Un mois pour réfléchir à sa relation avec l’alcool

Pour la troisième année, la Fondation Cancer lance le «Sober Buddy Challenge». Pendant un mois, les participants tenteront de ne pas boire une goutte d’alcool.

Ne pas consommer d’alcool du 1^er au 31 janvier est-il en passe de devenir un phénomène de société? À l’accueil du centre Äddi·C, spécialisé dans la prise en charge de l’addiction à Luxembourg, le constat est sans ambages : «Nous recevons beaucoup d’appels à cette période de l’année, les gens veulent obtenir des informations ou être pris en charge. C’est plus facile d’en parler.» Appelé «Dry January» dans de nombreux pays, le défi que représente le fait de ne pas consommer un seul verre d’alcool pendant le premier mois de l’année s’intitule le «Sober Buddy Challenge» au Luxembourg.

«Nous ne voulions pas imposer l’interdiction stricte de boire d’alcool pendant 31 jours, mais faire réfléchir», explique Lex Schaul, interrogé sur cette différence de nomination. Le professionnel de santé publique à la Fondation Cancer qui a adapté et lancé cette initiative au Luxembourg il y a trois ans poursuit : «Après les fêtes de fin d’année, les personnes remettent en question leur consommation d’alcool et profitent de la nouvelle année pour relever le challenge.» Et si l’idée de ne pas boire d’alcool durant un mois peut s’avérer pour certains compliquée, les participants ont la possibilité de prendre cette résolution en groupe. Ainsi, un buddy apportera son soutien quand le besoin s’en fera sentir.

Pour Lex Schaul, l’intérêt de relever ce défi en groupe est bien réel : «Faire le « Sober Buddy Challenge » en famille, entre amis ou collègues de travail apporte une dynamique, un facteur de cohésion.» Cette année, la Fondation Cancer a même créé une page Facebook pour faciliter l’interaction entre les participants et qu’ils trouvent toutes sortes de conseil et astuces pour aller jusqu’au bout du challenge. Quelle est la principale difficulté rencontrée lors de ce mois d’abstinence? Le professionnel de santé répond sans hésiter : «L’aspect social», car bien souvent sortir de chez soi signifie se trouver tenté par l’alcool, «surtout chez les plus jeunes qui ont plus de difficultés à résister à l’effet de groupe». D’ailleurs, l’Horesca, la Fédération nationale des hôteliers, restaurateurs et cafetiers, n’a pas connaissance de restaurants ou bars proposant des formules spéciales liées à ce challenge, mais se déclare «consciente du fait qu’il y a une tendance en début d’année de vivre plus de modération».

Jusqu’à présent, plus de 3 700 personnes, de tous âges, ont participé au «Sober Buddy Challenge». La plupart d’entre elles ont réussi à tenir plus de trois semaines, ce qui leur a permis d’observer les bénéfices à court terme de l’arrêt de l’alcool. Les participants ont déclaré avoir gagné une meilleure qualité de sommeil, un teint plus éclatant et réalisé des économies. En moyenne, 47 % d’entre eux ont déclaré avoir un meilleur sommeil, 32,5 % une perte de poids et 26 % se concentraient plus facilement. Mais surtout, 86,5 % des participants ont déclaré que ce défi allait changer leurs habitudes et en moyenne 92,5% d’entre eux se sont dits prêts à retenter l’expérience.

Se lancer un tel défi autour de la consommation d’alcool n’a rien d’anodin. Dans son magazine Info Cancer de décembre 2020, la Fondation Cancer indiquait qu’après le tabac, l’alcool est le deuxième facteur de risque de cancer. La consommation d’alcool peut être responsable d’au moins six cancers, mais entraîne aussi d’autres maladies comme la cirrhose et la pancréatite. La Fondation Cancer recommande donc de réduire la consommation d’alcool ou mieux encore, de ne pas en boire du tout. En effet, le risque de cancer accroît dès le premier verre d’alcool et plus vous en consommez, plus ce risque augmente.

Et si finalement le «Sober Buddy Challenge» était l’occasion de remettre à la mode ce slogan de Mister Cocktail, une marque de boissons sans alcool, datant des années 90, tombé en désuétude : «Sans alcool, la fête est plus folle»? Allez, chiche!