Accueil | A la Une | Un an après, Johnny Hallyday plus vivant que jamais

Un an après, Johnny Hallyday plus vivant que jamais


Johnny vivait pour la musique et pour la scène. Et c'est le plus grand héritage qu'il laisse, à ses fans. (photos AFP)

Que reste-il de Johnny ? Au-delà des polémiques et des déballages intimes, il y a surtout une voix, un répertoire et une figure qui le feront exister encore très longtemps. De Jean-Philippe Smet à Johnny Hallyday, il y a aussi ce destin hors du commun et ces chansons qui continueront de marquer les générations.

Voilà déjà un an que l’idole a quitté la scène. En soixante ans de carrière, il nous avait habitués aux sorties les plus spectaculaires, les plus flamboyantes et c’est discrètement, une triste nuit de décembre, qu’il s’en est allé. Nombreux sont celles et ceux qui se rappelleront le choc d’apprendre à leur réveil, le 6 décembre 2017, que l’artiste avait rendu son dernier souffle. Il avait connu mille vies, frôlé la mort cent fois, mais ce combat contre le cancer, mené avec force, aura été le dernier.

Tout le monde se rappelle de ces images à la Madeleine le 9 décembre : une foule immense rendant hommage au dernier géant de la chanson française, un soleil baignant les rues de Paris et son cercueil blanc comme la dure image d’une réalité. L’idole entamait son dernier voyage. Il y avait aussi ses proches, ses enfants et les femmes de sa vie. Tout le monde aurait voulu croire au clan réuni et à une famille soudée dans le deuil. En février 2018, par un communiqué de presse transmis à l’AFP, Laura Smet brisa le silence et fit le choix de mettre sur la place publique les questions d’un héritage pour le moins controversé.

Dernier voyage, sur les Champs-Élysées.

Dernier voyage, sur les Champs-Élysées.

Numéro 1 des ventes mondiales

Depuis, il n’y a quasiment pas une semaine sans qu’un énième rebondissement fasse les choux gras de la presse, face à un certain public avide de sensationnalisme, et les rayons des librairies se sont remplis d’ouvrages plus ou moins bien intentionnés de la part de leurs auteurs. Est-ce tout cela que le temps retiendra ? Non.

Un an après, Johnny est plus vivant que jamais. Et il le restera pour l’homme et l’artiste qu’il était. Son dernier album bat des records. Warner avait prévu un dispositif promotionnel hors-du-commun avec des magasins ouverts pour l’occasion à minuit le jour de sa sortie et une mise en place exceptionnelle de 800 000 disques. Ils se sont arrachés en quelques jours et, réédité massivement face à l’attente, cet album a déjà largement dépassé le million d’exemplaires. L’artiste s’est même payé le luxe d’être numéro 1 des ventes mondiales. Mieux, Mon pays c’est l’amour a détrôné le record du rappeur Drake dont le dernier album Scorpion (publié en juin) s’était écoulé à 732 000 exemplaires la semaine de sa sortie.

Les médias du monde entier ont aussi relevé la performance : « Johnny Hallyday album shatters records », « Forget Drake. The music sales story of the year could soon be Johnny Hallyday », « Hallyday batte Drake : record di vendite per l’album postumo»… Dans une industrie musicale en berne, Johnny Hallyday, avec un album original de chansons en français, continue de surprendre. S’il n’a jamais véritablement percé outre-Atlantique, celui que les Américains continuent d’appeler le « French Elvis », et parfois même le « French Sinatra », a toujours eu une excellente image au-delà de la francophonie. Paul McCartney confiait récemment s’être recueilli sur sa tombe à Saint-Barth et que Johnny était « un chouette type ».

Il était aussi un réel musicien. Avec plus d’une centaine de chansons composées pour son propre répertoire, il est finalement l’un de ses compositeurs favoris, et peu de monde le sait. Sur son album L’attente, l’envie lui était revenue. Dans une interview qu’il m’avait accordée pour ce disque, il se confiait ainsi : « Toutes mes chansons du début, c’est moi qui les faisais et à un moment, après Toute la musique que j’aime, je n’étais plus motivé et je n’avais plus d’idées. De fait, je n’arrivais plus à avancer sur des mélodies. C’est John Mamann qui m’a redonné l’envie de composer lorsqu’il est venu me voir à Los Angeles. »

Le charisme de l'artiste n’avait d’égal que l’énergie, l’humilité et la gentillesse de l'homme.

Le charisme de l’artiste n’avait d’égal que l’énergie, l’humilité et la gentillesse de l’homme.

Des chansons taillées pour la scène

Pour cet ultime album, Johnny Hallyday a su une nouvelle fois bien s’entourer. Avec Yohann Malory et Hervé Le Sourd, qui ont écrit trois des meilleurs titres Miossec, Jérôme Attal, Pierre Jouishomme et sans oublier Boris Lanneau, ce fan qui s’est retrouvé aux crédits de la dernière chanson que l’artiste aura enregistrée, ce disque contient de nombreux tubes. Et il y a bien sûr Maxim Nucci, aka Yodelice, le réalisateur de l’album, lourde tâche d’ailleurs de le finir face à l’absence de celui dont le charisme n’avait d’égal que l’énergie, l’humilité et la gentillesse.

Certains qualifient ce disque de « posthume », on peut difficilement le faire tellement ces chansons ont été enregistrées avec un objectif, les faire vivre sur scène. Cela se ressent profondément à leur écoute. Elles ont taillées pour la série de concerts que Johnny Hallyday avait annoncée pour 2018. C’était même certainement bien plus qu’un objectif, une façon de défier le temps.

Johnny Hallyday était aussi l’icône qu’il était car il avait réussi à avoir un destin, mot souvent galvaudé, mais qui avec lui prend tout son sens. Cet enfant né pendant la guerre, abandonné par son père, élevé par sa mère, puis sa tante et enfin par ses cousines, avait connu toutes les blessures, toutes les trahisons. Comment ne pas être marqué, d’ailleurs, par ce père qui réapparaîtra dans la vie de son fils, pour monnayer avec la presse people, déjà à l’époque, les photos de « retrouvailles » orchestrées et bien intéressées pendant son service militaire ?

En une carrière qu’aucun autre ne pourra égaler, il a vendu plus de 110 millions d’albums et des tubes qui traverseront encore les générations.

Pour accompagner la sortie de J’en parlerai au diable, sa dernière épouse Laeticia légendait le clip de ces quelques mots : « À toi, À nos amours, À tes amours, À la fureur de vivre, À la liberté de penser, À ta musique, Je t’aime pour toujours ». Son public n’est lui non plus pas près de l’oublier.

De notre collaborateur Nikolas Lenoir