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Un résultat 2023 «remarquable» : le groupe Post savoure «l’accalmie»


Le cap symbolique du milliard d’euros de création de valeur a été franchi, a souligné Claude Strasser. (Photo : fabrizio pizzolante)

Le groupe Post boucle 2023 avec son meilleur bénéfice en cinq ans, boosté par la remontée des taux directeurs via sa branche Finance. Une embellie bienvenue dans un contexte morose.

Malgré les difficultés, entre les crises multiples, la guerre en Ukraine et l’augmentation de la masse salariale due aux index successifs, le groupe Post réalise «un résultat remarquable» pour l’année 2023, a souligné vendredi le président du conseil d’administration, Serge Allegrezza, lors de la présentation du rapport annuel au huitième étage du bâtiment Helix. Le chiffre d’affaires de Post atteint 969 millions d’euros, en hausse de 8,3 % par rapport à 2022, avec une progression des recettes dans ses trois branches d’activité – Télécom, Postal et Finance – et dans ses filiales.

Alors, sans pour autant parler au passé de la «permacrise» qu’il pointait l’an dernier, Serge Allegrezza savoure quand même cette «accalmie». «L’économie a tourné au ralenti en 2023, avec une récession de 1 %, donc un contexte compliqué, au niveau national comme international. On a eu la chance qu’une de nos composantes, Post Finance, profite – au même titre que la place financière – de la remontée des taux d’intérêt.» Celle-ci a, en effet, doublé ses recettes pour arriver à 66 millions d’euros, parvenant pour la première fois depuis longtemps à sortir de la zone déficitaire.

De quoi donner le sourire au directeur général, Claude Strasser, aux manettes depuis douze ans, avant de dérouler les grandes lignes du rapport face à la presse. Un panorama qui inclut les performances financières comme extrafinancières du groupe, et sa capacité à générer de la valeur.

Le secteur Télécom & ICT, moteur de Post

Avec un chiffre d’affaires de 509 millions d’euros (contre 495 millions en 2022), le secteur Télécom & ICT s’impose comme le moteur de Post en termes de revenus. D’importants investissements ont été engagés par le passé pour répondre à la demande en bande passante, tandis que le déploiement du réseau 5G, lancé en 2020 et couvrant aujourd’hui 94 % de la population, nécessitera le déblocage de 100 millions d’euros par an ces prochaines années pour atteindre l’objectif des 100 %.

Du côté du réseau fixe, Post ambitionne de raccorder la totalité du territoire à la fibre optique, le réseau touchant actuellement 84 % des foyers : un chantier estimé à 1 milliard d’euros sur fonds propres, d’où l’importance pour le groupe de veiller à maintenir sa rentabilité, insiste Claude Strasser.

Les activités postales et logistiques affichent, quant à elles, 178 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une augmentation de 16 millions d’euros, alors que la baisse du volume de courrier (-6,2 % sur un an) se poursuit inexorablement. En revanche, les recettes issues de la distribution de colis, de services de logistique ou de la distribution de prospectus sont toutes en croissance.

Globalement, le groupe Post a franchi en 2023 le cap symbolique du milliard d’euros de création de valeur, à travers 426 millions d’euros achats réalisés auprès de fournisseurs locaux, auxquels s’ajoutent 402 millions d’euros de salaires versés – dont 45 millions de charges patronales – et un dividende de 15 millions versés directement dans les caisses de l’État. De quoi confirmer son rôle d’acteur majeur de l’économie du pays.

Un tiers des effectifs à remplacer sur dix ans

De bons résultats tous azimuts qui propulsent le bénéfice net de Post à 57 millions d’euros pour 2023, soit une hausse de 26 millions par rapport à l’exercice précédent. C’est tout simplement le plus haut bénéfice atteint depuis cinq ans, et ce, avec le moins d’employés sur cette période.

En effet, avec 4 515 collaborateurs, le groupe, qui était encore numéro un en 2021, est aujourd’hui relégué à la troisième place sur le podium des plus gros employeurs privés du Luxembourg, derrière les CFL et Amazon. Une source d’inquiétudes, car un tiers de ses effectifs partira en retraite dans les dix ans. Un vrai défi s’annonce en termes de recrutement, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre dans l’IT, la finance ou l’ingénierie, des métiers au cœur de l’activité de Post. L’entreprise, qui travaille déjà sur un vaste «plan de succession», devra donc se montrer inventive pour attirer, et surtout garder, ses futurs talents.

Seulement 27 % de collaboratrices

Là où la moyenne nationale de l’emploi féminin au Luxembourg avoisine les 41 %, le groupe Post ne compte que 27 % de femmes dans ses effectifs, avec de fortes disparités selon les branches : elles représentent 44 % des employés des services financiers, mais seulement 26 % dans le courrier et la logistique, et à peine 19 % dans l’ICT et Télécom. Alors que, parmi les 47 cadres supérieurs de Post Luxembourg, on ne compte que sept femmes, les collaboratrices sont, en revanche, surreprésentées dans les fonctions administratives, commerciales, de nettoyage et de restauration.