Au 1er septembre, le Luxembourg ne comptera plus que 100 communes. Depuis 2006, le processus de fusions est engagé. L’objectif demeure de doter les localités de plus de moyens.
Mercredi, la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP), a présenté en commission parlementaire les deux projets de loi qui vont permettre au Grand-Duché d’atteindre un cap symbolique. Avec les fusions de Grosbous et Wahl dans le nord du pays, ainsi que de Bous et Waldbredimus le long de la Moselle, le nombre de communes va passer de 102 à 100 entités. En 2006, le Luxembourg comptait encore 118 localités. Le pic absolu de 130 communes date du XIXe siècle.
En deux décennies, 14 mariages conclus
Il est à souligner d’emblée que cette réduction est un mal pour un bien. «Les fusions permettent à chaque commune du pays de disposer de services de haute qualité, d’une administration mieux équipée et d’une autonomie accrue», précise la ministre de l’Intérieur.
«L’objectif est clair : tous les citoyens à travers le pays profiteront des avantages d’une fusion, grâce à un budget local lui aussi fusionné et donc plus important. Sans oublier le soutien financier de l’État», poursuit Taina Bofferding.
L’État a, en effet, décidé de sortir le chéquier pour convaincre les plus petites communes du pays de se marier à des localités voisines. Les aides varient entre 1 000 et 2 200 euros par tête d’habitant. Le but de ne plus compter de communes de moins de 3 000 habitants n’est cependant pas encore atteint, et de loin. Aux élections du 11 juin, les électeurs de 46 localités, qui ne dépassent pas ce seuil, seront appelés aux urnes.
Le paradoxe est qu’il existe «un large consensus pour continuer à faire avancer le processus de fusion». «Les exigences envers les communes n’ont cessé de croître ces dernières années. Elles sont amenées en permanence à assumer de nouvelles missions. Une coopération renforcée s’impose», résume la ministre de l’Intérieur.
Pourtant, en juillet 2018, 12 des 51 communes qui comptaient à l’époque moins de 3 000 habitants ont émis un refus catégorique d’engager une fusion. Parmi les plus réticentes, les 10 localités du canton de Redange qui collaboraient déjà très bien sous cette forme et ne sont a priori pas favorables à une fusion avec une commune extérieure au canton. Le processus engagé en 2006 peine donc à avancer, en dépit des 14 fusions achevées en deux décennies : 2 en 2006, 6 en 2012, 1 en 2015, 3 en 2018 et les 2 de 2023, évoquées ci-dessus.
Un «non» ferme aux «fusions forcées»
Le Syndicat des villes et communes (Syvicol) continue à soutenir les fusions. «À une époque, où la gestion ne cesse de devenir plus complexe et où les défis se multiplient, il est utile de disposer de communes d’une certaine taille», avance le président Émile Eicher, qui en tant que bourgmestre de Clervaux a mené à bien une fusion.
La seule condition est que rien ne soit imposé. Le Syvicol est sur la même longueur d’onde que sa ministre de tutelle. «Des fusions forcées ne sont pas une option», martèle Taina Bofferding.
Quelles seront les prochaines étapes ? La création de la Nordstad, qui devait aboutir pour les communales à venir, a encore pris du retard. En principe, la fusion va inclure Ettelbruck, Diekirch, Erpeldange-sur-Sûre, Bettendorf et Schieren. Des possibles pistes restent un mariage entre Mondorf-les-Bains et Dalheim. En été 2017, Bech et Manternach avaient aussi fait part de leur intérêt à se marier.
Le gouvernement CSV-LSAP envisageait en 2012 de passer à 71 communes dès… 2017. Entretemps, le camp chrétien-social a même mis le chiffre de 60 entités locales sur la table.