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Un fontainier qui ne boit pas que de l’eau


Un refus d’obtempérer a coûté son permis à un étudiant.  (photo archives lq)

Délit de fuite, vitesse dangereuse, refus d’obtempérer, alcool au volant… un cocktail de délits qui risquent de coûter leurs permis de conduire à deux automobilistes imprudents.

«Mon client avait-il l’intention de fuir ? Vous apprécierez !», convient un avocat avec le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Son client, un fontainier wallon, a décidé d’aller prendre de l’essence à la Gäichel au Luxembourg alors qu’il se trouvait en état d’ivresse. Absent à l’audience ce vendredi pour des raisons médicales, il est également accusé d’avoir commis un délit de fuite sur le parking de la station-service.

«Il y avait du brouillard dans sa tête», note l’avocat qui prétend que son client ne s’est pas rendu compte qu’il avait touché une autre voiture. Un employé de la station-service a observé ses manœuvres dangereuses sur ses écrans de surveillance et l’a interrompu. «Il n’y a pas eu de fuite et la tentative de délit de fuite n’existe pas», conclut le procureur avant de requérir l’acquittement «même s’il ne s’est pas arrêté immédiatement».

L’ivresse au volant était «évidente». L’homme serait coutumier du fait. Il a déjà été condamné en Belgique et en France. Pourtant, le procureur ne choisit pas, comme il est normalement d’usage la troisième fois, de requérir une peine d’emprisonnement étant donné une prise de conscience du prévenu. Il s’est contenté de demander une interdiction de conduire de 26 mois à son encontre.

L’avocat explique que le fontainier est en incapacité de travail car il souffre de pathologies liées à la consommation d’alcool, comme du diabète et une pancréatite. Il serait sobre depuis janvier dernier et suivrait un traitement pour soigner son addiction. L’avocat réclame un sursis pour l’interdiction de conduire requise.

«L’affaire la plus stupide de la journée»

À quelques mètres de chez lui, un étudiant a mis les gaz. Juste devant une patrouille de police qui effectuait un contrôle dans les rues de Differdange. La suite donne lieu «à l’affaire la plus stupide de la journée», selon le procureur. Le jeune homme rentrait chez lui avec un ami. Les policiers l’y ont suivi. Dans la voiture, ils découvrent une canette de bière vide, une bouteille de vin ouverte et un passager récalcitrant qui conseille vivement au prévenu de ne pas se soumettre au test d’alcoolémie.

Il prétendait connaître des policiers et lui assurait qu’il allait récupérer son permis de conduire, selon l’inspecteur. «Nous lui avons expliqué à plusieurs reprises les conséquences du refus de se plier au test», assure celui-ci. «Si son passager n’avait pas été présent, cela se serait mieux passé.» «Avec de tels amis, pas besoin d’ennemis», constate le président.

Le prévenu, lui, conteste les faits et son avocat estime qu’ils ne sont pas suffisamment caractérisés dans le dossier. Les accusations reposeraient uniquement sur les appréciations des policiers qui n’auraient pas suffisamment informé l’étudiant sur les conséquences du refus de se soumettre au test : le permis de conduire retiré sur place et des sanctions plus lourdes.

«Je pensais que le contrôle était abusif et j’ai peut-être aussi été mal influencé par mon ami», indique le jeune homme de 28 ans qui assure que l’alcool trouvé dans la voiture appartenait à son ami. Il n’aurait pas consommé d’alcool ce soir-là et ne comprend pas pourquoi les policiers ont prétendu qu’il sentait l’alcool. Dans ce cas, pourquoi avoir refusé le test ?

Son avocat a demandé l’acquittement sur toute la ligne. Le procureur a requis à son encontre des amendes ainsi que des interdictions de conduire de 18 mois pour le refus du test, de 10 mois pour conduite sous influence d’alcool et de six mois pour vitesse dangereuse. Il s’est opposé à un sursis intégral.

«La police est compétente pour effectuer un retrait immédiat du permis de conduire. Elle n’est pas obligée d’informer sur toutes les conséquences du refus, mais sur les conséquences directes qui lui incombent», précise le magistrat remonté contre l’avocat. «Jusqu’à preuve du contraire, le procès-verbal de police fait foi de même que le témoignage du policier à la barre. Les déclarations du prévenu ne sont que des allégations.»

Les prononcés sont fixés le 26 juin prochain.

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