Une balance commerciale négative n’est pas un signe de mauvaise santé économique, selon le périodique Regards du Statec publié lundi.
L’institut de la rue Érasme s’est penché sur l’état du commerce extérieur luxembourgeois entre 2005 et 2015. Le déficit commercial du pays est «plus que compensé» par l’excédent de la balance des services, d’après Alain Hoffmann, l’auteur de la publication.
Le chiffre impressionne tant il est grand. 7,89 milliards d’euros, c’est le montant du déficit de la balance commerciale enregistré par le Statec en 2012. Trois ans plus tard, il est retombé à 5,96 milliards d’euros. Ce déficit de la balance commerciale peut être perçu par les néophytes comme un signe de mauvaise santé économique. Le Statec s’est penché sur la question. Dans son dernier Regards, rédigé par Alain Hoffmann, la réponse est plutôt rassurante. La balance commerciale, d’après lui, ne cesse de se détériorer depuis 1975, atteignant même un pic historique en 2012. L’érosion de la balance s’explique par plusieurs facteurs : la dépendance énergétique du pays, la croissance constante de la consommation des ménages et «une diminution régulière de la part de marché de l’industrie en faveur des services», note le Statec. La négativité de la balance n’a rien de dangereux pour notre économie, puisque «le déficit commercial est plus que compensé par l’excédent de la balance des services». C’est-à-dire, la différence entre la somme des services exportés et la somme des services importés.
Si le déficit commercial ne cesse de se creuser, c’est à cause de la transition progressive du Grand-Duché vers une économie de services. «La production de services consomme généralement des biens matériels en provenance de l’étranger.» Par conséquent, le développement des activités de services a tendance à détériorer l’importation de biens tout en améliorant l’exportation de services. En termes de chiffres, en 2015, l’exportation de biens représentait 11,73 milliards d’euros, tandis que les importations s’élevaient à 17,69 milliards d’euros.
Allemagne et Belgique premiers partenaires
Les échanges du Luxembourg représentaient 0,3 % du total du commerce de biens de l’Union européenne en 2015. Autant dire une goutte d’eau par rapport à d’autres pays. Le Grand-Duché devance Chypre, l’île de Malte ainsi que l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. L’auteur du document révèle «un trait distinctif» de l’économie luxembourgeoise. À savoir : sa forte orientation sur le marché intérieur européen. Entre 2005 et 2015, «la part du commerce intra-UE représente 87 % du total des échanges du Luxembourg». C’est l’un des taux «les plus élevés de tous les États membres de l’UE».
Au fait, qui sont les partenaires du Grand-Duché? La réponse n’étonnera personne : l’Allemagne (28 % du total des échanges), la Belgique (26 %), la France (13 %), les Pays-Bas (6 %) et en dernier lieu les États-Unis (4 %). «Les pays avoisinants concentrent près de trois quarts du total de nos échanges de biens», remarque Alain Hoffmann. Si on raisonne en termes de flux, «ils comptabilisent 61 % des exportations et 81 % des importations». Cette forte concentration intrarégionale s’explique, entre autres, par la proximité géographique, la taille des partenaires économiques (Allemagne et France) et par les forts liens économiques avec la Belgique et les Pays-Bas (Benelux et Union économique belgo-luxembourgeoise).
Et le Luxembourg, quels produits exporte-t-il? Sans surprise, il s’agit de «produits originaires de l’industrie métallurgique». Et du côté des importations, les produits énergétiques, les véhicules routiers, les aliments et les boissons constituent environ «un tiers des acquisitions à l’étranger», souligne le Statec.
Aude Forestier