Que visait Ramiro ? Le sol, sa victime présumée ou un inconnu? Le jeune homme de 29 ans est accusé d’une triple tentative de meurtre. Il dit n’avoir voulu blesser ou tuer personne.
Ramiro assure avoir tiré au sol avec un pistolet qu’un inconnu lui avait tendu pour se défendre. L’enquête de police et certains témoignages plus ou moins crédibles et concordants démontrent le contraire et appuient la thèse du règlement de compte. Le jeune homme de 29 ans a eu maille à partir avec un autre homme décrit comme étant un Parisien au Lenox Club dans la rue du Fort Neipperg plus tôt dans la soirée le 22 août 2021. Expulsé de l’établissement par les videurs, il a décidé d’y retourner à la fermeture vers 3 h du matin.
Un jeune homme l’y aurait attendu armé d’un couteau et un autre lui aurait remis un pistolet. Le prévenu aurait pris peur et tiré un coup de feu au sol pour se défendre. Selon les témoins, Ramiro aurait cependant déboulé arme au poing du parking et aurait tiré sur un groupe de jeunes qui discutaient devant l’établissement, en touchant l’un d’eux à la cuisse, avant de mettre en joue un videur qui a tenté de l’intercepter. Le jeune homme est accusé de trois tentatives de meurtre contre une personne inconnue, contre le jeune homme blessé et contre un videur.
Deux versions diamétralement opposées. La défense a appelé deux témoins à témoigner. Ils seront entendus ce jeudi après-midi. Le jeune homme dont la cuisse gauche a été traversée par une balle a raconté sa version hier après-midi. «Il n’avait aucune raison de me tirer dessus. J’étais au mauvais endroit, au mauvais moment», indique le grand jeune homme de 1,95 m. Les deux protagonistes ne se connaissaient pas et n’avaient jamais eu d’altercation avant. «C’était une soirée normale jusqu’au coup de feu. Après la fermeture, nous sommes restés devant le club pour discuter. J’ai entendu des gens crier : « Une arme! Une arme!« J’ai cherché à me cacher et j’ai senti que j’étais touché.»
«Il ne m’a pas visé»
La victime présumée est formelle : le prévenu a tiré et lui a présenté ses excuses depuis le jour des faits. Il ne l’a pas visé lui. «L’arme s’est coincée. Il l’a chargée une nouvelle fois et a tiré à nouveau. La balle m’a touché», se souvient-elle à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «À gauche de mon groupe d’ami, il y avait deux mecs et une fille. Quand ils ont vu arriver Ramiro, ils sont partis en courant.»
Ce qui s’est passé ensuite, le jeune homme dit ne pas s’en souvenir. «Je n’ai plus fait attention.» Un ami lui aurait fait un garrot avec son t-shirt et transporté sur un canapé. Ce n’est qu’une fois rentré chez lui que son épouse lui aurait fait remarquer que la balle était ressortie de sa cuisse. «Mes amis m’ont raconté après les faits que Ramiro se serait pris la tête avec deux mecs au Lenox plus tôt dans la soirée», précise-t-il.
Des circonstances difficiles à retracer
«Quand tu tires à l’arme à feu devant une discothèque à 3 h du matin, ce n’est pas pour viser le sol», répond-il à l’avocat du prévenu qui a voulu savoir ce que son client a visé. Le témoin n’a pas souhaité se constituer partie civile. «Vous avez peur?», lui demande la présidente. «Non», répond le grand jeune homme à voix basse en quittant la salle d’audience.
Les circonstances exactes des faits ainsi que la position des différents protagonistes sont difficiles à retracer. Le système de vidéosurveillance de l’établissement était en panne ce soir-là et le coup de feu a donné lieu à un mouvement de panique. Impossible d’affirmer avec certitude si la balle de calibre 32 et la douille retrouvées sur le trottoir correspondent à 100 %. Et ce ne sont pas les témoins entendus après les faits qui ont davantage pu éclairer la chandelle des enquêteurs et du parquet.
Seul le prévenu connaît la véritable intention derrière son tir. De même que sa véritable cible.