L’institut national en charge des prévisions économiques a présenté, vendredi, aux députés de la commission «tripartite» l’impact du «paquet de solidarité 2.0». La prudence reste de mise.
L’enveloppe considérable de 1,1 milliard d’euros que le gouvernement va débloquer pour financer les mesures décidées par la tripartite a pour objectif prioritaire de freiner l’inflation. Mais le «paquet de solidarité 2.0» signé mercredi sera-t-il vraiment suffisant ? Selon la ministre des Finances, Yuriko Backes, les calculs du Statec misent sur une réduction de l’inflation de quatre points de pour cent.
Vendredi, le directeur du Statec, Serge Allegrezza, accompagné de Tom Haas, le responsable de l’unité Modélisation et prévisions, se sont présentés devant les députés de la commission spéciale «tripartite», appelée à ficeler les projets de loi qui doivent mettre en œuvre les mesures du paquet d’aides, dont le plafonnement de la hausse des prix du gaz, le gel des prix de l’électricité et la subvention des prix du mazout.
La présentation du Statec permet d’y voir un peu plus clair sur l’impact des mesures décidées par le gouvernement et les partenaires sociaux. L’inflation est censée baisser – dans le scénario central – de 6,6 % à 6,2 % (-0,4 point) pour cette année 2022. L’effet du paquet tripartite ne se fera ressentir qu’en 2023 avec une inflation qui doit être ramenée de 6,6 % à 2,8 % (-3,8 points).
Cette double baisse de l’inflation doit avoir pour effet de freiner la cascade d’index qui, sans intervention étatique, était susceptible d’atteindre le versement de cinq tranches indiciaires, soit à chaque fois 2,5 % de revalorisation des salaires et pensions, entre fin 2022 et fin septembre 2023. Désormais, le Statec table sur uniquement deux tranches, en février (régulière) et avril 2023 (index reporté de juin 2022).
Les doutes du patronat sur l’index
La Chambre de commerce se montre néanmoins plus pessimiste. Dans un communiqué diffusé mercredi, elle estime que le déclenchement d’une troisième tranche «ne fait quasiment plus de doute». En raison d’une décélération moins importante (6,4 % en 2022, 3,9 % en 2023), un index serait dû «vers la fin du troisième ou le début du quatrième trimestre 2023».
Pour rappel, le gouvernement s’est engagé à «à compenser entièrement l’impact» d’une troisième tranche indiciaire en 2023 «sur les salaires des entreprises». Il reste toutefois à savoir quelle forme prendra cette compensation et ce qu’entend le gouvernement par «entièrement». A priori, seuls les mois entre le déclenchement de l’index et la fin de l’année 2023 seront pris en charge par l’État, soit seulement une partie des 800 millions d’euros que coûte un index sur douze mois.
Un accord tripartite, plusieurs bémols
Le Statec énonce en parallèle une série d’«incertitudes» et de «risques» qui pourraient réduire à néant les prévisions actuelles. En premier lieu, il y a un doute sur la «transmission effective de la baisse de la TVA» sur les consommateurs. Dans l’accord tripartite, le gouvernement et l’association patronale UEL appellent les entreprises à «pleinement répercuter cette baisse de la TVA sur les prix des produits et services de façon à déployer pleinement son effet de freinage de l’inflation».
D’autres points d’inquiétude sont la hausse des taux d’intérêt directeurs, la perturbation à plus long terme des chaînes d’approvisionnement et, au pire, une récession, qui ne serait pas à exclure.
Une aide pour les pellets
finalement actée dans l’accord
L’accord de principe conclu par la tripartite ne prévoyait aucune aide pour soutenir les ménages qui ont opté pour une chaudière à pellets. Le tir a finalement été rectifié. L’accord définitif prévoit bien un paragraphe actant la «mise en place d’une mesure pour atténuer les hausses des prix des pellets». Il est précisé dans ce même paragraphe que cette source d’énergie connaît une «envolée des prix en raison de la demande élevée de pellets et de la rareté des énergies fossiles». Selon les chiffres avancés, le prix des pellets a doublé, voire triplé, au cours des derniers mois. Est annoncé le passage de 200 à 250 euros la tonne à une fourchette située entre 500 et 600 euros. L’accord ne précise cependant en rien à quoi va ressembler cette aide. Devant les députés, vendredi, le Statec a évoqué des «subsides».