Nelson n’a pas supporté la réaction de son épouse aux avances d’un inconnu. Convaincu qu’elle lui était infidèle, il l’a menacée de mort et a attendu son retour armé de sabres.
Un petit homme rondelet vêtu d’un t-shirt étriqué s’avance à la barre de la 13ᵉ chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Des brins de cheveux noirs s’échappent de la tresse qu’il porte en haut du crâne. Nelson, 40 ans, n’est pas assisté d’un avocat.
«Il ne semble pas avoir saisi la gravité de ses actes», d’après un policier intervenu à son domicile à Differdange dans la nuit du 31 mars dernier. Le prévenu est accusé d’avoir menacé son épouse avec un canif et de lui avoir causé des coups et blessures volontaires en la tirant par les cheveux sur le lit familial. «Certaines choses correspondent à la vérité. Je l’ai pointée avec le couteau, je ne l’ai pas blessée. Je ne l’ai pas poussée sur le lit. Elle était déjà assise», s’est défendu le prévenu d’origine portugaise.
Pourtant, cette nuit-là, le prévenu semble s’être déchaîné sur son épouse pour lui faire payer une réaction de sa part qu’il a jugée inappropriée face aux avances d’un homme. Le couple rentrait à pied d’une soirée dans un café et a été suivi par un inconnu qui leur a fait des avances sexuelles.
«Il nous a dit des gros mots», explique l’épouse, gênée de devoir répéter ces propos. «Personne ne lui a demandé d’arrêter?», la questionne la présidente. «Si, nous lui avons dit, mais il insistait.»
De retour à leur domicile, elle doit subir les foudres de son époux. «J’étais assise sur notre lit pour enlever mes chaussures. Il est arrivé avec un canif qu’il a pointé contre mon ventre, mon cou et un de mes bras avant de se calmer», témoigne la jeune femme de 35 ans.
«Il a recommencé un peu plus tard. Il m’accusait d’être infidèle.» Prise de panique, elle a abandonné son époux et est partie se réfugier chez une amie. «Madame a porté plainte contre le prévenu dès le lendemain», a précisé le policier qui l’a réceptionnée. Nelson l’aurait également prévenue qu’il allait «l’étriper» et qu’elle allait «voir qui va gagner».
Il l’attendait armé
Après le départ de son épouse, Nelson est allé chercher deux sabres japonais rangés au grenier et s’est installé avec eux sur le seuil de leur domicile. «Pour l’intimider», a estimé le policier. «J’ai reçu une alerte des caméras de vidéosurveillance sur mon smartphone. J’ai vu mon mari assis sur un fauteuil de jardin avec les deux katanas», précise l’épouse. «On dirait qu’il attendait votre retour», avance la présidente de la chambre correctionnelle.
Nelson lui aurait reproché «d’être de bonne humeur» et d’avoir un peu trop bien, selon lui, accueilli les avances de l’individu. Il en avait conclu qu’elles avaient dû lui plaire. «Il nous a proposé de faire un ménage à trois», a précisé le prévenu. «Il nous a suivis sur tout le chemin et n’a pas arrêté de nous embêter.»
«Votre épouse n’est pas responsable du comportement de cet homme», lui a indiqué la présidente. «C’était l’heure du diable. Je voulais savoir si elle avait une relation avec cet homme. Je voulais avoir le fin mot de l’histoire», a avoué Nelson, incapable d’expliquer pourquoi il est allé chercher les katanas.
Un mois et demi après cette nuit effrayante, le couple a repris sa vie comme si de rien n’était. «On est bien. Comme avant», a noté l’épouse. «Je crois en elle», a insisté le prévenu. «Je ne peux pas me permettre d’aller en prison. Je suis le seul qui travaille et je dois subvenir aux besoins de ma famille.»
Le prévenu n’a pas d’antécédents judiciaires et la famille n’était pas connue des forces de police. Sa jalousie l’a mis dans un état de rage tel qu’il aurait pu commettre l’irréparable. Pour le procureur, les faits ressortent du dossier et des aveux de Nelson qui a continué «les menaces de mort même après le départ de son épouse».
«Une telle réaction n’est jamais justifiée. Même après une dispute et surtout en présence d’enfants», a souligné le magistrat avant de requérir une peine de 15 mois de prison et une amende appropriée à l’encontre de Nelson. Il ne s’est pas opposé à un sursis à condition qu’il soit probatoire et accompagné d’un traitement contre les comportements violents.
Le prononcé est fixé au 6 juin prochain.