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Un nouveau bachelor sage-femme ouvrira dès la rentrée à Belval


La table de dissection virtuelle de l’unité SimUL permettra aux élèves d’étudier toute l’anatomie de la femme enceinte. (Photos : Julien Garroy)

Dès septembre, une quinzaine d’étudiants en sciences maïeutiques intégreront cette formation innovante taillée sur mesure pour le Luxembourg, en pleine pénurie de sages-femmes.

Après l’ouverture du bachelor en médecine en 2020, puis de celui en sciences infirmières en 2023, l’Université du Luxembourg annonce le lancement, en septembre prochain, d’un bachelor en sciences maïeutiques destiné à former de futures sages-femmes.

Une formation développée spécifiquement pour s’adapter aux besoins du terrain, alors que le Luxembourg est confronté à une grave pénurie de sages-femmes ces dernières années.

«À l’image d’autres métiers de la santé, le métier n’attire plus, vu la pénibilité et les journées de travail qui incluent week-ends et jours fériés», pointe Kristel von Laufenberg, secrétaire de l’Association luxembourgeoise des sages-femmes (ALSF).

Une crise amplifiée par l’application de nouveaux tarifs depuis 2022, une mesure pourtant destinée à rendre la profession plus attractive.

«La nouvelle nomenclature a rendu l’exercice en libéral plus intéressant financièrement, avec des conditions de travail moins stressantes. Donc beaucoup d’entre nous ont préféré quitter l’hôpital et il manque maintenant des sages-femmes dans ces établissements.»

Le problème des langues

Aujourd’hui, elles seraient ainsi à peine plus de 200 pour tout le pays, selon l’ALSF, dont deux tiers de travailleuses frontalières. Ce qui pose un autre problème : celui des langues.

«En salle d’accouchement, c’est dur pour les mamans de s’exprimer dans une langue qu’elles ne maîtrisent pas. Ça peut rendre les choses très difficiles», poursuit la sage-femme.

D’où la volonté de proposer un programme qui mixera trois langues, le français (50 %), l’allemand (30 %) et l’anglais (20 %), et sera dispensé par des enseignants luxembourgeois, afin de coller aux réalités locales.

Pour ce faire, l’ALSF, comme d’autres partenaires – École nationale de santé, sages-femmes cadres des maternités du pays, pédiatres, gynécologues, experts –, a collaboré avec l’université pour concevoir une formation sur mesure, axée sur la pratique.

«Ce sera un bachelor made in Luxembourg, pour répondre aux besoins du Luxembourg», assure Ali Ghanchi, professeur à la tête de ce nouveau cursus.

«On a construit un programme qui prend en compte le contexte clinique et les besoins de la population, et qui place les multiples compétences du métier de sage-femme au centre.»

«Couteau suisse» de la périnatalité

Car la profession requiert des connaissances et un savoir-faire très étendus, allant de la contraception, puis du suivi de la grossesse jusqu’à l’accouchement et les soins médicaux de la mère et du nouveau-né, en passant par la prescription et la réalisation de certains médicaments et examens biologiques ou encore le dépistage des pathologies prénatales.

«Comme un couteau suisse de la santé de la mère et de l’enfant», caricature Ali Ghanchi, ajoutant que les sages-femmes sont aussi en première ligne lorsqu’il s’agit d’aborder avec leurs patientes la santé mentale, les addictions ou la violence domestique.

Enfin, elles peuvent se retrouver dans des situations d’urgence où il est question de vie ou de mort : «Il faut être capable de prendre les bonnes décisions.»

47 semaines de stage 

Au fil des quatre années que compte le bachelor (240 ECTS), les mêmes thématiques seront abordées, de plus en plus en profondeur, en ligne avec les standards européens, et un total de 47 semaines de stage sera à effectuer.

L’approche pédagogique mise sur l’immersion et l’enseignement en petits groupes, «ce qui est assez unique», souligne l’un des professeurs. La première promotion comptera 15 étudiants, mais l’université espère rapidement pouvoir offrir plus de places.

Les inscriptions sont en cours et se poursuivent jusqu’en juillet.

L’unité SimUL mise à profit

Le bachelor sage-femme, qui prône l’apprentissage par imitation et mise en situation, pourra profiter du laboratoire de simulation de l’université, baptisé SimUL et utilisé aussi par les autres filières médicales. Il compte une douzaine de salles, dotées d’un matériel de pointe. «On a ici des équipements dont le prix monte à six chiffres», sourit Christian Grevisse, coresponsable de l’unité.

«Une table de dissection virtuelle pour l’anatomie, des espaces dédiés aux scénarios de simulation, avec mannequins, caméras et régie, pour analyser les gestes a posteriori. Salle de pédiatrie, avec couveuses, incubateurs et dispositif de réalité augmentée pour étudier les étapes d’un accouchement.»

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