L’initiative citoyenne Pro Referendum a recueilli 621 signatures qui ouvrent la voie à un référendum. Les électeurs diront alors si le conseil communal a bien fait de quitter le projet Nordstad.
L’avenir de la commune de Bettendorf a, peut-être, changé en cinq minutes. Vendredi matin, à 11 h, une poignée de membres de l’initiative citoyenne Pro Referendum est présente au secrétariat de la maison communale afin d’y déposer 621 signatures.
Elles étaient nécessaires pour appuyer leur demande de référendum sur la poursuite, ou non, de la participation de leur commune aux pourparlers pour la création de la Nordstad. Cinq minutes plus tard, les voilà sortis du bâtiment avec l’accusé de réception de leur demande, de l’espoir entre les mains.
«J’espère qu’ils vont nous écouter, car c’est une voix très forte qui s’est exprimée», lance Anouk Wagner, la porte-parole de l’initiative citoyenne, en parlant des membres du conseil communal. Ces derniers sont dans le viseur de Pro Referendum pour avoir voté lors d’une réunion, le 25 septembre dernier, le retrait de Bettendorf des pourparlers exploratoires sur la fusion Nordstad. La décision, adoptée par sept voix contre quatre, a suscité la polémique par le contexte du vote et par sa symbolique.
Déception, puis mobilisation
D’abord, le vote a suscité l’incompréhension du ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, en raison de son caractère secret. Il avait alors annoncé que la décision ne serait pas reconnue, puisque la loi n’autorise pas une telle procédure à huis clos. Une nouvelle réunion, ouverte au public, a donc eu lieu le 23 octobre et la décision des élus est restée la même, avec un vote identique. Cette fois, ce sont les habitants qui sont montés au créneau.
Très vite, Pro Referendum a été créé par Dominique Steiner, Sylvie Reuter, Anouk Wagner, l’ancienne bourgmestre Pascale Hansen et Paul Troes. Le communiqué publié début novembre sur le compte Facebook de l’initiative citoyenne fustigeait le choix du conseil communal, effectué «sans consulter au préalable les citoyens, ce que nous ne pouvons et ne voulons pas accepter». «La plupart des habitants étaient vraiment mécontents que cette décision ait été prise juste au niveau du conseil communal, ils étaient vraiment déçus», se rappelle Anouk Wagner.
Sonnés, en deux temps, par un vote qui leur échappe, les citoyens mécontents se sont mobilisés «pour une décision démocratique» en lançant une pétition afin de réclamer la tenue d’un référendum sur le choix à prendre pour le projet Nordstad.
«Une belle surprise»
Moins d’un mois plus tard, l’ampleur de la mobilisation en a surpris plus d’un, à commencer par le bourgmestre Patrick Mergen. «Peut-être qu’il a cru que nous n’aurions pas tellement de succès avec cette pétition», glisse Anouk Wagner, qui se réjouit d’avoir largement dépassé le seuil des 20 % d’électeurs nécessaires pour exiger un référendum. «Nous avons atteint 36,6 % des électeurs, cela représente plus de 600 personnes. C’est une belle surprise», se réjouit-elle. La commune compte en effet 3 093 habitants, dont 1 694 électeurs.
«C’était aussi une belle surprise sur le plan démocratique, un bel exemple de démocratie vivante. Chaque personne avait son avis personnel dans des discussions très encourageantes, avec un bon niveau de maturité. Nous avons vraiment respecté l’opinion de l’autre.» Afin d’accomplir cette démarche de démocratie directe, les membres de Pro Referendum ont sillonné toutes les rues de la commune et tenu quelques permanences physiques.
Le tout avec, comme point d’honneur, une neutralité sur l’éventuelle fusion Nordstad. Sur Facebook, comme sur le pas de la porte des habitants visités, «pas de discussion pour ou contre». Le seul enjeu était de stimuler la participation citoyenne. Parmi les signataires, l’état d’esprit est le même : «Certains sont contre la Nordstad, mais ils trouvent que cela doit être une décision prise par tout le monde.»
Un référendum avant mars
Le bourgmestre, qui a toujours reconnu le caractère légitime de la démarche, l’avait annoncé en amont : un référendum devra être organisé dans les trois prochains mois, après vérification des signatures. Tous les électeurs de Bettendorf y participeront, mais le résultat n’aura qu’un caractère consultatif. «Avec toutes les informations, peut-être qu’ils choisiront un bon chemin pour toute la commune», espère en tout cas Anouk Wagner. «Nous ne faisons pas un référendum pour rien, c’est beaucoup de travail.»
Que la commune reprenne les discussions sur la fusion Nordstad ou que les habitants partagent l’opinion du conseil communal, l’essentiel est ailleurs pour Pro Referendum. «Au moins, les gens pourront dire qu’ils ont participé à ce choix. Pour l’instant, nous avons pris une décision qui pèse lourd sur l’avenir de la commune dans les dix prochaines années», insiste Anouk Wagner.