Le ministre des Finances, Gilles Roth, a dévoilé mercredi les contours d’un paquet fiscal qui doit en premier lieu profiter aux ménages monoparentaux et aux bas salaires.
«Pour sortir de la polycrise, nous voulons non pas charger davantage les citoyens et les entreprises, mais les soulager. L’allègement fiscal que nous envisageons va créer une nouvelle dynamique, un nouvel élan et une nouvelle croissance. La consommation sera dopée, tout comme les investissements.»
C’est sur cette équation que repose le vaste paquet fiscal ficelé par le ministre des Finances, Gilles Roth (CSV), et validé mercredi par le Conseil de gouvernement. «Il s’agit d’un signal politique clair. Ce n’est pas un pari aveugle sur l’avenir, mais un investissement dans les personnes, les entreprises et surtout l’avenir du pays», souligne le trésorier en chef de l’État.
Le paquet, baptisé «Entlaaschtungs-Pak», vise à remplir cinq objectifs : augmenter le pouvoir d’achat des ménages, renforcer la compétitivité des entreprises et de la Place financière, encourager l’attraction de talents, doper la croissance économique, notamment dans la perspective de consolider l’État social, et améliorer la cohésion sociale tout comme le vivre-ensemble.
Le salaire minimum non qualifié exonéré
Comme annoncé lors de la déclaration sur l’état de la Nation, le barème d’imposition sera une nouvelle fois adapté à l’inflation. Plus concrètement, deux nouvelles tranches indiciaires seront neutralisées, avec à la clé des gains pour l’ensemble des contribuables. «Si les gens bénéficient d’un pouvoir d’achat renforcé, ils vont consommer davantage, ce qui va aussi profiter à l’économie», affirme Gilles Roth, tout en précisant qu’«en termes de pourcentage, ce sont toujours les plus bas salaires et les ménages monoparentaux qui profitent le plus d’un tel soulagement fiscal».
Un accent particulier est, en effet, mis sur les personnes possédant le plus grand risque de tomber dans la pauvreté. À commencer par les ménages monoparentaux. La méthode de calcul est complexe, mais en fin de compte, bon nombre de monoparentaux vont pouvoir être exonérés d’impôts, notamment grâce à une révision des crédits d’impôt dont ils peuvent bénéficier.
L’exonération fiscale des bénéficiaires du salaire social minimum non qualifié est vue comme un «pas historique». «Je suis particulièrement fier que nous ayons réussi à réduire, de manière substantielle, la charge fiscale des ménages avec une adaptation à l’inflation du barème d’imposition.
Avec l’exonération fiscale du salaire social minimum non qualifié et des familles monoparentales jusqu’à un salaire brut annuel de plus de 50 000 euros, le gouvernement souligne par ailleurs l’importance qu’il accorde à la lutte contre la pauvreté et contre la pauvreté des enfants», développe le ministre des Finances.
Réforme fiscale : du neuf dans un an
Une autre mesure majeure est la déductibilité fiscale de l’intégralité des intérêts débiteurs sur les prêts immobiliers pour l’acquisition d’une habitation existante, y compris dans le cadre de crédits-relais, à partir de l’année d’imposition 2024. En outre, l’abattement fiscal pour charges extraordinaires pour les enfants ne faisant pas partie du ménage passera de 4 422 euros à 5 424 euros par an et par enfant à partir de 2025.
Le paquet fiscal dévoilé mercredi, et qui doit donc entrer en vigueur au 1er janvier prochain, ne serait qu’une étape intermédiaire vers la grande réforme fiscale, avec à la clé une individualisation de l’imposition. «Je me suis engagé haut et fort à réaliser cette réforme dans les meilleurs délais. Les travaux vont bon train au ministère des Finances et à l’administration des Contributions directes. De premiers modèles devraient pouvoir être prêts au plus tard dans un an», annonce le ministre Gilles Roth.
Quels gains pour qui ?
FAMILLES Une famille avec 2 enfants et appartenant à la classe d’impôt 2 dont le salaire brut annuel s’élève à 75 000 euros paiera 4 024 euros d’impôts en 2025 au lieu de 4 718 euros en 2023. Il s’agit d’une économie de 694 euros ou -14,7 % par rapport à sa situation en 2023, et d’une économie de 444 euros ou -9,9 % par rapport à 2024.
La même famille avec un salaire brut annuel de 125 000 euros paiera 16 358 euros d’impôts en 2025. En tout, 2 793 euros ou -14,6 % d’impôts en moins qu’en 2023, et 1 460 euros ou -8,2 % d’impôts en moins qu’en 2024.
CÉLIBATAIRES Un célibataire avec un salaire brut annuel de 50 000 euros paiera 5 208 euros d’impôts en 2025 au lieu de 6 135 euros en 2023. Autrement dit, 927 euros ou -15,1 % d’impôts en moins qu’en 2023. Par rapport à 2024, il économisera 502 euros (-8,8 %) d’impôts.
MONOPARENTAUX Un ménage monoparental disposant d’un salaire brut annuel allant jusqu’à 52 400 euros et bénéficiaire de l’intégralité du crédit d’impôt monoparental (CIM) ne payera plus d’impôts en 2025. Le même ménage avec un salaire brut annuel de 50 000 euros sera créancier de l’État (impôt négatif de 614 euros) en 2025 au lieu de devoir 2 888 euros d’impôts en 2023 et 2 179 euros d’impôts en 2024.
Retrouvez davantage d’exemples de calculs et de détails sur le site internet du ministère des Finances.