Ils sont plus de 1,1 milliard dans le monde sans existence officielle, faute de preuve d’identité. Privés de services de santé et d’éducation, les plus jeunes sont aussi victimes des pires violences, déplorent les organisations internationales.
Parmi ces «personnes invisibles» qui vivent essentiellement en Afrique et en Asie, plus d’un tiers sont des enfants dont la naissance n’a pas été enregistrée, a récemment déploré la Banque mondiale dans le cadre de son programme baptisé ID4D (Identification for Development).
Le problème est particulièrement criant dans les zones géographiques touchées par la pauvreté, la discrimination, les épidémies ou les conflits armés.
«Les causes sont multiples», souligne Vyjayanti Desai, qui dirige l’ID4D. Dans les pays en développement, dit-elle, l’une des principales raisons est la distance séparant les personnes des services de l’État.
C’est par exemple un obstacle majeur pour les populations d’Amazonie, où il faut cinq jours de bateau pour atteindre un service administratif.
En outre, les familles ne sont souvent tout simplement pas informées de l’importance de l’enregistrement à la naissance et des conséquences en cas de non-enregistrement, comme en Somalie, au Liberia ou en Éthiopie.
Et quand elles sont conscientes de la nécessité de déclarer une naissance, le coût peut être rédhibitoire pour des familles déjà très pauvres.
Enfance volée, identité dissimulée
Du coup, des millions d’enfants d’Afrique ou d’Asie n’ont leur premier contact avec l’administration que lorsqu’ils sont en âge d’aller à l’école. Le climat politique dissuade aussi de nombreuses familles d’accepter d’être officiellement identifiées.
Dans de nombreux pays, les naissances hors mariages ou consécutives à un viol sont, elles aussi, volontairement dissimulées par crainte de discriminations. En Chine, l’absence d’enregistrement à la naissance a longtemps été, là aussi, délibérée en raison de la politique de l’enfant unique, pour éviter des sanctions.
Or au-delà de ne pouvoir aller à l’école, ces enfants sont en proie à toutes sortes de violences: du travail forcé pour les garçons au mariage précoce pour les filles, dénonce depuis longtemps l’Unicef qui avait publié un rapport en 2013.
Pour combattre ce fléau, les organisations travaillent patiemment sur le terrain à l’identification de ces personnes «invisibles».
Plan International par exemple, qui a lancé il y a une dizaine d’années une campagne intitulée «Chaque enfant compte», a contribué à l’enregistrement de plus de 40 millions d’enfants dans 32 pays. Il a développé une stratégie via une application mobile: les chefs de villages peuvent télécharger une application pour notifier l’état civil des naissances et des décès dans leur village.
Le Quotidien/AFP