Accueil | A la Une | Trois jeunes ont dépouillé l’homme qu’ils devaient aider

Trois jeunes ont dépouillé l’homme qu’ils devaient aider


Les faits étaient passés inaperçus jusqu’à ce qu’ils soient accusés de vols dans des voitures. (Photo : archives lq)

Un trio de jeunes désocialisés est accusé d’avoir profité de l’état d’ivresse avancé d’un homme qu’ils devaient aider pour l’attaquer et le dépouiller afin de «se payer du bon temps».

Dylan, Jessy et Sam ont entre 22 et 26 ans. Le trio de délinquants est en détention préventive depuis 18 mois dans le cadre d’une autre affaire apparemment plus grave que les deux autres pour lesquelles ils comparaissaient vendredi face à la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Du bout des lèvres, ils ont reconnu l’un après l’autre avoir agressé un homme en gare de Bettembourg durant la nuit du 23 juillet 2023. Ils ont par contre nié avoir commis des vols dans des voitures à Lamadelaine début août de la même année.

«Nous avions pris le bus. Un membre du personnel des CFL nous a demandé d’accompagner la victime qui était très ivre, jusqu’à son quai», a expliqué Dylan. «Le vol n’était pas planifié.» La victime n’aurait pas cessé de toucher le visage du jeune homme qui, énervé, l’aurait giflée. Le parquet accuse les trois larrons d’avoir profité de son état d’ivresse pour lui voler son sac à dos et son contenu qui comprenait notamment un ordinateur et 200 euros. Avec la carte de crédit, ils se seraient «payé du bon temps», selon la représentante du ministère public, en Allemagne, en prélevant 920 euros.

Les faits étaient passés inaperçus jusqu’à ce qu’ils soient accusés des vols dans les voitures. Lors de son audition à la police, la jeune femme qui les hébergeait avait témoigné avoir visionné une vidéo de l’attaque, ce qui avait encouragé les policiers à enquêter.

«Nous vivions chez une amie à Lamadelaine. Ses amis ne nous appréciaient pas. Je ne vole pas où je dors», affirme Dylan, le plus bavard des trois, insinuant que ces derniers auraient pu les accuser à tort pour se débarrasser d’eux en les faisant expulser du domicile. La représentante du parquet a pourtant du mal à y croire. Elle estime que les trois prévenus ont utilisé des marteaux trouvés au domicile de leur amie pour fracturer les vitres de deux voitures. «Mon client est en aveux pour les faits les plus graves. Quel intérêt aurait-il à ne pas reconnaître ces vols dans les voitures?», a interrogé Me Noël.

«Chacun avait un rôle»

La magistrate a requis une peine de 24 mois de prison à leur encontre. Seul Dylan, le plus jeune des trois, a droit à un sursis. Jessy et Sam ont ce qu’on appelle un «casier judiciaire spécifique». La représentante du parquet a pointé une absence de remise en question de leur part malgré les remontrances des magistrats lors de leurs précédents passages devant la justice et la facilité du passage à l’acte.

Une facilité toute relative, selon leurs avocats qui ont esquissé les parcours de vie chaotiques dans les milieux sociaux défavorisés des prévenus, ballottés de foyers en institutions pour mineurs pour les protéger de divers environnements hostiles et violents. Au moment des faits, le trio vivait depuis longtemps en marge de la société et était «en situation de détresse».

Tous les trois ont plaidé en faveur de l’acquittement du trio quant aux cambriolages dans les deux voitures. Les preuves les reliant aux faits étant, selon eux, insuffisantes. Leur culpabilité reposerait uniquement sur des déductions du parquet. Aucune trace ADN n’a été retrouvée sur les voitures et les jeunes hommes ont affirmé que les objets déclarés comme volés leurs appartenaient.

Les avocats se sont montrés plus nuancés quant au vol avec violence. Seul Dylan aurait commis des violences. Sam aurait filmé la scène avec son téléphone et Jessy se serait saisi du sac à dos. «Chacun avait un rôle», a également estimé la magistrate avant de les désigner comme co-auteurs des faits.

«Mon client n’a pas commis les violences dans le but de voler, mais pour calmer la victime qui avait un problème d’alcoolisme», a indiqué Me Noël avant de demander au tribunal de requalifier les faits en coups et blessures volontaires. Les deux autres auraient certes profité des sommes d’argent retirées avec la carte de crédit de la victime, mais n’auraient pas commis de violences. Mes Schons et Knaff ont plaidé en faveur du travail d’intérêt général afin d’éviter la prison à leurs clients. Ainsi que dans le fait de faire abstraction d’une amende à leur encontre.

Le prononcé est fixé au 27 février prochain.