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Un ambassadeur insulte des policiers dans un cabaret de la capitale


Deux hommes d’horizons différents risquent d’être condamnés pour outrage à des agents de police. 

G. F. n’avait pas fait que manger des douceurs au chocolat. Il a copieusement insulté les policiers venus le ramener à la raison. Ivre, il refusait de régler sa note dans un cabaret.

Les insultes font malheureusement partie du lot quotidien des policiers. Les deux affaires parues hier matin devant la 7e chambre correctionnelle du tribunal de Luxembourg en sont l’illustration. Il est en revanche plus rare qu’elles soient proférées par un ambassadeur. Dans la nuit du 28 décembre 2022, une patrouille dépêchée dans un cabaret de la capitale en a essuyé une bordée. Un client refusait de payer une note de 1 400 euros et se comportait de manière inappropriée. Sur place, les policiers ont fait la connaissance de G. F., 58 ans à l’époque.

L’homme est ivre, irascible, selon un inspecteur adjoint. Il refuse d’entendre raison, prétend avoir réglé la note, s’emporte de plus en plus. «Il a critiqué notre travail et nous a dit que nous ferions mieux de nous occuper des vrais criminels», rapporte le policier. «Nous avons essayé de le raisonner.» G. F. a refusé d’obtempérer et de quitter l’établissement dans le calme. Les policiers ont alors décidé de lui passer les menottes et de l’emmener au poste pour lui faire passer la nuit en cellule de dégrisement.

Au commissariat de la gare, G. F. s’est apparemment déchaîné. «Il a insulté la police grand-ducale», a témoigné le policier qui n’a pas voulu répéter les termes utilisés par le prévenu. «Il nous a dit que nous allions le regretter, que nous ne savions pas qui il est et que nous allions perdre nos emplois. Nous avons l’habitude de ce genre de menaces et nous ne les avons pas prises pour argent comptant.» Les policiers sont toutefois surpris lorsqu’ils constatent la véritable identité du contrevenant.

G. F. a réglé sa note au cabaret et a présenté ses excuses dès le lendemain des faits à plusieurs reprises aux policiers, qui les ont acceptées. Le sexagénaire venait de rentrer de mission au Kazakhstan où il était en poste et avait besoin de décompresser de la tension subie lors de ce détachement. «J’ai été choqué à la lecture du rapport de police. J’y ai lu des termes que je n’ai pas l’habitude d’employer», a indiqué ce grand homme élégant à la barre. «Ce n’est pas ma manière habituelle d’éliminer les tensions. Je n’ai pas non plus l’habitude de fréquenter ce genre d’endroits.»

Le dîner de l’ambassadeur était arrosé. «J’ai bu du champagne. Sans doute un verre de trop», a ajouté, contrit, celui qui a un peu trop lâché prise. «Je respecte énormément le travail des policiers.» «L’alcool ne doit pas être une excuse, mais une explication pour son comportement inhabituel. Si tout le monde se comportait de manière raisonnable après avoir bu trop d’alcool, vous n’auriez plus beaucoup de travail», a assuré Me Limpach au juge, avant d’évoquer «un dérapage» qui ne se reproduira plus et de demander au tribunal de condamner son client à une simple amende en faisant l’impasse sur une peine d’emprisonnement ou à des travaux d’intérêt général.

Juste avant, la représentante du parquet avait requis un mois de prison et une amende appropriée à l’encontre de l’ambassadeur, précisant que «la police n’a à entendre ce genre d’insultes de la part de personne».

Un réveil difficile

Juselito n’est pas ambassadeur. Il est sans-abri. Lui aussi a insulté des agents de police. Le 4 février dernier, vers 11 h, il dormait dans un bus avec un compagnon de galère quand des policiers l’ont réveillé. «Il nous a demandé si nous n’avions rien de mieux à faire», s’est souvenu un commissaire adjoint présent ce jour-là. «L’autre individu a coopéré. Juselito a protesté.»

Le prévenu, qui ne s’est pas présenté à l’audience hier, aurait ensuite voulu uriner contre la façade de l’école primaire de Septfontaines devant laquelle le bus était arrêté, avant de faire mine de lever les poings contre les trois agents de police et de les insulter copieusement. «Nous avons décidé de lui passer les menottes et de l’emmener à l’hôpital d’Esch-sur-Alzette pour subir un examen médical avant de le placer en cellule de dégrisement», a continué le commissaire adjoint. «Il n’a pas arrêté de nous insulter pendant tout le trajet. Il ne s’est calmé qu’une fois en cellule. Il a également fait des remarques sexistes et désobligeantes à notre collègue féminine.»

La représentante du parquet a également requis un mois de prison et une amende appropriée à son encontre pour outrage à agent de police.

Les prononcés sont fixés au 15 juillet prochain.

2 plusieurs commentaires

  1. Mdr…l ambassadeur ne beneficiait pas de l immunite diplomatique vu qu il s agit d un Luxembourgeois dans son propre pays.
    Se faire factuter une bouteille de champ 1400 euros est effectivement fort de cafe…la prochaine fois mieux vaut eviter le cabaret et acheter la bouteille chez auchan.
    Et la consommer chez soi…aucun policier ne viendra emm….😀

  2. Patrick Hurst

    Voilà une justice qui a bien fait son travail! Il y a malheureusement beaucoup de pays (même au coeur de l’Europe) où les embassadeurs bénéficient d’une immunité diplomatique générale et se permettent donc de faire un peu tout ce qu’ils veulent!