Au bout d’une nuit de réflexion, le Premier ministre espère convaincre dès ce mardi les syndicats et le patronat de ficeler la base d’un paquet d’aides. Des divergences demeurent toutefois.
Il est peu avant 21 h 30 hier soir au château de Senningen. Au bout de plus de dix heures de tractations, le Premier ministre, Xavier Bettel, sonne la fin du deuxième jour de la tripartite. Où en sont les pourparlers entre gouvernement, syndicats et patronat? «Aussi bien le gouvernement que les syndicats ont demandé un temps de réflexion pour analyser les propositions faites par le patronat», indique Xavier Bettel face à la presse. Est-il confiant quant au fait de boucler les tractations dès ce mardi? «Cela prendra le temps qu’il faudra. Car le but reste de trouver un accord à trois», reprend le Premier ministre. Suit alors la phrase décisive de la journée : «Pour moi, ce qui est important, c’est d’avoir un accord de principe pour demain (lire mardi).»
Très peu de détails sur le contenu des négociations ont filtré. Dimanche, Xavier Bettel s’était contenté d’annoncer que le gouvernement a proposé aux partenaires sociaux l’option d’un plafonnement des prix de l’énergie. Hier, le Statec est revenu à Senningen avec des calculs supplémentaires. Une autre base chiffrée est attendue pour le troisième jour de la tripartite, qui s’ouvre aujourd’hui en milieu de matinée. «D’autres calculs sur l’impact que peut avoir le frein des prix de l’énergie doivent être effectués. Le but est de réduire le plus possible l’inflation», explique le chef du gouvernement.
L’OGBL voit du bon, et du moins bon
Un effet en cascade est espéré. Des prix de l’énergie moins élevés seraient suivis d’une inflation plus mesurée, avec à la clé, le déclenchement de moins de tranches indiciaires dans les 12 mois à venir. Car, rappelons-le, le Statec prévoit dans le scénario le plus pessimiste une succession à très courte échéance de cinq index entre fin 2022 et fin septembre 2023. Mais quel serait le coût d’un tel plafonnement pour l’État? La question reste entièrement ouverte, tout comme celle de savoir si le gouvernement acceptera, ou sera amené à renoncer au fait de lever le seuil de la dette publique, fixé à 30 %, pour financer les mesures en cours de négociation.
Après le gouvernement, dimanche, il était, donc, hier, au tour des syndicats et du patronat de soumettre leurs propositions pour venir soutenir les salariés et les entreprises. Après le premier jour de tractations, le Premier ministre avait déjà laissé entrevoir des divergences de vue entre les deux camps. Même constat, tard hier soir, même si Xavier Bettel se dit «toujours optimiste». «Ce qui compte est de trouver un accord à trois. On ne veut pas signer un accord bipartite, mais bien un accord tripartite, dans lequel chacune des parties peut se retrouver. Je me répète, mais les gens sont inquiets. Il serait irresponsable de ne pas trouver d’accord. S’accorder à trois serait un signal fort pour la cohésion sociale.»
Les représentants de l’union luxembourgeoise des entreprises (UEL) sont restés muets, hier. Les syndicats LCGB et CGFP ont également préféré ne pas commenter les négociations en cours. Seule Nora Back, la présidente de l’OGBL, a lâché que «la situation change presque d’heure en heure. Un moment, on discute de choses tout à fait acceptables. Dans l’autre, on est confronté à tout autre chose.» Seul acquis : le front syndical tient, pour l’instant. Fin mars, l’OGBL avait été le seul partenaire social à ne pas signer le premier accord tripartite.
Un déplacement à New York et Tokyo
Après une nuit de réflexion, la tripartite va reprendre sur le coup de 10 h. «L’intérêt de l’économie et le maintien des emplois sont importants, mais il faut aussi aider les gens», avance le Premier ministre. Une phrase qui résume le fossé qui existe encore entre le camp patronal et syndical. Mais comme déjà énoncé, Xavier Bettel reste déterminé à «ficeler un paquet complet», comprenant des réponses sur l’index et des aides financières substantielles.
Le chef du gouvernement s’envolera mercredi matin pour New York où il assistera à l’Assemblée générale de l’ONU. Dimanche, il se rendra au Japon pour assister aux funérailles de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe. «J’atterris mercredi matin au Luxembourg. Je serais alors prêt à signer l’accord tripartite», clame-t-il. La condition est toutefois que de la fumée blanche s’échappe, au plus tard ce soir, au-dessus du château de Senningen.