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Un assistant social de Sanem accusé d’abus sexuels sur des bénéficiaires


L’assistant social de Sanem aurait tenté d’obtenir des gratifications de la part de bénéficiaires d’aides sociales. 

Elles étaient vulnérables et il pouvait les aider. Un assistant social de la commune de Sanem est accusé d’avoir profité de sa fonction pour séduire des femmes bénéficiaires d’aides sociales.

«Je n’ai plus respecté les distances incombant à ma profession. Je proposais à mes clients, par exemple, de nous tutoyer. J’ai peut-être mal interprété leurs signes et je pensais que mes clientes désiraient la même chose que moi. Je suis tombé dans une spirale et j’ai occulté ma position», explique Gilbert, 57 ans, entendu hier à la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «J’ai fait des erreurs, mais pas tout ce qu’on me reproche.»

Neuf femmes accusent le prévenu d’avoir profité de sa position au sein de l’administration communale de Sanem pour obtenir leurs faveurs sexuelles en échange d’aides sociales diverses. Elles se seraient pliées à ses avances par peur notamment de se retrouver à la rue et de perdre la garde de leurs enfants.

Les faits reprochés à l’assistant social – un viol et des atteintes à l’intégrité physique – auraient eu lieu entre 2010 et 2019.

Gilbert reconnaît certains faits, en nie d’autres et rejette les accusations de menaces. «Je ne les ai jamais privées des aides auxquelles elles avaient droit.» «Comment est-ce possible qu’autant de femmes vous accusent? Selon vous, certaines mentent et d’autres pas», résume le président.

Celles qui, selon l’assistant social, mentiraient seraient les clientes avec lesquelles «le travail était le plus difficile». «Peut-être étaient-elles fâchées parce que je les bousculais un peu trop.»

Un expert neuropsychiatre le décrit pourtant comme un séducteur compulsif qui aurait multiplié les flirts et les courtes liaisons extraconjugales. «Il m’a avoué que ces relations étaient plus faciles à vivre avec les clientes. C’était plus pratique. (…) Il n’avait pas d’excuses à fournir à son épouse. Cela se passait durant ses heures de travail», révèle l’expert. Gilbert aurait d’ailleurs eu un fils avec une de ces clientes.

Ses collègues ont confirmé son attitude de dragueur, ses gestes peu professionnels et ses changements d’attitude avec certaines clientes. «Il les visitait souvent à leur domicile sans raison particulière», rapporte un enquêteur de la police judiciaire. «Des rumeurs couraient depuis 2011 au sein de la commune, selon ses collègues.» Les femmes concernées se sentaient de plus en plus mal moralement après les visites et les rendez-vous, précise le policier.

De l’aide avec intérêts

«Je t’ai aidée. Tu as une belle maison maintenant. Pourquoi ne me rends-tu pas la pareille?», aurait lâché le prévenu à une des bénéficiaires de l’aide sociale qui l’accuse de viol, a rapporté l’enquêteur, qui a contacté toutes les femmes prises en charge par Gilbert.

Certaines étaient satisfaites, d’autres choquées par son attitude très libérée à leur égard. Elles ont raconté les bises qui dérapent, les mains baladeuses, le tutoiement, les propos inappropriés, les visites inopinées, les compliments et sa froideur quand il n’obtenait pas ce qu’il cherchait selon elles.

Ses victimes présumées n’auraient pas osé se rebeller. «Je n’ai jamais eu l’impression qu’elles mentaient. J’ai plutôt eu l’impression qu’elles ne nous disaient pas tout», assure le policier. Des clientes auraient «été contentes de ne plus avoir affaire à lui», témoignent des collègues, féminines, du prévenu auxquelles des victimes présumées se sont confiées sur les comportements prétendument déplacés de Gilbert. «Je me rendais une fois par an au domicile des bénéficiaires. Les rendez-vous avaient toujours lieu à l’office social, à moins que les clients aient du mal à se déplacer», précise l’une d’elles.

Gilbert a notamment débarqué à l’improviste chez une de ses clientes à l’heure du déjeuner. «Il ne m’a jamais touchée. Je le trouvais un peu trop sympathique. Il m’embrassait sur la joue. Je ne sais pas si c’était normal ou pas, j’avais besoin de son aide», reconnaît-elle. «Jamais je n’aurais osé dire quoi que ce soit, parce que c’était quelqu’un d’important. C’était désagréable, mais j’avais peur de perdre les aides.»

Idem chez Patricia. «Je ne me sentais pas bien en sa présence. Il n’agissait pas comme les autres assistants sociaux auxquels j’ai eu affaire», indique la mère de famille, qui prétend avoir eu peur de lui sans réellement pouvoir expliquer pourquoi. Et elle conclut elle-même son interrogatoire par un «J’en ai assez!». «Nous aussi!», rétorque le juge.

Le procès se poursuit cet après-midi et demain, avec notamment les témoignages des victimes présumées.