lettre à Yuriko Backes, la ministre de la Mobilité et des Travaux publics afin de dénoncer la mise en œuvre insatisfaisante de la limitation des nuisances sonores de l’aviation légère.

Il s’agit de la DIGHSE (Défense des intérêts des habitants de Schuttrange et environs), de Kee Kaméidi vu Sportfliger iwwer Sandweiler (Pas de bruit d’avions de sport au-dessus de Sandweiler) et du Syndicat des intérêts locaux de Schrassig.

Elles interpellent la ministre sur le non-respect d’une charte signée en 2008 afin de réduire la pollution sonore de l’aviation légère et sportive. «Près de 15 ans après, force est de constater qu’elle n’a jamais vraiment été respectée», écrivent-elles.

Bien que le ministère ait décidé d’agir, «les groupes de travail qui se sont tenus depuis 2020 à l’initiative personnelle du ministre de l’époque se sont tous soldés par un échec faute d’engagement, notamment du ministère».

Les ASBL attendent de la nouvelle ministre une mise à jour de la charte et un «engagement réel de toutes les parties». À ce jour, aucune réponse ne leur a été donnée.

2 plusieurs commentaires

  1. Gaston THORN

    MOUVEMENTS DE NUIT
    Les chiffres présentés de 23:01 à 05:59 correspondent aux vols de nuit pour le seul mois de Janvier 2024:
    Vols Passagers: 113 arrivées et 6 départs
    Vols fret: 27 arivées et 34 départs
    Source: https://download.data.public.lu/resources/statistiques-vols-de-nuit/20240718-145908/2024-nightflights.pdf

  2. Gaston THORN

    Plus de 2.500 vols ont enfreint le couvre-feu nocturne à l’aéroport de Luxembourg au Findel l’année dernière, soit presque le double par rapport à 2022, selon les chiffres de l’agence du trafic aérien du pays. Au total, 2.553 vols ont quitté l’aéroport entre 23 heures et 6 heures tout au long de l’année 2023, ce qui représente un énorme bond par rapport à l’année précédente, où l’on comptait 1.379 vols de nuit. (source: https://www.virgule.lu/luxembourg/au-findel-plus-de-2.500-vols-de-nuit-ont-enfreint-le-couvre-feu-aerien-en-2023/8253082.html )

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