Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Premier ministre va faire ce mardi une déclaration gouvernementale sur la guerre en Ukraine et la sécurité européenne. Ce sera l’occasion de se positionner après la menace du président américain de laisser tomber Kiev et l’Europe.
Les choses continuent à s’accélérer après l’éclat de vendredi dernier à la Maison-Blanche, où le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était vu accuser par Donald Trump, devant les caméras du monde, de «s’être mis en très mauvaise posture», et sommé de pactiser avec la Russie, faute de quoi les États-Unis le laisseraient «tomber».
Alors qu’il n’était pas présent à la réunion de haut niveau, dimanche à Londres, le Premier ministre, Luc Frieden, prépare activement la contribution du Luxembourg pour réagir à une situation sécuritaire qui se dégrade en Europe, menacée à son tour de perdre Washington comme allié.
«Comme beaucoup de Luxembourgeois, j’ai été choqué», a-t-il affirmé, samedi soir, sur le plateau de RTL. «J’ai été perturbé parce que cela montrait que nous vivions un moment très grave dans l’histoire de l’Europe et des relations transatlantiques. Je l’ai ressenti immédiatement.»
Luc Frieden veut consulter tous les partis représentés à la Chambre sur les engagements financiers et militaires supplémentaires à prendre par le Grand-Duché. Un premier échange sommaire a eu lieu, hier, en commission parlementaire. Luc Frieden n’a pas voulu s’avancer davantage, à ce stade, sur l’implication du Luxembourg dans le plan de cessez-le-feu initié par la France et le Royaume-Uni. La même réserve prévaut sur un possible engagement dans la «coalition des bonnes volontés» pour défendre un futur accord de paix en Ukraine.
Le chef du gouvernement luxembourgeois pourrait livrer de plus amples détails cet après-midi. Luc Frieden va faire une déclaration devant la Chambre des députés, aussi en prévision du sommet européen spécial sur l’Ukraine, fixé à jeudi. Les différents partis auront l’occasion de se positionner à leur tour après le discours du Premier ministre.
Luc Frieden appartient au large bloc des chefs d’État et de gouvernement de l’UE à pleinement soutenir Kiev dans sa lutte pour arracher une paix durable et juste à la Russie. «Le Luxembourg est aux côtés de l’Ukraine. Vous vous battez pour votre liberté et pour un ordre international fondé sur des règles», avait-il souligné vendredi soir, dans la foulée de l’éclat survenu à la Maison-Blanche.
Depuis le début de la guerre d’agression russe le 24 février 2022, le Grand-Duché a investi plus de 250 millions d’euros pour soutenir l’Ukraine au niveau militaire. Le matériel livré comprend une grande variété d’armes, des munitions et d’équipements, dont des mitrailleuses lourdes, des missiles antichars, 2 millions de cartouches, des drones d’observation et des équipements médicaux.
En parallèle, le gouvernement prévoit d’augmenter jusqu’en 2030 son effort de défense à 2 % du revenu national brut (RNB), le minima actuel fixé par l’OTAN. Cela équivaut à 1,5 milliard d’euros.
Il y a deux semaines, le Premier ministre avait déjà annoncé que le Luxembourg devrait «se préparer mentalement» à investir jusqu’à 3 % du RNB dans la défense. Une annonce plus concrète sera-t-elle faite aujourd’hui?
