La mise en œuvre d’un itinéraire cyclable sécurisé entre le quartier de la Gare et la Ville-Haute nécessite des travaux, avenue de la Gare. Elle est chamboulée et les commerçants, parfois, aussi.
Finis les piétons qui traversent l’avenue de la Gare à Luxembourg pour passer d’une rive à l’autre pour aller jeter un œil sur la vitrine d’en face. Des clôtures de chantier empêchent le passage sur le côté gauche de l’avenue depuis la place de la Gare jusqu’à l’intersection avec la rue du Fort-Bourbon. Les places de stationnement ont disparu, les arbres aussi et les engins de chantier sont en place depuis la mi-mars maintenant. Les marteaux-piqueurs aussi, au grand dam des commerçants, qui ont hâte de voir les travaux s’achever.
«On est arrivé un matin et ils étaient en train d’attaquer les travaux! Nous n’étions pas au courant», réagit Emmanuelle, une employée du magasin de meubles et de décoration Maisons du monde. «Pour moi, ça va encore, je vais bientôt descendre pour travailler au sous-sol, mais ma collègue qui reste en caisse toute la journée doit supporter le bruit incessant», poursuit-elle. Et s’il n’y avait que le bruit…
Des réductions à cause du chantier
La baisse de fréquentation se fait ressentir. «Depuis trois semaines, c’est clair que les gens viennent moins au magasin, puisqu’il est difficile de se faire livrer et, surtout, de venir retirer les objets plus volumineux», explique-t-elle. Pour les livreurs, c’est tout un parcours. Ils doivent stationner en face et faire le tour de la clôture pour accéder au magasin. «Pour l’instant c’est la galère, et en plus on ne peut pas laisser les portes ouvertes à cause du bruit», dit-elle. Un ouvrier leur a dit que le chantier allait durer un an. Il était mal renseigné et mieux vaut s’adresser directement à la Ville de Luxembourg et à son médiateur des chantiers de la capitale.
Sur internet, il y a eu trace d’une réunion d’information qui a eu lieu le 7 mars pour les habitants du quartier de la Gare, et c’est après coup que certains commerçants y ont jeté un œil. Le chantier sera achevé le 12 mai, selon les prévisions. Les commerçants devront patienter encore un mois.
Sur les vitrines, il y a un peu partout des offres de réduction : 10% par-ci, 30% par-là. Mais elles ne sont pas toutes destinées à allécher les clients pendant les travaux. Chez la chaîne de vêtements CoolCat, par exemple, c’est la faillite annoncée. «Les magasins ferment en Belgique et aux Pays-Bas et nous allons suivre», annonce Steven, le gérant du magasin, seul à bord en attendant la fermeture définitive du magasin. «Les travaux n’arrangent pas les affaires, j’avais des chiffres positifs avant le chantier, mais depuis, je suis tombé dans le négatif», confie-t-il. Il y a une semaine, la chaîne a informé de la fermeture de ses 17 magasins en Belgique et a introduit une demande en faillite devant le tribunal de Bruxelles. Pour l’avenue de la Gare, c’est une nouvelle enseigne qui disparaît.
Si le chantier doit s’achever le 12 mai avenue de la Gare, il débutera dès le lendemain avenue de la Liberté, pour le tronçon allant de la place de Paris à la place de la Gare. Cette fois, c’est pour le passage du tram que tout sera chamboulé. Le magasin Chaussures Léon a clairement joué sur le préventif et offre 20% de réduction depuis le 6 avril jusqu’au 20 avril. «À cause des travaux», dit sa promo sur les réseaux sociaux. «Les responsables de la Ville ont dit qu’ils allaient tout faire pour que le magasin reste accessible», déclare Maria, la gérante, qui ne semble pas très inquiète.
«On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de place de stationnement dans le quartier. Le plus proche, c’est le parking du Plaza, dans la rue Joseph-Junck, et c’est juste à côté», indique-t-elle. Oui, à quelques dizaines de mètres de là. «Et il y a toujours de la place», poursuit-elle. Si le parking de la rue du Fort-Neipperg est en travaux jusqu’à la fin de l’année, il reste encore le Nobilis, le Martyrs et le grand parking des CFL dans les environs immédiats.
Puis il faudra espérer que les clients viennent faire leurs emplettes à vélo, car c’est pour eux que l’avenue de la Gare est en travaux. Puis en tram, une fois que l’avenue de la Liberté sera opérationnelle. Le but, c’est vraiment d’attirer moins de voitures dans la capitale.
Geneviève Montaigu