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Tripartite : l’OGBL dénonce un «démantèlement social intolérable»


L'OGBL a envoyé un signe d'unité ce jeudi matin. Les délégués présents à la conférence de presse ont longuement applaudi leur comité exécutif. (Photo : hervé montaigu)

Le premier syndicat du pays est venu défendre ce jeudi matin son rejet du paquet tripartite. Le point de rupture a été la modulation de l’indexation, allant trop loin et insuffisamment compensée aux yeux de l’OGBL. Un seuil de revenu de 160 000 euros éligible pour les aides n’aurait jamais été réclamé.

C’est acté. L’OGBL est le seul syndicat à rejeter l’accord tripartite soumis mercredi soir par le gouvernement aux partenaires sociaux. Jeudi matin, aussi bien le LCGB que la CGFP ont officialisé leur feu vert au paquet ficelé au bout de 40 heures de négociations.L’OGBL, seul contre tous, assume toutefois son choix de quitter la table des négociations. Lors d’une conférence de presse, organisée ce jeudi matin, la présidente Nora Back a souligné que les «lignes rouges» définis par son syndicat ont été «transgressées».

«Le gouvernement a cédé face au patronat»En clair, l’OGBL estime que le paquet qui se trouve sur la table équivaut à un «démantèlement social intolérable». La tripartite, convoquée pour dégager un accord global pour atténuer la flambée des prix, se serait uniquement concentrée sur l’index. «Le gouvernement a cédé face au patronat», fustige Nora Back. L’OGBL dit ne pas remettre en cause le besoin d’aider les entreprises. Le paquet proposé pencherait toutefois bien trop en direction du camp patronal.

Le point de rupture a été la manipulation de l’indexation. L’accord de principe, conclu la semaine dernière, prévoyait qu’une seule tranche indiciaire allait être versé, à la fois en 2022 et 2023. La seconde tranche actuellement prévue pour le mois d’août serait reportée à avril 2023. Même scénario si une tranche indiciaire tomberait courant 2023 et qui serait donc reportée à avril 2024.

Un report, oui, mais pas davantage

«Dans le contexte d’incertitude actuel, il était impossible de nous engager formellement sur des concessions concernant des tranches hypothétiques à venir en 2023 et 2024», s’explique Nora Back. Seul un report de la tranche de cet automne aurait été tolérable aux yeux de l’OGBL, à condition toutefois que le mécanisme de compensation annoncé par le gouvernement profite non seulement aux bas salaires, mais aussi aux salaires moyens. Une condition qui n’a également été rempli.

Mercredi, un revenu maximal de 160 000 euros bruts par an a circulé pour rester éligible aux compensations fiscales mises en perspective. Patronat et gouvernement ont lourdement fustigé cette revendication de l’OGBL. La présidente du syndicat eschois réfute qu’une telle somme aurait été mise sur la table, du moins pas en dernier lieu.

La bataille des chiffres

L’OGBL dit avoir réclamé un modèle régressif à partir d’un seuil de revenu de 135 000 euros par an. Un montant toujours élevé, mais qui serait justifié au vu de l’impact de la flambée des prix sur la classe moyenne. Néanmoins, la compensation était censée être régressive, d’un petit montant en euros pour la tranche supérieure et un montant plus conséquent pour les plus démunis.

L’OGBL estime le coût de cette mesure à 900 millions d’euros pour l’État. Le gouvernement évoque 2 milliards d’euros. La bataille des chiffres continue donc. Le paquet présentait mercredi soir est chiffré à 830 millions d’euros.

La proposition du gouvernement d’ajouter au paquet une prime énergie de 750 euros a aussi été rejetée par l’OGBL, car cette dernière aurait été réservée aux seuls salariés résidents.

Feu vert du LCGB et de la CGFP

Les deux autres syndicats, LCGB et CGFP, ont décidé de supporter la proposition d’accord global, en dépit des concessions qui ont dû être faites. «Le montant réservé aux salariés ne représente que la moitié de la valeur d’une tranche indiciaire. Néanmoins, salariés et patrons sont assis dans le même bateau. Si ce dernier coule, tout le monde coule», a expliqué Patrick Dury, le président du LCGB, sur les ondes de RTL.

Bettel ce jeudi devant la Chambre

Le Premier ministre, Xavier Bettel, va présenter ce jeudi après-midi devant la Chambre des députés les mesures finalement retenues par le gouvernement.