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Tréntengerdall : attention, zones sous protection stricte 


Photo : Fabrizio Pizzolante

Le Tréntengerdall et ses 1 700 hectares de zone protégée d’intérêt national ne réjouit pas les exploitants et les propriétaires concernés. Le ministère ne s’arrêtera pas là et poursuit ses objectifs.

Une immense zone protégée d’intérêt national (ZPIN) de plus de 1 700 hectares doit s’étendre de Moutfort à Stadtbredimus en passant par Bous, Contern, Dalheim et surtout Waldbredimus où se concentrent près de 50 % du territoire désigné. Et parce que cette zone, le Tréntengerdall, qui reste au stade de projet, va jouir d’un nouveau statut, elle sera grevée de servitudes et de charges pour assurer la sauvegarde des habitats et des espèces, mais aussi la sauvegarde du paysage ou le bien-être de la population.

Sauf que pour l’instant, la population concernée n’est pas satisfaite du tout et elle l’a fait comprendre aux deux fonctionnaires envoyés au charbon pour présenter le projet lors de réunions publiques. La dernière en date (il y a en a eu deux au total) s’est déroulée à Bous le 8 novembre dernier devant 250 personnes environ, essentiellement des agriculteurs, quelques vignerons et surtout les propriétaires de ces terres et forêts, puisque la zone désignée leur appartient pour 75 %, selon l’hebdomadaire de la Centrale paysanne. Il y a les communes concernées, aussi, qui semblent découvrir le projet comme leurs administrés. Un manque de transparence qui passe mal aussi.

Plus de 27% du territoire en zones protégées

Les questions parlementaires se succèdent pour faire part du mécontentement des exploitants locaux et demander si le gouvernement sera sensible aux critiques. Du côté du CSV, on s’interroge aussi sur l’objectif des 30 % de la superficie du territoire à classer en zone protégée. Plus précisément, il s’agit d’apporter à ces zones une protection juridique, selon les objectifs de la stratégie biodiversité de l’UE à l’horizon 2030. Le Tréntengerdall en fait-il partie? Certainement.

Le plan national concernant la protection de la nature 2022-2030 est actuellement en révision et selon le projet disponible, il est relevé que 27,8 % du territoire du Luxembourg sont désignés en tant que zones protégées d’intérêt communautaire, autrement dit, les zones Natura2000 ou zones protégées d’intérêt national (ZPIN). «Pour atteindre les objectifs de la stratégie en faveur de la biodiversité de l’UE, le Luxembourg devra par conséquent encore désigner au moins 2,2 % supplémentaires du territoire par rapport à la situation actuelle», explique le ministère de l’Environnement qui a déjà identifié des zones prioritaires pour la conservation de la biodiversité. Le réseau Natura totalise 67 zones importantes pour la conservation des habitats et espèces d’intérêt communautaire.

La zone du Tréntengerdall est désignée, quant à elle, comme zone protégée d’intérêt national, donc «à très haute valeur avérée ou potentielle en matière de biodiversité». Elle nécessite une attention particulière et une protection «stricte et réglementairement contraignante».

10 % à atteindre

C’est bien ce qui effraie les agriculteurs, les arboriculteurs et les vignerons concernés par ce classement de 1 700 hectares. Ils craignent de ne plus pouvoir travailler comme avant, d’autant qu’ils estiment agir depuis bien longtemps pour la sauvegarde de leur environnement. Mais actuellement, seulement 4,2 % du territoire national sont protégés strictement sous forme de ZPIN. Il est prévu qu’une surface minimale d’un tiers des zones protégées se trouve sous protection stricte, équivalant à 10 % du territoire national.

D’ici 2026, le ministère de l’Environnement, selon son projet de nouveau plan national de protection de la nature, veut atteindre 7,5 % du territoire classé en ZPIN.

Jusqu’à l’expropriation ?

L’administration devra désigner 7 500 hectares supplémentaires de réserves forestières (10 000 hectares d’ici à 2030), 2 500 hectares supplémentaires de zones protégées «Milieux ouverts à haute valeur biologique», déclarer douze ZPIN «Cours d’eau» pour atteindre leur bon état écologique respectif et dix autres ZPIN sous forme de corridor écologique.

Il y aura encore de la contestation dans l’air, si les zones à venir suscitent autant de critiques. «Il ne s’agit pas de vous passer dessus avec un rouleau compresseur», a déclaré Gilles Biver, directeur des ressources naturelles, de l’eau et des forêts, devant le public à Bous. Les intéressés en doutent. Quatre députés CSV se font du souci aussi pour la propriété privée et se demandent si la démarche ira jusqu’à l’expropriation pour atteindre ces 30 % du territoire en zone protégée.

Un commentaire

  1. Je comprends la peur des gens mais assainir notre climat passera forcément par des mesures difficiles. Ce qui me dérange est que tout le monde je pense est d’accord avec cela mais que personne ne veut que ce soit chez soi. Moi je suis pour car cela signifie donner un avenir plus vert à nos enfants.