Ce mardi 9 août marquait les trois ans du passage d’une tornade dans les communes de Rodange, Lamadelaine, Pétange et Bascharage. Un événement rarissime, qui avait causé de nombreux dégâts, mais dont veut se souvenir le bourgmestre de Pétange, Pierre Mellina.
C’était un vendredi, en fin d’après-midi. À la surprise générale, une tornade d’intensité F2 sur l’échelle de Fujita (qui compte cinq niveaux) balayait les communes de Rodange, Lamadelaine, Pétange et Bascharage de ses vents pointant entre 180 et 250 km/h.
Elle laissait derrière elle une sinistre empreinte, avec plus de 650 immeubles détruits ou partiellement endommagés et de nombreuses familles à la rue. Si aucun décès n’est à déplorer alors, l’événement, inédit dans ses proportions au Luxembourg, marque les esprits.
En seulement quelques heures, le numéro d’urgence du 112 est assailli par les appels et pompiers, riverains, mais aussi militaires se relaient pour déblayer les nombreux débris laissés sur des kilomètres par la tornade. Une grande vague de solidarité se met en place, non seulement au sein des communes dévastées, mais aussi à travers le pays. Un élan qui perdurera plusieurs semaines.
«J’ai vraiment été impressionné par toute cette solidarité»
Trois ans après les faits, le bourgmestre de Pétange, Pierre Mellina, garde en tête cette solidarité incroyable, qui l’a particulièrement «impressionné» : «On pense que tout le monde est un peu individualiste, que c’est chacun pour soi. Mais nous avons pu constater qu’en cas de besoin, de situation critique comme celle-ci, les gens sont prêts à aider, vraiment.»
Un soutien dont il voulait rendre hommage, notamment à travers une sculpture, qui a été dévoilée ce mardi après-midi devant la mairie de sa commune. Réalisée en acier inoxydable, par l’artiste luxembourgeoise Florence Hoffmann, l’œuvre de 5 mètres 50 de hauteur, baptisée « Histoire.es », représente une pile de livres qui s’envolent.
L’artiste a également conçu cinq plaques commémoratives sur le thème du vent, situées sur les places les plus touchées par le passage de la tornade, à savoir : la rue des Romains, la rue de l’École du quartier Vullesang, la rue des Prés, la rue Neuve et la route de Luxembourg. Un dépliant retraçant l’itinéraire de la tornade a aussi été dévoilé.
«Il est important de se souvenir de cette catastrophe : les problèmes climatiques sont de plus en plus nombreux et cela doit nous pousser à réagir. C’est aussi un hommage à la grande solidarité qui s’est mise en place à l’époque entre les communes et au sein du Grand-Duché. Il est vraiment nécessaire de se souvenir de ça», explique le bourgmestre de Pétange.
Des arbres plantés symboliquement
En 2019, après le passage de la tornade, plusieurs cagnottes avaient permis de récolter plus d’un million d’euros pour les personnes sinistrées. Une somme importante, qui a servi en priorité à reloger les victimes et à réaliser les travaux de réhabilitation dans les communes. «Tous les dons ont été déboursés. Il nous reste aujourd’hui entre 10 000 et 20 000 euros, qui serviront à planter quelques arbres à Bascharage et Pétange, pour redonner à la nature ce qu’elle a aussi perdu lors du passage de la tornade», souligne Pierre Mellina.
Actuellement, tous les dossiers concernant les sinistrés sont clos. Une dernière maison endommagée a été démolie «il y a quelques semaines» à Pétange et sera remplacée par trois autres maisons neuves. S’il reste bien «quelques petites marques» du passage de cette tornade, les habitants des communes du sud-ouest du pays ont repris le cours de leur vie, presque comme avant.
Luca Mathias, météorologue à la station du Findel revient sur cet épisode particulièrement impressionnant qui a touché le Luxembourg par surprise et apporte quelques précisions scientifiques.
Est-ce que la tornade du 9 août 2019 était un phénomène « extraordinaire » qui aurait pu être prédit ?
Luca Mathias : «On peut prévoir un risque accru de tornade en se basant sur des paramètres atmosphériques calculés par les modèles numériques de prévision du temps ou en utilisant les données d’un radar météorologique. Cependant, on n’a jamais une garantie qu’une tornade se produira ou est train de se développer si on n’a pas d’observation directe sur place.
À la suite de cette tornade, MeteoLux a élaboré un concept de prévision basé sur les ingrédients pour évaluer le risque de tornade associé aux supercellules pendant le flux de travail opérationnel à court terme. Ce concept est principalement basé sur la sortie des modèles NWP et considère l’hélicité du courant ascendant comme une variable clé en plus de la méthode de prévision basée sur les ingrédients.
Est-ce que cela peut encore se réaliser à l’avenir dans le pays ?
Bien sûr. En Europe, 200 à 400 tornades sont observées en moyenne chaque année. Mais si un risque important est prévu à court terme (similaire à la «surveillance des tornades» aux États-Unis), le Haut-Commissariat à la protection nationale sera informé via un outil de gestion des urgences basé sur le web. MeteoLux continuera d’adapter le concept de prévision à l’avenir en se basant sur l’expérience et les nouvelles connaissances scientifiques sur les orages convectifs violents et les tornades.
Est-ce que le Luxembourg peut être davantage touché par ce type de phénomène (tornades, inondations, etc.) à cause du réchauffement climatique ?
Pour le moment, il n’y a aucune indication que la fréquence des tornades augmenterait dans nos régions dans le futur à cause du réchauffement climatique. Il s’agit d’un phénomène très complexe dont le risque est très difficile à prévoir. Mais cet événement dangereux met surtout en évidence la nécessité de redoubler d’efforts en matière de prévision opérationnelle des tornades et d’avertissements en Europe.»