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Un handicap rien de plus normal


Lors du lancement de la campagne «Wat ass normal?», les acteurs, tous en situation de handicap, ont pu découvrir les différents spots dans lesquels ils ont joué. (photo Fabrizio Pizzolante)

Avec la campagne «Wat ass normal ?», le gouvernement a choisi de questionner la normalité pour changer le regard sur les personnes en situation de handicap.

Ils s’appellent Sascha, Vauban, Carine, Tom, Susanna et Jackie et ils sont tous normaux. En situation de handicap, ils sont les stars de la nouvelle campagne de sensibilisation lancée lundi. Intitulée «Wat ass normal ?» (traduit en français par «C’est quoi normal ?»), celle-ci cherche à sensibiliser la population au handicap et à questionner la notion de normalité.

«Elle cible avant tout les personnes qui n’ont pas de handicap», précise Corinne Cahen, la ministre de la Famille et de l’Intégration. L’idée est ici de les confronter à leur propre jugement sur ce qui est normal et sur ce qui ne l’est pas afin de faire évoluer les mentalités. Mais que peut apporter une campagne de plus sur cette question qui, malgré de nombreuses actions, peine à trouver sa place dans le débat public ? «Ce qui la caractérise, c’est que ce ne sont pas des gens valides qui incarnent des personnes en situation de handicap mais des acteurs handicapés qui jouent des personnes valides», ajoute Corinne Cahen.

Élaborée en collaboration avec le Conseil supérieur des personnes handicapées (CSPH), la campagne est composée de trois volets : des affiches digitales, des vidéos et un site internet (watassnormal.lu) qui liste les différentes initiatives nationales pour l’inclusivité et permet d’en apprendre plus sur les acteurs.

Se confronter au handicap

Dans chaque spot, le public découvre des personnes «anormales» mais certainement pas à cause de leur handicap. Chacune d’entre elles a sa petite manie, sa bizarrerie, un trait qui la caractérise et la fait ressortir du lot. Sophie, interprétée par Jackie, est sourde de naissance. Mais c’est bien sa façon si particulière de manger sa pizza hawaïenne (en enlevant l’ananas pour le garder comme dessert) qui la rend différente. «Nous voulons faire prendre conscience que tout le monde est à la fois normal et pas normal.» Relégué au second plan, le handicap n’apparaît plus que comme une caractéristique parmi d’autres.

Avec énormément d’humour et de légèreté, la campagne interroge sur ce que représente la norme pour chacun de nous. Pour Jackie, le problème n’est pas son handicap mais bien le fait que peu de gens parlent la langue des signes ou que de nombreuses émissions télé ne soient pas sous-titrées. «Il est parfois difficile de se confronter au handicap», reconnaît Corinne Cahen.

Chaque vidéo met donc en scène, une situation différente : surdimutité, trisomie 21, autisme Asperger, cécité, sclérose en plaques… À la suite d’un accident de la route, Carine s’est retrouvée tétraplégique : comme les cinq autres acteurs, elle incarne un personnage qui n’est pas tout à fait elle. «Dans le spot, j’aime téléphoner, je garde tous les numéros que j’ai appelés depuis que je suis petite et je fais des canulars. Mais en vrai, je n’aime pas du tout le téléphone !», avoue-t-elle.

Vers une société plus inclusive

Comme les autres visages de la campagne, elle n’est pas actrice professionnelle. «C’est l’Association nationale des victimes de la route qui m’a envoyé l’annonce. J’ai passé le casting et j’ai été retenue. C’était très intéressant de voir comment se passe un tournage.» Elle a également apprécié le prisme par lequel la campagne traite du sujet. «Cela montre qu’il y a plein de petites choses, handicap ou non, que l’on réalise différemment. On n’est pas tout fait dans la même boîte.»

Avec cette approche originale, Carine espère que la campagne saura toucher le public. «On aimerait que le monde nous voit avec d’autres yeux. Nous sommes des personnes avec des idées et des envies comme tout le monde.» Si le processus est lancé, la route semble encore longue. Néanmoins, Corinne Cahen ne désespère pas. «Il faut aller vers une société plus inclusive où tout le monde a sa place. Nous avons commencé avec le vote de la loi sur l’accessibilité», rappelle-t-elle. «Dans dix ans, le Luxembourg sera plus accessible. Mais cela prendra encore du temps.»

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