Le Premier ministre a proposé, hier, en ouverture de la tripartite, une première «mesure d’aide directe». Le financement reste à clarifier. Des ténors du LSAP plaident pour une levée du plafonnement de la dette publique.
Un peu plus de cinq mois après l’échec partiel de la tripartite qui s’est tenue fin mars, le gouvernement, les syndicats et le patronat se sont retrouvés hier au château de Senningen pour un marathon de négociations crucial. «Nous vivons dans un autre monde par rapport au printemps», a fait savoir en semaine le Premier ministre, Xavier Bettel. En effet, la situation socioéconomique s’est nettement aggravée. L’explosion généralisée des prix, avec en tête les tarifs pour l’énergie, pèse lourdement sur les ménages, mais aussi sur les entreprises.
L’enjeu majeur de cette deuxième tripartite de l’année est de ficeler un nouveau paquet d’aides comprenant des mesures ciblées et rapidement applicables. Le premier tour de table a commencé à 14 h. «Le pays, les gens et les entreprises ont besoin d’un dialogue social ouvert et constructif», a tweeté le Premier ministre. «En ces temps difficiles, il importe de rester unis et de trouver des solutions dans l’intérêt de notre pays, de nos citoyens, des salariés et des entreprises», a pour sa part avancé le ministre du Travail et de l’Emploi, Georges Engel, également sur Twitter.
Aux alentours de 22 h, hier soir, le chef du gouvernement a informé que la première journée de tractations s’était achevée. «Nous avons profité du premier jour de la tripartite pour mener des pourparlers constructifs et effectuer une analyse commune de la situation.» Encore une fois, c’est par le biais des réseaux sociaux que Xavier Bettel a annoncé que «la priorité du gouvernement est d’agir sur l’inflation».
Bettel se dit «déterminé»
Comme prévu, le Premier ministre, entouré notamment par les ministres des Finances, de l’Économie ou de l’Énergie, a soumis aux partenaires sociaux une première série de propositions. Un des objectifs serait de «garder au plus bas les coûts de l’énergie pour les citoyens et les entreprises». Dans ce contexte, Xavier Bettel confirme son idée de plafonner les prix du gaz et de l’électricité, mise en perspective dès mercredi, à l’issue des réunions bipartites avec les syndicats et le patronat. «Cette mesure pourrait aider rapidement et directement les gens», poursuit le chef du gouvernement.
«Nous sommes déterminés à guider notre pays à travers ces temps incertains et allons, dans les jours à venir, poursuivre les négociations avec les partenaires sociaux», promet encore le Premier ministre.
La grande question demeure le financement des mesures qui seront prises. Après la crise sanitaire et un premier paquet d’aides «énergie», le budget de l’État présente un important déficit. Mercredi, Xavier Bettel a encore exclu de dépasser le seuil de la dette publique, fixé à 30 % du PIB. «On n’est cependant pas des fétichistes de l’épargne», avait ajouté le Premier ministre.
Le ministre Haagen à contresens
Hier, le LSAP et son ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen, ont jeté un premier grand pavé dans la mare. En réponse à un tweet d’Alex Bodry, un des ténors du Parti socialiste, l’ancien député-maire de Diekirch a clairement dit être d’accord avec le fait de faire sauter le verrou à l’échelle de la dette publique. «En ces temps extraordinaires, nous n’avons pas besoin de dogmatisme budgétaire», écrit l’élu nordiste. Dès samedi, Alex Bodry avait réclamé de lever le seuil de 30 %, qui serait un «objectif politique fait maison». «Le seul seuil contraignant pour les pays membres de l’UE est de 60 %. Des situations extraordinaires nécessitent aussi des efforts budgétaires extraordinaires et temporaires», clame l’actuel conseiller d’État sur Twitter.
Le député socialiste Mars Di Bartolomeo tend vers la même direction. «Il importe de ne laisser personne pour compte, coûte que coûte. Basta!», s’échauffe l’ancien ministre sur son compte Twitter. Début septembre, déi gréng, l’autre partenaire de coalition du DP de Xavier Bettel, avait aussi laissé entrevoir la possibilité de passer outre la limite des 30 % de dette publique. Selon un calcul effectué par nos confrères de RTL, l’État dispose encore d’une marge financière située entre 2,3 et 3,9 milliards d’euros avant d’atteindre le seuil inscrit dans l’accord de gouvernement.
Les tractations tripartites vont reprendre ce matin. Une troisième journée de négociations est prévue demain.
Manipuler les prix est une grande tentation de tout socialiste qui se respecte.
Comme un socialiste ne comprend rien à l’économie (sinon, il ne serait pas socialiste), il ignore que manjpuler les prix conduit toujours à la catastrophe. En effet, derrière la volonté « d’aider les plus démunis », il y a la réaction des acteurs. Exemple type: plafonner les loyers pour aider les pauvres à se loger. Que font les bailleurs si les loyers ne rapportent plus rien? Ils cessent 1) d’entretenir les biens 2) de construire. Résultat: les pauvres sont, soit mal logés, soit à la rue.
Si on plafonne les prix de l’énergie, cela veut dire que l’état va moins percevoir de taxes, ou pire, subventionner les prix en utilisant le budget de l’état. On est vite à des sommes énormes, payés par les contribuables (impôts et taxes) ou par leurs enfants (dette).