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Ukraine : un jeune juriste discret nommé Premier ministre


Cet ancien avocat, avec trois mois d'expérience à peine au sein du pouvoir, a promis devant les parlementaires de "mettre fin" à la corruption. (photo AFP)

Le nouveau Parlement ukrainien a nommé jeudi au poste de Premier ministre un juriste peu connu de 35 ans, Oleksiï Gontcharouk, proposé par le président Volodymyr Zelensky, présent dans l’hémicycle.

Avec une rapidité inédite pour la politique ukrainienne, 290 députés ont voté, au premier jour de leur travail, pour la nomination de Oleksiï Gontcharouk. Un minimum de 226 voix était requis. Cet ancien avocat, avec trois mois d’expérience à peine au sein du pouvoir, a promis devant les parlementaires de « mettre fin » à la corruption. « Nous avons plus de 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (…) Nous avons une guerre dans l’Est. Et en plus nous avons la corruption. Il faut y mettre fin et nous allons le faire. Le nouveau gouvernement ne va pas voler », a lancé Oleksiï Gontcharouk avant le vote, sous les applaudissements de l’hémicycle. Un des pays les plus pauvres de l’Europe, l’Ukraine doit tout faire pour assurer une croissance économique annuelle de 5% à 7%, a encore souligné Gontcharouk.

Après des semaines d’intenses consultations, le nouveau président Volodymyr Zelensky, lui-même novice en politique et plus jeune chef de l’État ukrainien à 41 ans, avait officiellement proposé jeudi aux députés de nommer comme Premier ministre cet ancien associé dans une firme juridique. Avec un Parlement qui est acquis à Zelensky après la victoire de son parti aux législatives en juillet, la nomination d’Oleksïï Gontcharouk ne faisait aucun doute.

La nomination de Gontcharouk s’inscrit dans le contexte de l’arrivée massive de nouveaux visages dans les sphères du pouvoir en Ukraine, après l’élection triomphale en avril de Zelensky sur la promesse de « casser le système ». Qualifié de « bourreau de travail », Gontcharouk a été nommé fin mai comme chef adjoint de l’administration présidentielle en charge des questions économiques. Il accompagnait le chef de l’État lors des rencontres à ce sujet. « Les changements pour le mieux vont bientôt s’accélérer considérablement (…) Restez à l’écoute ! », a-t-il écrit sur sa page Facebook la semaine dernière, en publiant une photo de sa poignée de main avec le président de la Banque mondiale, David Malpass, alors en visite à Kiev.

« Ne pas trahir les attentes »

Oleksïï Gontcharouk a dirigé pendant quatre ans le centre d’analyse BRDO à Kiev, financé par l’Union européenne et dont les activités visent à améliorer le climat des affaires en Ukraine. Une source ukrainienne haut placée qui a collaboré avec lui à cette époque a décrit son expérience comme « modérément positive », notant son caractère « proactif » et ses efforts pour simplifier les méandres de l’administration. Ambitieux, il a une vision « bien structurée » et « détermine bien les priorités pouvant donner un bon résultat », a indiqué cette source. Il semble toutefois « se concentrer uniquement sur les victoires faciles, en évitant des problèmes plus compliqués ».

A la tête du gouvernement, il sera confronté à des défis titanesques dans cette ex-république soviétique, l’un des pays les plus pauvres d’Europe, rongé par la corruption et confronté à une guerre avec des séparatistes prorusses dans l’Est, qui a fait environ 13 000 morts. « Son défi principal sera de ne pas trahir les attentes, ce qui ne sera pas facile », souligne Oleksandre Parachtchiï, analyste de la banque d’investissements Concorde Capital à Kiev.

Considéré comme partisan d’une politique économique libérale, Oleksïï Gontcharouk a plaidé en faveur de la poursuite de la coopération avec le Fonds monétaire international, dont l’aide financière est cruciale et conditionnée à l’application de mesures très impopulaires, comme la hausse de la facture du gaz. Dans une de ses rares interviews, il s’est dit favorable à l’annulation du moratoire sur la vente des terres agricoles ukrainiennes, très fertiles. Particulièrement attendue par les investisseurs et créanciers occidentaux, cette mesure est extrêmement mal vue par la population dont 68% y est opposée, selon un récent sondage.

LQ/AFP