Les unités de police locale sont sur les rails. Le projet pilote lancé à l’été 2024 a donné de bons résultats et les députés veulent croire à leur efficacité. Mais il faudra y mettre plus de moyens humains.
C’est fait, l’unité de police locale a finalement été accueillie à la quasi-unanimité, hier, par les députés. Elle s’inscrit dans le principe des «4 P», pour plus de personnel, plus de présence, proche des citoyens et plus de prévention. Le projet pilote lancé à Luxembourg et à Esch-sur-Alzette a montré une amélioration du sentiment de sécurité et de la sécurité réelle des citoyens.
Depuis, une unité de police locale a été mise en place l’été dernier à Grevenmacher, la commune du ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, ce qui a fait ricaner quelques députés. Léon Gloden n’était pas amusé du tout, rappelant que Grevenmacher couvrait une bonne partie de la région mosellane. Le commissariat Museldall couvre huit communes, à savoir : Grevenmacher, Mertert, Manternach, Biwer, Flaxweiler, Wormeldange, Lenningen et Stadtbredimus.
Le rapporteur, Laurent Mosar, a rappelé que la notion de «proximité» ne figurait plus dans la loi depuis la réforme de la police de 2018, raison pour laquelle le gouvernement voulait y remédier. Un audit de l’Inspection générale de la police a constaté que les agents de police sont occupés à 80 % voire 90 % par des interventions et du travail administratif, ce qui limite leur disponibilité pour le travail de proximité et de prévention. L’unité de police locale aura pour tâche principale d’assurer la sécurité des citoyens et de prévenir les incidents en assurant une présence policière visible dans des endroits stratégiques définis à l’avance.
Les patrouilles de police locale sont principalement déployées en journée du lundi au samedi, ainsi que les dimanches en fonction des besoins opérationnels. Ce sont des patrouilles complémentaires aux patrouilles de présence policière exécutées d’office.
Le gouvernement a dû revoir sa copie initiale à la suite de différents avis, dont celui du Conseil d’État et du Syndicat des villes et communes (Syvicol). À l’origine, l’unité de police locale devait être placée sous l’autorité communale, mais la Haute Corporation s’y est formellement opposée.
Le Syvicol regrette que la création d’une unité de police locale incombe uniquement au directeur général de la police. Il demande également des critères plus précis pour la création d’une telle unité, comme l’ont demandé plusieurs députés. Des précisions sont aussi requises quant aux devoirs et spécificités de l’unité de police locale.
Lydie Polfer, la bourgmestre de la capitale, s’est réjouie de cette nouvelle unité, mais demande plus de moyens humains eu égard à la hausse de la criminalité. Les verts ont critiqué le manque de moyens également. Ils avaient fait remarquer, en commission, qu’il aurait été judicieux de définir dans le texte de la loi les missions de l’unité de police locale et de préciser les critères sur base desquels une telle unité peut être déployée. Ils n’ont pas obtenu satisfaction, la majorité ayant souligné que les missions des autres unités et services de la police grand-ducale ne sont pas énumérées dans la loi de 2018.
Le retour des «gendarmes»
Cette même loi ne contient pas non plus de disposition précisant les critères pris en compte dans le cadre de la création de commissariats de police sur le territoire des communes.
Le député Michel Wolter a estimé que cette unité de police locale allait remplacer les gendarmeries d’antan, qui avaient disparu pour se fondre dans un seul corps de police. Il juge que cette décision fut une erreur et le rapport d’audit de l’Inspection générale de la police portant sur l’impact de la réorganisation territoriale de la police grand-ducale ne lui donne pas tort.
Selon ce rapport, la présence policière et le manque d’actions préventives sont en déclin depuis l’entrée en vigueur de la loi modifiée du 18 juillet 2018 sur la police grand-ducale. Le CSV a longtemps revendiqué le retour de la police de proximité, voilà qui est fait.
Reste à savoir dans quelles communes de telles unités seront déployées à l’avenir.