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Un plaidoyer pour une autre agriculture


De g. à d. : Roger Schauls (Méco), Daniela Noesen (Bio Vereenegung), Claudine Felten (natur&ëmwelt), Birgit Engel (Action Solidarité Tiers Monde) et Martina Holbach (Greenpeace).

La plateforme Meng Landwirtschaft, constituée d’ONG spécialisées dans l’alimentation ou l’environnement, alerte une fois de plus sur le modèle agricole luxembourgeois, à bout de souffle, selon elle.

À l’abri du soleil sous les arbres de la Maison de la nature à Kockelscheuer, hier matin, des représentants des organisations membres de Meng Landwirtschaft («mon agriculture») attendent pour prendre la parole, l’un après l’autre, derrière un grand pupitre. Ils dévoilent tour à tour leur quatrième et dernière édition du «Plaidoyer pour une politique agricole équitable et résiliente», destinée aux responsables politiques luxembourgeois et européens. Le cadre est bucolique à souhait, mais l’auditoire est clairsemé. «L’écologie intéresse moins que le pouvoir d’achat, la situation mondiale ou le logement», regrette l’un des organisateurs.

Pourtant, les intervenants de natur&ëmwelt, Greenpeace, Bio Vereenegung, ASTM et Mouvement écologique, dressent un bilan préoccupant dans ce plaidoyer, qui arrive à mi-parcours de la politique agricole commune (PAC) 2023-2027 : «Le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité se sont accélérés, zéro pour cent des cours d’eau au Luxembourg et seulement 50 % des eaux souterraines sont de bonne qualité», indique Claudine Felten, la directrice de natur&ëmwelt. «Cela est dû, au moins en partie, à l’agriculture comme elle est pratiquée aujourd’hui», reprend-elle. Le constat est unanime : le modèle agricole luxembourgeois «n’assure ni la protection de l’environnement ni la sécurité alimentaire».

Ce n’est pas la première fois que Meng Landwirtschaft, fondée en 2010 et qui regroupe désormais 19 associations, tente d’alerter l’opinion sur ces enjeux et de proposer des modèles différents. En quoi ce plaidoyer est-il différent des trois précédents? Il actualise l’ensemble des données chiffrées sur l’état de l’agriculture, la biodiversité, l’utilisation des sols et les émissions de gaz à effet de serre, répond Martina Holbach, de Greenpeace. Mais, ajoute-t-elle, «je crois que de la première édition jusqu’à aujourd’hui, on demande les mêmes choses : une réorientation de la politique et surtout la réorientation de l’argent public vers des biens communs comme la protection de l’environnement, la protection du climat, mais aussi la protection de l’agriculture paysanne, qui est en train de disparaître».

Le collectif formule en huit points «des approches concrètes pour une agriculture au service de l’homme, des animaux et de l’environnement», résume Meng Landwirtschaft. La plateforme pointe, par exemple, la nécessité de reconnecter la production locale et la consommation pour répondre à la demande croissante en produits biologiques, de diversifier et renforcer la production locale et d’ancrer l’alimentation saine dans la société. L’agriculture et l’alimentation doivent enfin être pensées ensemble, et les métiers agricoles revalorisés.

Une vache de spécialisation

«Les subsides distribués aujourd’hui ne protègent ni le climat ni notre souveraineté alimentaire. Ils encouragent un modèle qui épuise nos sols et nos eaux», insiste Martina Holbach. Et de dénoncer un système hyper-spécialisé dans l’élevage bovin, fortement émetteur de gaz à effet de serre et dépendant des subventions. Les organisations rappellent que plus de la moitié des 1 822 exploitations du pays sont consacrées au lait de vache ou à la viande bovine, occupant 76 % de la surface agricole utile. Et tandis qu’une part importante de la production laitière est exportée, le pays reste dépendant pour d’autres produits alimentaires. Enfin, cette spécialisation capte plus de 84 % des aides agricoles, ce que le gouvernement justifie par le fait qu’elle «exploite au mieux les prairies et pâturages».

Meng Landwirtschaft estime que la PAC actuelle offre déjà des marges pour soutenir une agriculture plus durable, mais qu’elles ne sont pas utilisées. Le collectif, qui avait déjà demandé en octobre dernier à la ministre de l’Agriculture, Martine Hansen, d’engager un dialogue réellement inclusif en ouvrant les «Landwirtschafts und Ernährungsdësch» (tables rondes agricoles et alimentaires) à la société civile, n’a pas encore reçu de réponse.

La brochure «De nouvelles racines pour notre agriculture – plaidoyer pour une politique agricole équitable et résiliente» est disponible sur meng-landwirtschaft.lu.

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