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Un «café du coin» itinérant pour retisser du lien social


Une cinquantaine d’habitants ont profité d’une pause conviviale autour d’un verre au centre A Bosselesch. (Photos : alain rischard)

Trois amies font revivre dans les communes et sous une forme mobile l’ancien «café du coin» où tout le monde se rencontrait. Premier test réussi à Mondercange mercredi.

Pour éviter l’isolement social tout en recréant du lien et de la solidarité au sein des communes, trois amies entrepreneuses, déjà engagées dans des activités à impact sociétal, ont imaginé un endroit cosy où se retrouver et échanger, un peu à l’image des bistrots d’antan. Et c’est à Mondercange, qu’elles ont lancé mercredi, avec succès, leur tout premier café citoyen mobile, «Chez nous».

«C’est un élan du cœur», glisse Emma Zimer, l’une des co-fondatrices. «Dans nos villages aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de café ou de lieu de rencontre interculturel et intergénérationnel où on se sent libre d’entrer et d’échanger dans une ambiance décontractée.»

Au départ, elles planchent sur l’ouverture de lieux fixes, mais se heurtent très vite à une longue liste de contraintes, à commencer par le financement : «Partir sur un modèle privé signifiait forcément être rentable, et ça ne collait pas à notre vision. Et côté public, il y avait des réticences par rapport au coût», explique Soïli Mathieu, autre membre du trio.

D’où l’idée d’une version itinérante, à la fois moins onéreuse et plus simple à mettre en place, sous un statut d’association. La petite équipe se déplace en camionnette avec tout son matériel et ses décors de guinguette faits maison, pour s’installer en intérieur ou en extérieur dans les communes partenaires. «On profite de locaux existants qui sont sous-exploités à certaines plages horaires pour organiser notre café citoyen au moins deux fois par mois», poursuit cette architecte de formation

Dans une société de plus en plus individualiste, où le quotidien peut être particulièrement pesant pour certains, elles soulignent l’importance de ce genre d’initiative, en parallèle des activités communales. «Ce qui nous rassemble tous, peu importe notre âge ou notre origine, c’est boire un verre et manger un bout. Les jeux et animations qu’on propose sont une façon supplémentaire d’amener du lien.»

Pour cette phase pilote, elles ont obtenu un subside du ministère de la Famille, à hauteur de 10 000 euros, et pour la suite, elles recherchent de nouveaux financements, en complément du soutien des communes. Par exemple, ce jour-là, le centre A Bosselesch a mis gratuitement ses espaces à disposition entre 14 et 20 heures, tandis que la Ville de Mondercange a offert une boisson à chaque participant.

«Des lieux comme ça, ça manque»

Chacun y trouve son intérêt. À commencer par les habitants, venus en nombre : «Un réel engouement s’est créé autour de l’événement, on a même dû s’étaler sur plus de tables que prévu», se réjouissent les organisatrices. Cet après-midi, des enfants, des jeunes, des seniors et des personnes âgées ont répondu présents, dont Ivana, 69 ans, venue avec sa fille Cindy et ses trois petits enfants, qui s’amusent dans le coin conçu pour eux.

«C’est super. Des lieux comme ça, ça manque de nos jours. Avant, à la place de la pizzeria, il y avait un café où on se retrouvait tous, notamment le dimanche. Là, je vois plein de visages connus», sourit cette mamie hyperactive.

À une autre table, Steve et Serge sont venus avec quelques autres membres de la Maison de jeunes. «Les gens s’amusent ensemble, discutent, toutes générations confondues, alors que d’habitude, on ne se côtoie pas. Le bilan est positif», constatent-ils.

Plusieurs autres communes – Beckerich, Differdange, Wiltz et Kehlen – ont déjà manifesté leur souhait de proposer à leur tour ce Café citoyen mobile. «C’est l’avantage du Luxembourg, le bouche-à-oreille se fait vite», note la troisième de la bande, Cécile Devroye. «De notre côté, on a aussi identifié certains lieux avec un grand potentiel pour installer une guinguette, comme le parc Helfent à Bertrange par exemple.»

Le trio a maintenant prévu de tester la formule pendant un an, et espère bien pouvoir pérenniser ces cafés citoyens.

Infos sur instagram @cheznous_cafecitoyenmobile

Soïli Mathieu, Cécile Devroye et Emma Zimer aux commandes de l’asbl Chez nous – Café citoyen mobile.

Ce qu’on trouve «Chez nous»

– Un coin bar pour prendre un verre et retrouver l’atmosphère du «café du coin»

– De la décoration typique de l’esprit bistrot

– Un espace pour enfants avec jeux, coloriages, chaises hautes et table à langer

– De nombreux jeux de société collaboratifs et accessibles à tous

– Des ateliers créatifs pour les curieux, aux côtés d’artistes locaux