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Un promoteur se sent visé par déi Lénk


Le promoteur Nico Arend est persuadé qu’il est représenté sur cette affiche de déi Lénk. Le parti affirme ne pas le connaître.  

Sur les dix affiches électorales de déi Lénk, très stéréotypées, une seule a fait sursauter un promoteur qui a cru se reconnaître, brassant des billets de banques. Il a déposé plainte.

L’important promoteur immobilier Nico Arend s’est vu assis sur des sacs de billets de banque, caricaturé façon oncle Picsou, sur les affiches électorales des dernières législatives du parti déi Lénk. Il s’est reconnu, associé au slogan réclamant une plus grande justice fiscale en imposant les millionnaires et en exemptant les smicards.

Déi Lénk, plus quatre responsables politiques et élus à titre personnel, David Wagner, Marc Baum, Gary Diderich et Carole Thoma, ont reçu une assignation fin avril.

Le parti avait déjà cité le promoteur dans sa brochure électorale concernant le logement en se référant à la note numéro 32 de l’Observatoire de l’habitat consacré aux plus grands propriétaires fonciers du pays.

Sur les dix affiches stéréotypées, une est consacrée à la justice fiscale. «On a demandé au graphiste de représenter un gros patron qui brasse de l’argent», affirme innocemment le député David Wagner.

En septembre dernier, avant l’échéance électorale, déi Lénk avait déjà reçu un courrier des avocats de Nico Arend, enjoignant le parti à retirer les affiches sur lesquelles le promoteur pensait être représenté.

«Personne n’a bougé, en plus nous étions à deux semaines des élections et nous n’avions rien à nous reprocher», raconte le député David Wagner. C’est ce que le parti a fini par expliquer aux avocats du promoteur qui exigeaient une prise de position. L’affaire n’avait pas été enterrée pour autant, contrairement à ce qu’imaginait la Gauche.

Après un silence de six mois, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée pour atteinte à la vie privée et droit à l’image. «Notre intention n’était pas de l’attaquer, et le stéréotype du patron qui figure sur les affiches ne concerne pas la politique du logement mais la politique fiscale», se défend le député.

Sauf que le promoteur a également été épinglé pour escroquerie fiscale, condamné une première fois en 2009 à une peine d’amende de 550 000 euros pour avoir tenu une caisse noire, puis en 2022 pour avoir voulu, maladroitement, trop optimiser.

«Il est le seul à s’être reconnu parce qu’il n’est pas une célébrité mondiale non plus, même s’il est super riche», affirme David Wagner. Il suffit, selon lui, de lancer une recherche sur le net pour constater que l’image d’un grand patron renvoie souvent à un homme quinquagénaire, cheveux courts et lunettes. C’est à peu près la description de Nico Arend, sauf que ce dernier a fêté ses 74 ans en ce début d’année.

Le promoteur réclame un dédommagement de 50 000 euros. Le parti s’étrangle en découvrant cette somme, mais se rassure, persuadé d’être dans son bon droit. «Je me demande quel préjudice ont pu lui causer ces affiches, parce qu’il n’a pas perdu un seul centime à cause de nous», s’interroge l’élu.

Une «procédure bâillon»

Le parti déi Lénk considère que la procédure engagée n’est rien d’autre qu’une tentative de vouloir museler le parti. «C’est une procédure bâillon, en fait, d’autres essayent aussi de faire taire des journalistes. Ils sont tous un petit peu nerveux avant les élections européennes», observe David Wagner. Le député Marc Baum dresse la liste de tous les journalistes poursuivis par des grands patrons pour avoir révélé leurs activités hors des clous.

Encore une fois, David Wagner insiste sur cette plainte de Nico Arend, un homme qu’il aurait pu croiser dans la rue sans savoir qu’il était cet important promoteur immobilier. «Les seuls que je reconnais c’est Flavio Becca parce qu’il est très médiatique et Giorgetti parce qu’il m‘a engueulé une fois», s’amuse-t-il.

Vu que le promoteur cherche à intimider ses adversaires, selon déi Lénk, le parti a donc organisé une conférence de presse. «On a voulu montrer qu’on a le droit de faire ce qu’on a fait et qu’on ne va pas se laisser intimider», prévient le député, soulignant au passage que le courrier qui leur a été adressé était plutôt bâclé.

«Il y a certaines formulations originales et une curiosité concernant les personnes poursuivies. Que ce promoteur poursuive déi Lénk, pourquoi pas, mais Marc Baum et moi-même n’étions pas députés lors de la dernière campagne des législatives.»

La procédure au civil est lancée, reste à voir sur quoi elle va déboucher. Mais, l’affaire est assez inédite. «C’est la première fois que cela nous arrive en 25 ans d’existence», souligne d’ailleurs Marc Baum.

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