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Un homme est accusé d’avoir défenestré son épouse à Bereldange


Hamidou n’aurait pas supporté que son épouse puisse le tromper avec deux hommes différents.

Un homme de 57 ans est accusé d’avoir défenestré son épouse à la suite d’une dispute. Il prétend qu’elle a sauté seule pour lui échapper. Elle est depuis paraplégique.

Hamidou concède avoir giflé son épouse qu’il pensait infidèle. La jeune femme l’accuse de l’avoir frappée et étranglée avant de la pousser par la fenêtre de leur chambre à coucher, puis de l’avoir frappée à la tête et étranglée après la chute du premier étage de leur domicile de Bereldange. «Elle a ouvert la fenêtre pendant que j’étais agenouillé près du lit pour récupérer le smartphone qui était tombé au sol», raconte le Guinéen.

«Pourquoi la chambre à coucher était-elle fermée à clé avec un couteau de cuisine caché dans le lit? C’est que vous aviez tout organisé d’avance?», l’interrompt le président de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Non», lui répond le prévenu.

À son fils qui l’accompagnait l’après-midi des faits sur un chantier à Niederkorn, Hamidou aurait pourtant confié : «Tu vas être surpris des événements à suivre», a indiqué un enquêteur de la section homicide de la police judiciaire. Quelques semaines plus tôt, une des filles du couple avait lu par erreur une notification sur le téléphone de sa maman.

«Elle voulait se venger parce qu’elle n’avait pas eu le jouet qu’elle voulait et a parlé des messages à son père, qui lui aurait demandé de les photographier avec sa tablette et de les lui montrer. Il les a photographiés à son tour avec son téléphone», explique l’enquêteur. «Le contenu de ces messages ne nous a pas permis de conclure à une relation extra-conjugale ou à une rencontre. Plutôt à une grande complicité. Mais c’est sujet à interprétation. Pour nous, elle cherchait de la reconnaissance auprès de deux autres hommes.»

Accusé de tentative de meurtre, le prévenu prétend que son épouse a voulu se suicider. À la barre hier, il avance avoir eu le courage de sauter par la fenêtre à sa suite pour la secourir. Elle lui devrait, selon lui, la vie. Il se tourne vers elle et lui demande de dire la vérité. «Croyez-vous vraiment ce que vous nous dites?», demande le juge.

Apparement. Depuis ce 9 mai 2021 vers 18 heures, la victime présumée est en fauteuil roulant. La jeune femme, aujourd’hui paralysée, a passé un mois en soins intensifs avant d’être transférée au Rehazenter. Elle a subi une luxation de deux vertèbres cervicales.

La victime est paraplégique

«Deux des enfants du couple ont entendu leur mère appeler à l’aide. Ils ont défoncé la porte de la chambre à coucher qu’ils ont trouvée vide. En regardant par la fenêtre, ils ont vu leur père penché sur leur mère un étage plus bas», rapporte un inspecteur qui confirme que les volets de la fenêtre étaient baissés aux deux tiers.

Un commissaire du centre d’intervention de Mersch arrivé aux urgences de l’hôpital Kirchberg a recueilli les premiers mots de la victime. «Elle m’a dit : « Il m’a poussée. Il a essayé de me tuer. » Un médecin m’a ensuite dit qu’elle était paraplégique», se souvient le policier.

Cependant, aucun témoin ne peut confirmer la version de la victime présumée. L’enquête de voisinage s’est révélée infructueuse. Lors de son interrogatoire, le plâtrier au chômage a changé de version à plusieurs reprises. Sa femme aurait sauté, puis se serait laissée tomber, puis aurait sauté à nouveau, précise l’enquêteur de la section homicide.

«Il a encore changé de version après l’intervention de son avocat. Il a dit qu’il voulait la confronter aux messages échangés avec ses deux amants présumés. Elle l’aurait frappé, ils seraient tombés et elle se serait cognée contre la table de nuit avant de passer par la fenêtre.» Une fenêtre ouverte de 45 centimètres.

La victime présumée, quant à elle, a été très précise dans son récit des faits, selon le policier. Elle trouvait son mari étrange depuis quelque temps, mais pensait que c’était dû à sa consommation de cannabis. Elle ne devrait la vie qu’à son beau-fils qui a mis fin aux violences d’Hamidou. «Elle a tenté de fuir les coups après la chute, mais ses jambes et ses bras ne répondaient plus», ajoute l’enquêteur, ému.

La mère de famille est persuadée qu’il ne s’agissait pas d’un accident. «Il a fermé la porte à clé, a mis la clé dans sa poche en lui disant qu’elle ne sortirait pas de la chambre et a commencé à la frapper et à l’étrangler au moment où elle appelait à l’aide avant de la pousser», relate l’enquêteur. «Il lui a montré le couteau en lui disant qu’il allait s’en servir pour la tuer. Elle se serait retrouvée dos à la fenêtre et il l’aurait poussée des deux mains.»