Les instances décisionnelles de l’OGBL, du LCGB et de la CGFP ont approuvé à l’unanimité l’accord conclu vendredi et qui sera signé ce mardi matin. Les attentes du camp syndical auraient été «largement» dépassées.
Le système de l’indexation automatique des salaires confirmé et pleinement maintenu. Une prolongation d’une année entière des plafonnements des prix de l’énergie. Et, de surcroît, une adaptation du barème d’imposition à l’inflation.
«Un paquet équilibré et adapté», juge le LCGB. «Un accord qui pose d’importants accents aussi bien dans le domaine fiscal, énergétique et du logement», renchérit la CGFP. Plus enthousiaste encore, l’OGBL qui, par la voie de sa présidente, Nora Back, évoque un accord «largement au-delà de (ses) attentes», surtout en ce qui concerne le maintien jusqu’à fin 2024 des aides énergétiques.
Sans surprise, les instances décisionnelles du camp syndical ont donc validé hier – à l’unanimité – ce troisième accord tripartite en moins d’un an. En amont de la signature officielle, prévue pour ce matin au ministère d’État, les trois syndicats reviennent sur leurs points de satisfaction majeurs, sans oublier de lancer d’ores et déjà les prochaines revendications.
La «ténacité» mise en avant
Les «échanges intensifs et constructifs» ont permis de ficeler un accord pour «soutenir les ménages et les entreprises par une lutte conséquente contre l’inflation et un renforcement du pouvoir d’achat», souligne le LCGB dans un communiqué.
«Face au risque d’une nouvelle augmentation des coûts en 2024, à la hausse prononcée des taux d’intérêt sur les prêts, à la pression sur le pouvoir d’achat des salariés et pensionnés et les activités économiques des entreprises», le paquet de mesures «vise à soutenir davantage les efforts entrepris pour freiner l’inflation, renforcer le pouvoir d’achat et pérenniser les activités économiques et les emplois qui en dépendent», développe le syndicat chrétien.
Tout comme le LCGB, la CGFP met en avant la «précieuse prévisibilité» qu’amène cet accord, à la fois pour les ménages et pour les entreprises. «Le consensus obtenu est dans l’intérêt de l’ensemble de la société et renforce la position du Luxembourg en tant que partenaire commercial fiable», souligne le syndicat de la fonction publique.
La clé du succès aurait été que les trois syndicats ont parlé «d’une seule voix» et fait preuve de «ténacité». «Cela a permis que la politique fiscale, contrairement aux plans initiaux, figure finalement à l’ordre du jour des négociations tripartites», se félicitent les responsables de la CGFP, qui estiment que la pression exercée par leur propre syndicat a «amené la coalition tricolore à changer d’avis et à accorder, après d’âpres négociations, des allègements fiscaux substantiels au profit des ménages».
Barème : «On nous a ri au nez»
«Cela fait une décennie qu’on se bat pour obtenir une adaptation du barème à l’inflation. Jusqu’à présent, une fin de non-recevoir nous avait été notifiée. On nous a même ri au nez lors des tripartites antérieures. Il y a deux semaines encore, une telle adaptation était qualifiée d’irresponsable», retrace Nora Back.
Pour la présidente de l’OGBL, la correction fiscale partielle obtenue est «un bon début». «On est cependant encore loin d’une adaptation intégrale et du retour à un automatisme. Nous n’allons pas tarder à lancer une grande offensive», annonce-t-elle. Le LCGB et la CGFP se joignent à ce plaidoyer.
En attendant, le camp syndical se dit extrêmement soulagé de l’engagement pris sur l’index. «On redoutait de devoir engager un bras de fer féroce en janvier 2024 pour défendre l’index. Il n’en est rien, malgré les tentatives répétées du patronat de s’attaquer au mécanisme. Obtenir un engagement à la fois du gouvernement et du patronat de ne pas toucher à l’index en 2024 est un succès», clame Nora Back. «Le maintien de cet instrument de crise assure la paix sociale», ponctue la CGFP.
Le coût du paquet gonflé à 850 millions d’euros pour 2024
La ministre des Finances, Yuriko Backes, a précisé hier sur la radio 100,7 que le coût du paquet décidé par la tripartite ne va pas se limiter à 500 millions d’euros par an. En effet, il faudrait ajouter aux 500 millions d’euros (en 2023 et 2024) pour financer les mesures fiscales, une enveloppe de 350 millions d’euros pour la prolongation en 2024 des mesures énergétiques. Une amélioration de la situation conjoncturelle permettrait de débloquer cet argent tout en respectant la limite de la dette publique, fixée à 30 % du PIB.
Grâce à l’adaptation du barème fiscal à l’inflation, et selon des calculs provisoires, un célibataire gagnant 50 000 euros brut par an va se faire rembourser 450 euros en 2023 et 550 euros en 2024.
Les montants avancés par la ministre doivent encore se confirmer. Le seul plafonnement des prix de l’énergie se chiffre à 617 millions d’euros pour 2022 et 2023 : 472 millions d’euros pour le gaz, 110 millions d’euros pour l’électricité et 35 millions d’euros pour le mazout. Pour la seule année 2023, il faut compter environ 500 millions d’euros.
Le Statec mise, toutefois, sur une réduction de la facture de quelque 150 millions d’euros en raison de l’évolution des prix sur le marché, ce qui nous ramène à l’enveloppe avancée de 350 millions d’euros pour financer la prolongation des plafonnements des prix.