En visite ce mercredi au Luxembourg, le président du Conseil européen, Antonio Costa, a dressé les grandes priorités de l’UE pour la rentrée politique. Le Premier ministre, Luc Frieden, est un soutien important.
Ce sont deux «amis de longue date» qui se sont retrouvés, mercredi après-midi, au château de Senningen. Dans le cadre de sa tournée des capitales, à l’occasion de la rentrée politique de l’UE, Antonio Costa a fait étape au Luxembourg, où il a retrouvé Luc Frieden. Le président portugais du Conseil européen et le Premier ministre luxembourgeois se connaissent depuis la fin des années 90, ce qui explique que le courant passe très bien entre les deux hommes politiques. En témoigne la chaleureuse accolade en clôture de la conférence de presse ayant suivi leur entretien bilatéral.
Les louanges mutuelles n’ont pas manqué entre les deux Européens convaincus. Cela n’a pas suffi à faire oublier la «situation complexe» qui prédomine dans le monde. «On est confronté à des guerres terribles en Ukraine et au Proche-Orient. On assiste à un repositionnement de la nouvelle administration américaine face au reste du monde. Nous sommes donc fortement convaincus que nous avons besoin d’une Europe forte et souveraine», met en avant Luc Frieden. «Cela ne signifie pas que l’on doive tout faire ensemble, mais on a besoin d’une Europe qui croie en elle-même, en ses valeurs et en ses citoyens», poursuit-il.
«Commencer à bâtir l’unité»
Le contexte géopolitique fait souvent oublier que l’UE doit rester compétitive pour pouvoir accomplir ses ambitions. «Nous devons tout faire pour que l’Europe puisse développer ses talents, produire ce dont on a besoin et soutenir tout ce qui peut conduire à une compétitivité accrue», insiste le Premier ministre. La simplification administrative et le renforcement du marché unique sont présentés comme deux priorités. «Renforcer le marché unique est important pour des raisons économiques mais aussi sociales, et donc aussi pour nos citoyens», avance Luc Frieden.
Antonio Costa est sur la même longueur d’onde que le chef du gouvernement luxembourgeois. La base pour avancer resterait l’unité européenne. «C’est pourquoi les visites aux capitales pour cette rentrée politique sont pour moi très importantes. C’est l’opportunité que j’ai de parler face à face avec tous les leaders, de les écouter, de prendre note de leurs priorités et de commencer à bâtir l’unité qu’il nous faut toujours bâtir à 27», confie le président du Conseil européen.
Deux priorités absolues ont été retenues. «Nous devons renforcer notre compétitivité et notre sécurité collectives. Ces deux objectifs vont ensemble, car sans une économie solide, sans des entreprises compétitives, sans la création d’emplois dignes, il est impossible de soutenir et renforcer notre sécurité collective», argumente Antonio Costa. Il fait un pas de plus en affirmant que «personne n’investira en Europe si nous ne garantissons pas une paix durable et la sécurité pour nos citoyens. Il faut donc travailler main dans la main pour atteindre ces deux objectifs.»
Aussi bien le président du Conseil européen que le Premier ministre luxembourgeois ont défendu le caractère essentiel de la libre circulation des personnes et des biens et services. «Pour que le marché intérieur fonctionne bien, il faut préserver Schengen», martèle Antonio Costa. «La vie de nos citoyens et de nos entreprises dépend de Schengen, non seulement dans nos régions, mais aussi dans d’autres régions d’Europe. Nous resterons un avocat de Schengen et espérons que bientôt Schengen redeviendra une réalité», complète Luc Frieden.
Sans le dire ouvertement, les deux dirigeants visent notamment l’Allemagne, qui depuis plus d’un an effectue des contrôles renforcés aux frontières avec ses voisins européens, dont le Luxembourg.
«On a montré que l’Europe fonctionne»
Les restrictions au niveau de la liberté de circulation ne constituent cependant pas le seul défi majeur de l’UE. Sur le plan géopolitique, l’unité que cherche à bâtir le président du Conseil fait encore trop souvent défaut. «Nous devons mener une politique efficace et visible. Sur certains points, il faut réfléchir à passer à une majorité qualifiée. Néanmoins, je dois dire que sous la présidence d’Antonio Costa, nous avons réussi à trouver un modus operandi avec celui ou ceux qui ne partagent pas l’ensemble des décisions prises par le Conseil. On est ainsi toujours très unis dans le soutien à l’Ukraine. Nous avons montré que l’Europe fonctionne», défend le Premier ministre.
Antonio Costa sera de retour au Luxembourg pour le changement de trône, le 3 octobre, avant d’accueillir Luc Frieden et les 26 autres chefs d’État et de gouvernement pour le prochain sommet européen, les 23 et 24 octobre à Bruxelles.