Il avait cambriolé plusieurs maisons dans l’est du pays. Arrêté à Remich en flagrant délit dans un supermarché début 2020, le toxicomane avait rendez-vous jeudi devant le tribunal correctionnel.
Un jus d’orange, des chaussettes, des caleçons… Ce n’est pas la liste avec laquelle Milos (44 ans) était allé faire légalement ses courses au supermarché à Remich, mais les objets avec lesquels il a été pris la main dans le sac après son passage en caisse. Ce flagrant délit du 23 janvier 2020 a permis de mettre fin à une série de cambriolages qu’il avait commis. Entre 2017 et l’été 2018, il s’était introduit dans trois maisons à Mondorf-les-Bains et dans une autre à Hesperange.
Relié par le profil des semelles de ses chaussures et ses traces ADN à ces quatre lieux de crime, le quadragénaire faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen (MAE) depuis avril 2019. Actuellement, il dort donc à Schrassig. Confronté au résultat des expertises, il était vite passé aux aveux lors de son interrogatoire devant le juge d’instruction. Des aveux qu’il a réitérés jeudi après-midi à la barre. L’affaire a donc vite pu être expédiée. On aura presque plus parlé de ses nombreux alias qui figurent au dossier, de la géographie de l’agglomération de Belgrade afin de clarifier son lieu de naissance, de ses antécédents en Allemagne et en Belgique… et du fait qu’il n’a jamais travaillé.
«C’est pour cela que vous devez commettre des vols pour survivre?» Le président n’y est pas allé par quatre chemins : «Actuellement avec le corona, c’est peut-être un peu plus compliqué de trouver un travail. Mais sinon, il faut peut-être juste se lever à 6 h du matin…»
Aujourd’hui, le prévenu voit la période passée en prison du bon côté. «La prison m’a fait du bien. Cela m’a permis de m’éloigner de la drogue et d’avoir le temps de réfléchir. Avant, je prenais 60 mg de méthadone, aujourd’hui, je suis à 10 mg.»
La drogue en échange de l’émeraude…
Les objets volés, il les vendait en effet pour payer sa dose. C’est également le sort qu’a connu un bijou dérobé à Mondorf. Sa propriétaire s’était déplacée à l’audience dans l’espoir d’apprendre qu’éventuellement il le détenait toujours. «C’est une émeraude fumée qui était un cadeau de mes enfants. Ils avaient économisé pour pouvoir me l’offrir. Et j’y tenais beaucoup. Vous étiez passé par derrière, par le balcon, pour entrer chez moi…» Son dernier espoir s’envolera avec la réponse du prévenu : «Je l’ai échangé contre de la drogue à l’Abrigado.»
Pour la défense, l’avenir de Milos n’est toutefois pas perdu. «Il a la chance d’avoir une famille soudée qui est même venue le voir en prison au Luxembourg. Elle pourra l’aider pour reprendre sa vie en main», plaidera Me Noémie Sadler. Soulevant les aveux et la coopération de son client dès son arrestation, elle demandera d’assortir la peine qui dépassera la période qu’il a passée en détention préventive du sursis.
Le parquet requiert 30 mois de prison
Mais pour le parquet, il faut garder à l’œil ses condamnations en Allemagne (2004) et en Belgique (1999). «Vu ses antécédents, il ne peut bénéficier d’un sursis intégral», estimera sa représentante. Elle demandera au tribunal de prononcer une «peine conséquente» pour qu’elle soit «dissuasive» : 30 mois de prison. Et d’ajouter : «S’il a une famille soudée, il peut comprendre qu’une victime peut se sentir violée par une telle intrusion dans son domicile.»
Les objets dérobés lors de cambriolages n’ont pas pu être retrouvés. Les articles volés au supermarché ont néanmoins pu être restitués, à l’exception de la bouteille de jus que le quadragénaire avait déjà entamée quand il a été arrêté.
La 7e chambre correctionnelle rendra son jugement le 27 mai.
Fabienne Armborst