Deux affaires, deux prévenus différents, mais une constante. Ils éludent les passages à l’acte qui leur sont reprochés. Chacun à sa manière : victime d’un complot ou erreur judiciaire.
Il voulait sortir de la maison, elle ne voulait pas. Alors elle a caché les clés et cela n’a pas plu à son ancien compagnon. Rafael, 25 ans, est accusé de l’avoir rouée de coups, après s’être assis sur elle, et de l’avoir étranglée jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse. Le Brésilien l’aurait également menacée de transmettre une photographie d’elle à un trafiquant de drogue pour qu’il la tue. À la suite de cela, il a été expulsé du domicile familial avant d’être incarcéré. Dix-sept jours plus tard, il a violé cette interdiction en revenant au domicile à 1 h du matin le 21 janvier dernier.
Rafael voulait boire un café, récupérer son contrat de téléphonie ou sa voiture. C’est selon les versions. «Le tribunal va choisir quelle histoire retenir», note le président. Le fait est que les policiers ont trouvé le prévenu en bas de son immeuble cette nuit-là. Il avait déjà suivi son ancienne compagne et leurs enfants sur le chemin de l’école quelques jours plus tôt, selon la représentante du parquet.
À la barre de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, elle «oublie», élude ou «minimise» les faits. La jeune femme livre une version édulcorée de celle donnée aux policiers. La représentante du parquet a indiqué avoir remarqué des clins d’œil échangés entre la victime présumée et Rafael.
«Il n’y a pas eu de coups.» Pour la défense, qui s’engouffre dans la brèche, la victime présumée aurait monté un incident en épingle pour obtenir le divorce. L’avocat l’accuse d’avoir inventé des faits pour étoffer le dossier et demande l’acquittement ou un sursis intégral en faveur de Rafael. Le parquet s’y oppose. La magistrate a requis une peine de 30 mois de prison et une amende appropriée à son encontre pour coups et blessures volontaires. Des photographies prises par les policiers montrent une jeune femme au corps parsemé d’hématomes.
Le parquet «mou du genou»
Mohamed ne comprend pas non plus pourquoi il est en prison depuis le lendemain de Noël dernier. Il prétend être innocent et s’être simplement trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. «Je me promenais au centre-ville pour faire des photographies des décorations de Noël pour les envoyer à ma famille», explique le jeune marocain de 22 ans. «La police est arrivée et m’a accusé de vol.»
Sa victime présumée lui rafraîchit la mémoire. Le 26 décembre dernier, Oscar, 16 ans, attendait des amis à l’angle des rues du Curé et du Fossé à Luxembourg-ville. «Un groupe de quatre personnes est arrivé vers moi. L’une d’elles a passé le bras autour de mon cou et m’a demandé une cigarette. Elle m’a ensuite donné un coup sur le pied et a arraché ma chaîne en or», a témoigné l’adolescent qui a reconnu Mohamed formellement comme son agresseur.
Cela a suffi au parquet pour le considérer comme coupable et requérir une peine de 18 mois de prison assortie du sursis partiel et d’une amende appropriée. Mais pas à la défense qui traite le parquet de «mou du genou». «La science démontre le contraire et trois individus sur quatre sont encore dans la nature», indique l’avocat de Mohamed. «Le dossier manque de sérieux. Le parquet n’a pas fait le nécessaire pour condamner le bon suspect.»
L’ADN de son client n’a pas été retrouvé sur sa victime qui, comme ses trois complices présumés, était vêtue de noir, et les images des caméras de vidéosurveillance n’ont pas été exploitées. Ce qui permet à l’avocat de mettre en doute son implication dans les faits et de réclamer son acquittement.
Les deux prononcés sont fixés au 28 mai prochain.