Aider les jeunes à trouver un emploi, un stage ou une formation est le but de «Deng Zukunft, Däi Wee», organisé ce mercredi à la Cloche d’or.
Venue pour faire du shopping dans le centre commercial de la Cloche d’or avec ses deux filles de 16 et 21 ans, cette mère de famille est ravie. Non de ses achats, ses mains ne portent encore aucun paquet, mais de la soixantaine de stands de recruteurs répartis au premier étage de la galerie et qui vont, espère-t-elle, permettre à sa cadette de trouver un stage : «On est ici par hasard, mais on va prendre les coordonnées des entreprises. C’est si difficile de trouver un stage, l’école ne l’aide pas, elle n’a que des refus. Elle est très timide, peut-être qu’on aura un peu de chance ici.»
Conscients qu’il est compliqué d’aller à la rencontre des entreprises qui embauchent lorsque l’on est à la recherche d’un premier emploi, d’une formation ou d’un stage, le Service national de la jeunesse (SNJ) et le Point info jeunes Esch (PIJ) ont organisé mercredi, dans ce lieu singulier, «Deng Zukunft, Däi Wee» (ton avenir, ta voie). Il s’agit de la 7e édition de cet événement où parents et jeunes peuvent trouver des réponses et des contacts, mais surtout s’entretenir directement avec des représentants d’entreprises, des services d’orientation et de la société civile.
En cette fin de matinée, les stands ne semblent pas pris d’assaut. Même le stand de la Ville de Luxembourg qui propose pourtant bon nombre d’offres n’a vu, jusqu’à présent, s’arrêter que quelques personnes. «Il n’y a pas grand monde, confie Christophe Decker de Decker-Ries, une société spécialisée dans le carrelage. Mais ce qui est important pour nous, ce n’est pas la quantité mais la qualité des contacts. Même si on ne parvient qu’à motiver deux ou trois personnes, ça sera satisfaisant. Les jeunes qui se sont arrêtés nous ont posé beaucoup de questions, ils sont repartis avec nos coordonnées.»
Des groupes un peu plus nombreux conversent cependant avec les responsables de stands donnant des informations générales. «Pas mal de monde est venu se renseigner pour savoir quelles études poursuivre ou quels types de formations nous proposons, se réjouit Gontran Poirot, chargé d’accueil et d’animation au sein de la Maison de l’orientation. Certains ont préparé des questions spécifiques, mais d’autres viennent en famille pour faire des courses et s’arrêtent devant le stand.»
Les organisatrices de l’événement, Isabelle Mariutto et Christelle Kodische, ont compté à la mi-journée quelque mille visiteurs et estiment que les stands «ont été bien éparpillés pour laisser de la place, ce qui donne l’impression qu’il y a moins de monde». Mais alors, où sont les jeunes? La réponse se trouve dans une cellule commerciale aménagée pour l’occasion. Le décor est digne des coulisses d’un défilé de mode : autour de tables ornées de miroirs devant lesquels filles et garçons sont assis, deux coiffeuses et deux esthéticiennes s’affairent, tandis que le flash d’un appareil photo crépite dans le fond.
Certains jeunes ne savent pas du tout comment se présenter
Intitulé «Ma première impression», ce workshop a pour objectif de conseiller les jeunes pour qu’ils franchissent toutes les étapes du recrutement. Parce que pour prétendre à un stage ou à un emploi, il faut réussir à passer le premier filtre du curriculum vitæ et, pour cela, les apparences sont essentielles. Aider les jeunes à rédiger un CV et une lettre de motivation alléchants fait partie des attributions traditionnelles du SNJ, mais lors de ce «Deng Zukunft, Däi Wee», l’accent est aussi porté sur l’apparence physique et vestimentaire du candidat lorsqu’il devra se présenter au recruteur.
Deux stylistes offrent ainsi une consultation en image à la carte. «Certains jeunes ne savent pas du tout comment se présenter», constate Pit Romersa que le mot jogging fait frémir. «Un jeune doit présenter une image de lui soignée qui montre qu’il veut ce job», acquiesce Caroline Koener. Pour un entretien, le costume n’est pas nécessaire, «il ne faut pas se déguiser, sourit-elle. Il faut se sentir à l’aise, se démarquer par rapport aux autres candidats. Un jean, c’est bien, mais sans trou…». Des remarques qu’a bien comprises Ousmane, à la recherche d’un stage dans le domaine de la vente et qui, après être passé devant la coiffeuse, attend son tour pour se faire photographier. «C’est important de soigner son apparence», assène-t-il, lui qui a prévu de refaire ses CV avec sa nouvelle photo et d’aller les déposer ensuite sur les stands.
Pas seulement pour les parents
Sortant d’une discussion avec une responsable des ressources humaines d’Auchan, Fabienne Heitz a le sourire. Elle qui fait partie de l’APEMH, une association de parents qui accompagne des personnes en situation de handicap, marche aux côtés de Linus. Ce garçon de 19 ans a terminé ses études mais n’a pas de diplôme, pas de permis et sa maman est seule. Une situation peu simple pour lui qui doit obtenir une première expérience professionnelle. Fabienne Heitz découvre les lieux avec lui et trouve extrêmement pratique d’avoir dans un même endroit autant d’interlocuteurs. Cela «parle plus à Linus qu’internet qui lui prend énormément de temps et sur lequel il se perd», explique-t-elle. Tous deux ont prévu de passer au workshop pour améliorer le CV de Linus avec l’aide des professionnels du SNJ. Ils iront ensuite démarcher d’autres entreprises. «Deng Zukunft, Däi Wee» est l’occasion de montrer au jeune homme toutes les possibilités qui existent, se réjouit l’accompagnatrice, et de lui faire prendre conscience de toutes les étapes nécessaires pour trouver un travail.