Armando ne comprend pas ce qui lui est passé par la tête quand il a croisé l’adolescente. Il prétend avoir honte de lui avoir montré la photographie indécente pendant sa pause.
La photographie d’un pénis en érection a occupé la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, hier après-midi. Armando l’a montrée à une jeune fille de 15 ans qui passait devant lui dans l’après-midi du 11 septembre 2023. Ce faisant, le chauffeur de bus est accusé d’avoir enfreint cinq dispositions pénales en matière d’atteinte aux bonnes mœurs.
Le prévenu faisait une pause entre deux trajets à la gare routière de Bettembourg. L’adolescente attendait un bus. «Je regardais les messages que j’avais reçu sur mon téléphone. Elle est passée devant moi. Je lui ai demandé si elle voulait voir la photographie. Je lui ai dit : « Tu connais ça?« », a raconté Armando. L’adolescente ne l’aurait pas regardé et aurait poursuivi son chemin.
«J’ai honte. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela. Je me suis rendu compte que j’avais fait une connerie au moment où je la faisais», précise le chauffeur de bus de 48 ans. «J’ai voulu immédiatement lui présenter des excuses, mais je n’ai pas osé la suivre pour ne pas lui faire encore plus peur.»
Il lui est également reproché d’avoir interpellé la jeune fille en lui demandant à propos du sexe photographié : «C’est bien pour toi, ça?» Ce qu’Armando nie. «Montrer ce genre de photographie à une mineure n’était pas la plus sage décision de votre vie. Ce ne sont pas des images de Pokémon», a commenté le président avant de lui conseiller de ne montrer dorénavant que des photographies de chatons, voire pas de photographies du tout.
Suspension du prononcé
«Un copain un peu con» lui avait envoyé la photographie. Il ne s’agissait pas de son membre, a tenu à préciser le prévenu.
Le parquet lui reproche notamment d’avoir partagé un contenu à caractère pornographique avec l’adolescente et avec les personnes présentes sur le quai en ce début d’après-midi. Une atteinte à la pudeur et aux mœurs. Normalement, ce genre de délit sont punis de peines d’emprisonnement allant de un mois à trois ans ainsi que d’une amende pouvant s’élever à maximum 12 500 euros, a précisé le magistrat avant de requérir une peine d’emprisonnement de 18 mois assortie du sursis probatoire avec une obligation de soins.
Il s’est rapporté à prudence du tribunal en ce qui concerne les interdictions facultatives qui accompagnent ce genre de peine. Elles peuvent, entre autres, consister à l’interdiction de travailler avec des mineurs. Or, cela pourrait nuire à la carrière du prévenu.
Son avocate, Me Stoffel, a prié la 7e chambre correctionnelle de faire l’impasse sur ces interdictions et prononcer une suspension du prononcé. Au cas où le tribunal constate la culpabilité du prévenu et que le fait reproché ne paraît pas de nature à entraîner une peine principale d’emprisonnement supérieure à deux ans, le tribunal peut, sous certaines conditions, décider de suspendre le prononcé pour une durée allant de un à cinq ans.
Si pendant ce délai le prévenu commet une nouvelle infraction, le tribunal peut révoquer, soit d’office, soit facultativement, en fonction de la gravité de cette nouvelle infraction, la suspension du prononcé et prononce une peine pour la première infraction. Cette peine est cumulée avec la peine prononcée pour la nouvelle infraction.
Dans le cas contraire, Me Stoffel a plaidé en faveur du sursis probatoire assorti d’une obligation de soins «pour avoir un contrôle». Si elle décrit Armando comme un père de famille, un mari, un citoyen et un employé modèle, elle reconnaît ne pas être en mesure d’apporter la preuve d’une absence de récidive de sa part ou d’un trouble d’ordre sexuel quelconque.
«J’ai rarement vu un client se présenter à mon cabinet aussi mal à l’aise et aussi gêné de me raconter ce qui lui est reproché», a-t-elle encore noté. «Il s’agissait d’un fait isolé, unique et bizarre, d’une rencontre fortuite. Mon client n’est pas quelqu’un de déviant. Il a été suffisamment puni par le fait de devoir comparaître ici aujourd’hui.»
Le prononcé est fixé au 30 avril.