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Quartier gare : un « sentiment d’insécurité » même chez les frontaliers


Passé 19 h, le temps de trajet pour regagner sa voiture ou les quais de la gare est un moment difficile selon certains frontaliers.

Bien qu’à Luxembourg pour quelques heures seulement, les travailleurs frontaliers ressentent le climat d’insécurité autour de la gare et le craignent également.

Plus de vingt-cinq ans, déjà, que Claire travaille dans le juridique, dans le quartier Gare à Luxembourg. Ces derniers temps, la Messine confie ne plus s’y sentir à l’aise à la nuit tombée. À la sortie de son cabinet, cette mère de famille croise presque quotidiennement «dealers, toxicomanes et prostituées».

C’est donc d’un pas pressé qu’elle regagne son véhicule : «Parfois, en milieu de soirée, j’ai dans l’idée de prendre une chambre dans un hôtel du coin pour gagner du temps sur le trajet du lendemain. Mais je me ravise toujours : je ne me sens pas vraiment en sécurité.»

Pareil sentiment habite Eva. Cette habitante de Longeville-lès-Metz prend au petit matin le train en gare de Woippy : «Ce n’est pas le voyage aller qui pose problème», explique cette employée qui œuvre dans la place financière, au Kirchberg. «Au retour, vers 19 h, les abords de la gare du Luxembourg regorgent de personnes louches. On m’interpelle assez régulièrement pour me demander une cigarette ou me proposer des drogues… J’ai parfois peur de me faire agresser.»

«La présence policière est plus forte»

Une crainte exagérée ? «Non, c’est compréhensible», juge José Linhares. La réputation de cet homme, président du club de boxe de Hayange, dépasse les frontières de la vallée de la Fensch. Monsieur Linhares, c’est une figure du quartier Gare. Depuis trente ans, il y tient des commerces de textile.

Et lorsqu’il évoque l’environnement, il ne fait pas dans la dentelle : «Ça s’est dégradé ces dix dernières années. La journée, ça va. Les commerces sont ouverts, il y a du flux. Mais en début de soirée, je ne conseillerais pas à une personne seule de traîner dans le coin.» Dans son viseur, le trafic de drogue : «Outre les consommateurs, il y a une guéguerre entre ceux qui pratiquent cette activité illégale.»

Ses informations, José les tient de l’Union commerciale de la ville de Luxembourg. Il siège en bonne place dans cette association de commerçants : «On se réunit régulièrement avec des représentants des forces de l’ordre, des ministres, etc. À chaque fois, le thème central des discussions porte sur la sécurisation du quartier.»

À ce sujet, il note tout de même du mieux : «La présence policière est plus forte depuis un an. Je pense que les enquêteurs concentrent leurs efforts sur les chefs et non sur les petites mains de la drogue et de la prostitution. De toute manière, lorsqu’un simple petit dealer est arrêté, il est remplacé dès le lendemain», juge-t-il. C’est pourtant cette face visible de la délinquance que les frontaliers craignent le plus.

J.-M. C.