Un entraîneur de volley-ball est, entre autres, accusé d’avoir filmé ses joueuses, dont certaines étaient mineures, à leur insu sous les douches et d’avoir diffusé les images.
Les victimes présumées sont tombées des nues lorsqu’elles ont appris que leur entraîneur de volley-ball avait été arrêté pour les avoir filmées avec un équipement caché dans les douches et les vestiaires et avoir partagé les images en ligne. Une quarantaine de joueuses, dont certaines mineures à l’époque, seraient concernées. Près de la moitié, ainsi qu’un des clubs pour lesquels l’entraîneur officiait, se sont portés parties civiles hier au commencement du procès à son encontre et à l’encontre d’un homme avec lequel il avait partagé les images.
Les deux hommes sont accusés d’atteinte à la vie privée et d’avoir fabriqué, détenu, diffusé, enregistré ou consulté des images et des vidéos à caractère pédopornographique ainsi que de grooming. Les faits reprochés à l’entraîneur ne sont pas uniquement limités à ses activités de créateur de contenus. Il est, entre autres, également soupçonné d’attentat à la pudeur sur une jeune fille mineure. L’autre homme aurait, quant à lui, filmé les personnes utilisant les toilettes de son domicile et son épouse lors de leurs rapports sexuels.
Le 16 janvier 2018, Interpol a signalé les activités illicites en ligne d’un Luxembourgeois à la police judiciaire. Durant l’enquête, les policiers découvrent des échanges de matériel pédopornographique entre ce dernier et l’entraîneur.
Des images prises entre 2011 et 2016, notamment par le trou d’une serrure de vestiaires, montrent des joueuses nues ou en sous-vêtements. L’entraîneur est arrêté le 26 février 2020. Les enquêteurs ont retrouvé des milliers de photographies et de vidéos, dont certaines aux contenus illicites classées selon les noms des clubs sportifs ou des jeunes femmes qui y apparaissent.
«Il nous a dit que seules ses joueuses l’intéressaient et qu’il avait conscience qu’elles étaient mineures, mais qu’il n’avait pas conscience que les images pouvaient avoir un caractère pédopornographique», note l’enquêteur. «Il a évoqué un besoin voyeuriste.»
«Toujours besoin de plus»
À la barre, l’entraîneur s’est excusé d’avoir profité de sa situation et a répété ne pas avoir d’attirance pour les jeunes filles mineures. Un expert psychiatre a pourtant décelé chez lui «un trouble pédophile associé à du voyeurisme». «J’étais dans un tunnel lors de cette phase. Je n’avais pas de recul, j’occultais tout», indique-t-il.
«La pornographie ne me suffisait plus, je voulais plus extravagant.» Du coup, l’entraîneur aurait cumulé : attentat à la pudeur sur une mineure, grooming, photographies transformées en nus, images volées de voisines, de joueuses et d’amies de la famille, images pédopornographiques ou discussions en ligne.
«Vous étiez excité par les réactions de ceux avec qui vous avez partagé les images des joueuses», note la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Cela ne vous suffit toujours pas, alors vous allez voler les photographies de vos voisins qui vous avaient confié les clés de leur domicile pour nourrir leurs chats pendant qu’ils étaient en vacances. C’est plus fort que vous. Vous avez toujours besoin de plus.»
Face aux accusations, le prévenu ne sait plus comment se défendre. «Je n’avais pas conscience que les filles étaient mineures», tente-t-il, avouant au passage avoir cherché de la reconnaissance auprès des hommes avec lesquels il échangeait des images en inventant des passages à l’acte avec une prétendue nièce. «La reconnaissance de pédophiles!», juge la présidente.
Son acolyte ne fait pas meilleure impression à la barre. Il pointe des problèmes dans son couple et explique avoir téléchargé des catalogues entiers de contenus pornographiques parmi lesquels figuraient des contenus comportant des mineurs sans avoir eu l’intention de les consulter. «Vous les avez recherchés!», s’insurge la présidente qui précise que l’expert psychiatre a décelé chez lui «une tendance pédophile et au voyeurisme».
«Vous vous êtes aussi fait passer pour une femme sur un réseau social pour obtenir des photographies de mineures nues. Ne me dites pas que cela ne vous excite pas !» Le prévenu continue de nier avoir cherché à obtenir ce type d’images.
Ce mardi matin, ce sera au tour de leurs avocats d’assurer leur défense et de tenter d’expliquer leurs actes après le réquisitoire du parquet.