Le Statec s’est penché sur le niveau d’éducation de la population du Luxembourg entre 2011 et 2021 et livre ses conclusions dans un document publié ce vendredi. Il apparaît que les origines des répondants à cette enquête jouent un rôle important.
Droit fondamental indispensable pour le développement humain et l’essor socioéconomique d’un pays, l’éducation est au centre du dernier rapport publié par le Statec. L’Institut national de la statistique, l’Uni et le Liser ont en effet étudié de près l’évolution du niveau d’éducation de la population du Luxembourg sur une dizaine d’années. Et dans un pays où près d’un résident sur deux est né à l’étranger, les chercheurs se sont concentrés sur le degré de diplômes obtenus selon les origines des participants à l’étude.
Premier enseignement de l’étude : près de la moitié des adultes de moins de 40 ans ont poursuivi leurs études après le baccalauréat et 28 % ont le niveau master ou plus. Le niveau d’éducation de la population résidente a augmenté : la part des diplômés du supérieur est passée de 27,9 % à 37,2 % en dix ans, soit une croissance de 9,4 points de pourcentage, «ce qui est considérable», écrit le Statec.
De fait, la part des résidents de niveau du fondamental décline en passant de 35,6 % à 25,7 % de la population. Au niveau intermédiaire des diplômes, la part des résidents de niveau baccalauréat reste stable autour de 37 % de la population répondante. Mais en regardant dans le détail ces données, des différences entre les natifs du Luxembourg et de l’étranger sont apparues.
Ainsi, 47,4 % des personnes nées au Luxembourg et ayant répondu à l’enquête sont diplômées du secondaire, 22,8 % possèdent un diplôme du fondamental, 16,6 % sont titulaires d’un bachelor et 13,2 % détiennent un master ou plus.
Plus de titulaires d’un master parmi les étrangers
Quant aux personnes nées à l’étranger, elles sont «davantage représentées aux deux extrêmes de la répartition des diplômes» et «constituent l’essentiel de la main-d’œuvre hautement diplômée au Luxembourg». Les moins diplômées forment 28,6 % de cette population, tandis que les titulaires d’un master et plus représentent 27,8 % (soit 14,6 points de pourcentage de plus que les natifs). L’une des explications de cet écart peut être liée au fait que les personnes nées à l’étranger sont plus jeunes, ce qui joue sur le niveau de diplôme.
Les différences sont encore plus marquées sur les immigrés arrivés récemment au Luxembourg. La proportion de titulaires d’un master et plus s’élève à 43,3 % pour les immigrés arrivés au cours des cinq dernières années, et 34,2 % pour ceux qui résident au Luxembourg depuis six à onze ans. Les parts les plus élevées de titulaires d’un master et plus sont observées chez les personnes nées dans les pays voisins du Luxembourg (dont 45,6% de France, 37,5 % de Belgique et 33,8 % d’Allemagne).
Le niveau d’éducation de la population née à l’étranger varie fortement selon leur lieu de naissance. «Le niveau de diplôme moyen des migrants augmente avec le niveau de développement du pays d’origine, mais aussi avec la distance géographique entre les pays, l’absence de lien historique avec le pays d’origine ou avec la nécessité d’obtenir un visa d’entrée», précise encore le rapport.
Une conférence sur ce thème est prévue le lundi 7 octobre au Liser à 14 h. Le rapport est consultable sur le site du Statec.
Le rapport compare aussi les différences de niveau de diplôme entre les femmes et les hommes. Dans l’enseignement supérieur, les femmes rattrapent rapidement leur retard historique, écrivent les chercheurs : en 2021, la proportion d’hommes ayant atteint le niveau master et plus est de 22,2 % et de 19,3% chez les femmes, contre respectivement 17,1 et 13,4% dix ans plus tôt. L’écart s’est réduit d’un tiers. Au niveau du bachelor, les écarts se sont inversés, à l’avantage des femmes. En 2011, 11,8 % des femmes et 13,4 % des hommes avaient obtenu un diplôme de bachelor, tandis qu’en 2021, ces proportions se sont élevées à 16,9 % pour les femmes et 16,1 % pour les hommes.
Rien d’étonnant à ce constat: dans une polpulation petite comme celle du Luxembourg, la proportion des gens très intelligents et très diplômés ne peut qu’être faible, comme partout ailleurs.
Pour ceux qui viennent de l’étranger un tri se fait grâce aux salaires élevés du Luxembourg.